L’Apple Vision Pro avance à l’aveugle sur le marché

En fait. Depuis le 12 juillet, le casque de réalité mixte d’Apple, le Vision Pro, est disponible en France après des précommandes qui avaient débuté le 28 juin. En Europe, l’Allemagne et le Royaume-Uni sont aussi concernés. « Engouement extraordinaire » (dixit le PDG Tim Cook). Or les ventes sont décevantes.

En clair. « L’Apple Vision Pro suscite un engouement extraordinaire », avait affirmé le 10 juin dernier Tim Cook, le PDG de la firme de Cupertino, lors de l’annonce du calendrier des précommandes et des disponibilités du casque de réalité mixe à la pomme dans de nouveaux pays dans le monde (1), dont la France, l’Allemagne ou encore le Royaume-Unis. Le patron d’Apple a-t-il menti par excès d’enthousiasme ? Apparemment oui, puisque les ventes de son casque d’« informatique spatiale » sont à la peine. Les chiffres et les prévisions que le cabinet d’études IDC a livrés à l’agence de presse Bloomberg le 11 juillet ont fait le tour du monde : « Les ventes du Vision Pro d’Apple ne dépasseront pas 500.000 unités cette année », alors que « les ventes aux Etats-Unis de ce coûteux casque [3.499 dollars, ndlr] devraient chuter » (2).

Kin Cheung est le nouveau président de Twitter France, vrai responsable avec Laurence O’Brien

