Télévision de rattrapage : les producteurs de cinéma s’apprêtent à renégocier avec Orange

Les organisations du cinéma français doivent rencontrer avant fin septembre France Télécom pour renégocier leur accord sur la catch-up TV, lequel arrivera
à son terme en novembre prochain – deux ans après sa signature le 10 novembre 2009. Le sort des mobinautes sera au cœur des discussions.

Selon nos informations, c’est fin septembre que les organisations du cinéma français
– le Bloc (1), l’ARP (2) et le Blic (3) – engagent de nouvelles négociations sur la
télévision de rattrapage avec France Télécom. Le premier accord, en vigueur depuis
le 10 novembre 2009, avait été signé pour deux ans, dans le cadre des engagements d’investissement d’Orange Cinéma Séries dans le cinéma français. Bien que les obligations de France Télécom visà- vis du Septième Art aient été signées sur cinq ans (jusqu’en décembre 2013), l’accord sur la télévision de rattrapage avait été limité à deux ans (jusqu’en novembre 2011).

Contenus dans les nuages

Depuis la nuit des temps, il n’est pas de fête qui se respecte sans musique. Vérité immuable, alors même que les moyens techniques permettant à nos ados d’animer leurs soirées n’en finissent pas de muter : du vinyle et son pick-up des années 1960 à la K7 et son Walkman, en passant par le CD et son lecteur, jusqu’aux fichiers MP3 téléchargés sur PC qui permettaient, au tournant des années 2000, de faire défiler des playlists tout au long de la nuit. En 2010, il suffisait d’un quelconque terminal mobile pour « streamer » – par la magie du Cloud – un choix de musiques apparemment infini. Pourtant, l’informatique en nuage est sans doute presque aussi ancienne que l’Internet, puisque la virtualisation à la base du « cloud computing » remonte aux années 1960. Elle consiste à mutualiser sur un même serveur des applications tournant sur des machines différentes. Les hébergeurs et les fournisseurs de services d’applications (ou Application Service Providers) nous ont peu à peu accoutumés à ce nouvel âge de la révolution numérique, en commençant tout d’abord par quelques applicationsphares comme les services de messagerie. Si nous avions encore l’habitude d’archiver sur nos PC des contenus téléchargés auprès de pionniers comme Kazaa, Napster ou encore eMule, les usages précurseurs étaient pourtant déjà là : pourquoi continuer à stocker des fichiers sur son disque dur quand on pouvait y accéder rapidement, à tout moment et d’un seul clic ?

« Le Cloud permet de rechercher dans de larges catalogues, de stocker à distance et d’écouter en streaming : où que l’on soit, sur le terminal de son choix ».

Marc Tessier, Vidéo Futur : « Le délai de quatre mois après la salle est trop long pour certains films »

Le président du groupe Vidéo Futur Entertainment, Marc Tessier, président du Syndicat des éditeurs de vidéo à la demande (Sévàd), ancien PDG de France Télévisions et ancien DG de Canal+, explique à Edition Multimédi@ pourquoi
il croit au décollage de la VOD cette année.

Propos recueillis par Charles de Laubier

Edition Multimédi@ : La vidéo sur Internet explose. Pourtant, la VOD, elle, décolle très lentement pour atteindre en 2010 les 135 millions d’euros de ventes.
Et ils sont seulement 4,2 millions en France à avoir visionné de la VOD sur 38 millions d’internautes. Comment expliquez-vous ce lent décollage de la VOD ? Marc Tessier (photo) :
Les statistiques concernant la
VAD [vidéo à la demande, ndlr] donnent lieu à deux réactions diamétralement opposées : déception quant au niveau en valeur absolue, encore faible, ou, au contraire, satisfaction de voir les chiffres doubler d’une année à l’autre, sans pour autant que le marché du DVD n’en soit trop affecté…
Le verre à moitié vide ou à moitié plein, en quelque sorte. Dans les faits, l’essor de la
VAD s’inscrit dans le mouvement plus large, qualifié de « délinéarisation » de l’offre audiovisuelle. Les nouveaux usages VAD (catch up TV gratuite ou payante, web TV reprise sur YouTube ou Dailymotion, …) se concurrencent, notamment sur la gratuité
ou sur le principe d’un paiement, tout en s’épaulant mutuellement.
C’est pourquoi, je parierais plutôt sur un décollage de la VAD dès cette année. Mais à deux conditions : une efficacité accrue de la lutte contre le piratage, notamment celui
des plateformes illégales « off shore » faute d’un accord international sur le droit de suite, et une meilleure mise en place des offres disponibles via Internet.