La filiale française de Twitter a plus de 10 ans. Après le départ de son « Country Manager » Damien Viel fin 2022, Laurent Buanec lui a succédé. Mais les vrais patrons de Twitter France sont en fait Kin Cheung, son président, et Laurence O’Brien, son directeur général depuis 2015. Alors que la maison mère Twitter Inc., rachetée par le milliardaire investisseur Elon Musk en octobre 2022 pour 44 milliards de dollars, a été le 4 avril dernier fusionnée dans la société X Corp., elle-même détenue par X Holding Corp (1), la filiale française a de son côté une nouvelle équipe dirigeante. Edition Multimédi@ a constaté que, depuis le 28 février, l’Américain Kin Cheung (proche de la cinquantaine) a remplacé son compatriote Kevin Cope à la présidence de la Twitter France où ce dernier avait été nommé il y a trois ans (2). Dublin et Londres chapeautent Paris Kin Fai Cheung – basé, lui, à Londres – se retrouve ainsi le numéro un de la filiale française de l’oiseau bleu – située, elle, rue de la Paix à Paris. Sa nomination a été déposée au greffe du tribunal de commerce de Paris et publiée au Bodacc (3) le 9 mars dernier (4). Reportant directement au siège mondial à San Francisco où la plateforme de microblogging aux gazouillis a été créée il y a 17 ans par Jack Dorsey (qui l’a dirigée jusqu’en novembre 2021 et dont il a gardé 2,4 % du capital), Kin Cheung est secondé par le directeur général à ce poste depuis en juillet 2015, l’Irlandais Laurence O’Brien (photo), qui est situé, quant à lui, au siège européen de Twitter à Dublin en Irlande. Laurence O’Brien va d’ailleurs fêter le 7 mai prochain ses 10 ans chez Twitter où il est entré en tant que responsable financier au siège fiscal européen à Dublin (chez Twitter International Unlimited Company, ou TIUC, sise Cumberland Place, Fenian Street), tout en étant rattaché à la filiale britannique opérationnelle à Londres (Twitter UK Ltd, sise Air Street). Kin Cheung dirige cette filiale britannique et a aussi pris les fonctions de président de la filiale française. Basé à Londres, Kin Cheung a en outre été nommé en février directeur de deux autres filiales britanniques de Twitter : Magic Pony Technology, société spécialisée dans l’apprentissage automatique (5) pour améliorer la qualité vidéo et acquise en 2016 par l’oiseau bleu pour 150 millions de dollars ; Fabula AI, une startup d’intelligence artificielle conçue pour lutter contre les fake news grâce à de l’« apprentissage profond géométrique » (6) et rachetée par Twitter en 2019 (montant non divulgué) afin de tenter de ne plus diffuser de la désinformation. Alors même qu’Elon Musk n’a pas encore annoncé de successeur et demeure PDG de Twitter devenu X Corp, soit quatre mois après avoir pourtant affirmé le 20 décembre 2022 vouloir quitter ce poste après avoir nommé un successeur, l’oiseau en Europe change de têtes pour ses filiales parisienne et londonienne. La mainmise du multimilliardaire Elon Musk (7) sur Twitter en octobre dernier a aussitôt été suivie par la suppression d’environ 3.700 emplois dans le monde. Le siège de Dublin a aussi été touché, d’après Bloomberg (8). En France, où l’oiseau bleu compte alors 5,9 millions de visiteurs uniques par jour selon Médiamétrie (en février 2023), l’Arcom s’est inquiétée de cette saignée dans les effectifs touchant aussi les équipes de la modération des contenus et l’a fait savoir le 21 novembre 2022 à Dublin. Pris entre le marteau et l’enclume, le « Country Manager » de Twitter France alors en place, Damien Viel, avait annoncé la veille – dans un tweet (9) – son départ. Devant le tribunal correction de Versailles en janvier 2022, où il avait comparu pour « refus de répondre à une réquisition du procureur » et « complicité d’injure publique » après deux tweets injurieux d’anonymes non-identifiés (10), il avait fait valoir sa responsabilité limitée de « Country Manager ». Il a été relaxé en mars 2022 et Laurent Buanec lui a succédé en décembre. La responsabilité incombe à TIUC à Dublin, où se trouve, on l’a vu, le « vrai » directeur général de Twitter France – l’Irlandais Laurence O’Brien – censé transmettre à la justice française les demandes d’information au pénal. D’après les derniers résultats de Twitter France, société par actions simplifiée (SAS) créée il y a environ dix ans, le chiffre d’affaires – provenant essentiellement de la publicité en ligne – était de 12,9 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2021, en hausse de près de 10 % sur un an, pour une rentabilité nette de 678.000 euros. Optimisations fiscales jusqu’au Delaware Mais pour des raisons d’optimisation filiale, grâce à l’attractivité de l’Irlande, Twitter France – comme ses sociétés sœurs européennes Twitter UK, Twitter Germany, Twitter Netherlands et Twitter Spain – fait remonter du cash à Dublin justifié par diverses prestations apportées par la maison mère TIUC. Cette société irlandaise, d’après les derniers résultats connus, a fait état d’un chiffre d’affaires 2020 de plus de 1,1 milliard d’euros pour un résultat opérationnel de 169 millions d’euros (deux lignes comptables en baisse). L’optimisation fiscale se poursuit aux Etats-Unis, au sein d’une holding baptisée Lorikeet et située dans l’Etat du Delaware, réputé fiscalement mieux disant lui aussi. @

Charles de Laubier

Mis à part Google et YouTube, le groupe Alphabet va-t-il gagner de l’argent avec ses « autres paris » ?

« Other bets » : ce sont les investissements d’Alphabet dans d’autres domaines d’innovation que les services de Google (YouTube compris). Si leur revenus sont embryonnaires, ils s’acheminent petit à petit vers le milliard de dollars de chiffre d’affaires. Mais leur déficit est encore abyssal.

« Alphabet est un ensemble d’entreprises – dont la plus grande est Google – que nous déclarons sous deux segments : Google Services et Google Cloud. Nous déclarons toutes les entreprises non- Google collectivement en tant qu’”autres paris”. Ces other bets comprennent des technologies à un stade plus précoce, qui sont plus éloignées de notre cœur de métier Google. Nous adoptons une vision à long terme et gérons le portefeuille des “autres paris” avec la discipline et la rigueur nécessaires pour générer des rendements à long terme », assure la maison mère de Google, dirigée par Sundar Pichai (photo) depuis décembre 2019.

Ventes d’ebooks : secret bien gardé des éditeurs

En fait. Le 25 juin, le Syndicat national de l’édition (SNE) a tenu en visioconférence son Assemblée générale. Président depuis 2012, Vincent Montagne a été réélu pour deux ans. Pour les chiffres 2019 du marché français, il faudra attendre septembre. Les livres numériques, eux, semblent inexistants chez les éditeurs.

En clair. « Du fait de la crise sanitaire, les chiffres consolidés de l’édition 2019 ne seront pas disponibles avant septembre, mais les premières tendances révèlent une croissance du chiffre d’affaires des éditeurs de 5,5 % par rapport à 2018, tirée par les livres scolaires et la BD (+1,6 % hors scolaire). Cet élan significatif en regard des années précédentes [notamment par rapport au recul de 4,3 % en 2018, à 2,6 milliards d’euros, ndlr] a été brisé net du fait du confinement et de la fermeture des librairies de mars à juin laissant présager une année 2020 bien moins encourageante », a prévenu le Syndicat national de l’édition (SNE), lequel organise le salon Livre Paris (1).
Mais aucune indication n’est donnée sur les ventes de livres numériques qui progressent d’année en année (+ 5,1 % en 2018, à 212,6 millions d’euros), d’autant qu’il aurait été intéressant d’avoir une tendance sur les ebooks à l’issue de deux mois de confinement (2). Dans son classement annuel de l’édition française, le 24e du genre publié dans son numéro du 19 juin dernier, Livres Hebdo ne fait pas plus grand cas du livre numérique. Aucune donnée chiffrée sur les ebooks ne ressort non plus de cette étude réalisée par le consultant autrichien Rüdiger Wischenbart (RWCC). Contacté par Edition Multimédi@, ce dernier nous confirme l’absence d’informations sur les ventes d’ebooks. « Malheureusement, ni notre classement ni nos autres rapports ne contiennent ces chiffres, qui sont gardés par les éditeurs comme des secrets de guerre ! ». Pourtant édité par le gestionnaire de base de données bibliographiques Electre, filiale du Cercle de la librairie, Livres Hebdo n’a pas plus lui-même accès à ces données qui sont décidément bien verrouillés par les maisons d’édition. Le magazine professionnel ne publie donc que les chiffres que lui fournit RWCC. Chez Electre, un contact nous confirme que « Livres Hebdo ne fait plus rien concernant un bilan des ventes de livres numériques, car il est toujours très difficile à évaluer faute de sources et d’outil d’évaluation fiables, Amazon opposant une résistance efficace à toutes tentatives en ce sens ». Exception qui confirme la règle : seul le numéro un français de l’édition, Hachette Livre (filiale du groupe Lagardère), révèle que les ventes d’ebooks pèsent 7,7 % de son chiffre d’affaires global qui dépasse l’an dernier les 2,3milliards d’euros. @

L’éclatement possible de la bulle des start-up pourrait être salvateur pour l’innovation

La crise historique pourrait provoquer l’éclatement de la bulle des start-up. Beaucoup d’entre elles brûlent du cash sans encore générer de chiffre d’affaires. Sans argent frais ni débouché, c’est asphyxie. La spéculation sur l’hypercroissance de l’innovation a ses limites, surtout lorsque les fonds sont publics.

L’année 2020 sera-t-elle celle de l’éclatement de la « bulle start-up » comme l’année 2000 fut celle de l’éclatement de la « bulle Internet » ? La question mérite d’être posée, tant la crise sanitaire sans précédent que nous traversons crée une récession économique et financière qui pourrait être fatale à bon nombre start-up biberonnées à l’argent frais et au crédit d’impôt. La Grande-Bretagne, jusqu’alors paradis – s’il en est – des start-up des technologies et des sciences de la vie, a lancé le 20 avril dernier un plan d’aide à ses jeunes pousses d’un montant de près de 1,5 milliard d’euros (1).