Les exclusivités de Canal+ sur la fibre et la catch up TV restent dans le collimateur

Après trois ans d’instruction, l’Autorité de la concurrence a rendu, le 16 novembre 2010, sa décision de poursuivre l’instruction sur des exclusivités pratiquées par le groupe Canal Plus sur le marché de la télévision payante où
il est en position dominante.

Par Katia Duhamel, avocat, cabinet Bird & Bird

Aucune décision définitive, a fortiori, de sanction n’est prononcée à l’encontre de Canal Plus. Cette décision
d’« étape » permet cependant à l’Autorité de la concurrence, d’une part, de poursuivre ses investigations sur les pratiques
de Canal en matière de distribution de programmes sur la
fibre optique et de télévision de rattrapage, et, d’autre part,
de préciser le champ de l’instruction notamment en écartant les accords signés avec TF1 et M6 qui avaient été validées dans le cadre de l’opération de concentration Canal Plus/TPS autorisée le 30 août 2006 par le ministre de l’Economie (1).

Même vague multimédia aux Mipcom et MipTV

En fait. Le 8 octobre, le 26e marché international des programmes audiovisuels
– Mipcom – a fermé ses portes à Cannes après une petite semaine d’immersion dans le futur de la TV connectée mais aussi dans l’émergence d’un marché mondial des contenus multimédia via tous les autres écrans, mobiles compris.

En clair. Le Mipcom de cette année préfigure le MipTV de l’an prochain. Ces deux
salons mondiaux jumeaux – qui se tiennent chaque année à Cannes – sont organisés
à six mois d’intervalle par le groupe anglo-néerlando-américain Reed Elsevier. Ces deux foires aux programmes audiovisuels attirent chacun plus de 12.000 visiteurs et plus de 1.500 exposants sur plus de 20.000 mètres carrés. Jusqu’alors très centrées sur le commerce de programmes pour le seul écran de télévision, ces deux grand-messes ont pris le tournant de la convergence. A tel point que les autres écrans – ordinateurs, mobiles, tablettes, etc – y ont pris une place grandissante et que les deux manifestations se ressemblent plus que jamais. Les séries et leurs « saisons » se déclinent sur tous les écrans interactifs. La télévision interactive dans toutes ses dimensions s’invite aux deux manifestations. Internet et les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, YouTube, …) sont de plus en plus pris en compte dans les stratégies multi-plateformes des chaînes et des diffuseurs audiovisuels. Faut-il fusionner pour autant le Mipcom et le MipTV ? «Non», répond Mike Williams, porte-parole de Reed Midem, à Edition Multimédi@ : « Le Mipcom en automne et le MipTV au printemps sont tous les deux les plus grand marchés mondiaux de la télévision, où les chaînes achètent leurs programmes. En raison du calendrier de la production aux Etats-Unis, il y a plus de nouveaux ‘pilotes’ [nouveautés audiovisuelles, ndlr] de séries américaines au Mipcom. Tandis qu’au MipTV, les “formats” [programmes de télévision déclinables dans différents pays, ndlr] sont très en vue et de plus en plus de sociétés travaillent avec les applications mobiles, Internet et la TV connectée », explique-t-il. Le PDG du Reed Midem, Paul Zilk, a annoncé le 7 octobre un partenariat avec le GSMA – qui représente 800 opérateurs mobile dans le monde – pour lancement d’un « Connected Creativity Forum » lors du prochain MipTV justement (1).
« A l’ère du multitasking où l’on regarde la télé tout en partageant son avis sur les divers réseaux sociaux, les chaînes déploient de nouveaux contenus transmédias pour développer leur audience auprès des jeunes téléspectateurs », a constaté Eurodata TV Worldwide, organisme international créé par Médiamétrie (2). « Twittersodes » (épisodes via Twitter), web reportage ou encore blog sont appelés en renfort pour maintenir, voire accroître l’audience, laquelle a tendance à s’éroder à l’antenne. @