Le géant du e-commerce Amazon, fondé par Jeff Bezos, fête ses 30 ans et la 10e édition de ses « Prime Day »

C’est la fête à Amazon ! Créé dans un garage près de Seattle le 5 juillet 1994 par Jeff Bezos – proche de redevenir la personne la plus riche du monde –, le site web de vente en ligne Amazon a 30 ans. Devenu le numéro mondial du e-commerce, « Amazon.com, Inc. », coté en Bourse depuis 1997, s’est largement diversifié.

Cela fait trois ans ce 5 juillet que Jeff Bezos (photo) – né Jeffrey Preston Jorgensen (60 ans cette année) et adopté à l’âge de quatre ans par un émigré cubain (Miguel Bezos), avec lequel sa mère s’était remariée – a passé en 2021 les rênes de son empire Amazon à Andy Jassy. Celui-ci est depuis lors le second directeur général en 30 ans d’existence du site Internet de commerce en ligne, devenu un géant diversifié du numérique. C’est justement aussi ce 5 juillet que la firme au sourire – s’étirant de la lettre A au Z de son logo officiel depuis l’année 2000 – fête sa création par Jeff Bezos, le 5 juillet 1994, dans le garage d’une maison louée à Bellevue dans la banlieue de Seattle (Etat de Washington). Après avoir travaillé dans successivement une fintech (Fitel), une banque (Bankers Trust) puis un fonds spéculatif (D. E. Shaw & Co), le jeune ingénieur – diplômé huit ans plus tôt de l’université de Princeton (1986) – décide de cofonder avec sa femme MacKenzie Scott (rencontrée lors de son dernier emploi) une librairie en ligne pour vendre des livres.

De « plus grande librairie » à n°1 du e-commerce et diversifié
Son entreprise s’appelle d’abord « Cadabra » mais, certains comprenant « cadavre », il la rebaptise quelques mois après « Amazon », du nom du plus grand fleuve mondial qu’est l’Amazone (« Amazon » en anglais) en Amérique du Sud, correspondant bien à son ambition d’en faire « la plus grande librairie du monde ». Et en commençant par un « A », Amazon se retrouve en haut des listes de sites web ! Le site web Amazon.com est lancé un an après, le 16 juillet 1995. Le mois suivant, le président Jeff Bezos annonce la couleur : « World’s Largest Bookseller Opens on the Web ». Entre les disques compacts, le matériel informatique, les logiciels informatiques, les vidéos et les livres, le pionnier du e-commerce choisit d’abord de vendre des livres, en raison du très grand nombre de titres disponibles et de leurs prix modiques. Bingo ! Les ventes en ligne s’envolent. Il faut investir massivement pour faire face à la demande : moins de deux ans après le lancement d’Amazon.com, la société entre en Bourse, le 15 mai 1997, à 18 dollars l’action, sous le symbole « AMZN ». Elle est aujourd’hui à à 197 dollars (au 04-07-24), son plus haut niveau historique. Soit 1.094 % de croissance en Continuer la lecture

L’industrie du livre est appelée à mieux rémunérer les auteurs à l’ère du numérique et de l’IA

Le Syndicat national de l’édition (SNE) a tenu le 27 juin 2024 son assemblée générale annuelle. L’industrie du livre dans les Vingt-sept, dont la France, va passer sous les fourches caudines de la Commission européenne qui a lancé – via sa DG Connect – une enquête sur les contrats d’auteur.

Ce n’est pas anodin à l’ère du numérique et en pleine déferlante de l’intelligence artificielle : la DG Connect – direction générale des réseaux de communication, du contenu et de la technologie de la Commission européenne – a lancé jusqu’au 21 juin dernier une « enquête sur les pratiques contractuelles touchant le transfert du droit d’auteur et des droits voisins ». Si cette démarche porte sur le secteur de la création et de la culture en général au regard des artistes, elle concerne en particulier les maisons d’édition et leurs contrats avec les auteurs. Cette enquête menée en ligne s’est adressée d’abord directement aux auteurs et aux artistes des industries culturelles et créatives en Europe. Mais leurs organisations professionnelles et représentatives (1) ont pu y répondre aussi. L’objectif de cette étude est notamment de « recueillir des données et des preuves concernant les arrangements contractuels liés au transfert du droit d’auteur ou des droits voisins, et évaluer leurs effets, en particulier sur la capacité des créateurs à recevoir une rémunération équitable et la capacité des producteurs à utiliser efficacement leurs droits à long termes ». Les contrats d’édition posent problèmes et le partage de la valeur entre les éditeurs de livres et les auteurs laisse à désirer.

Papier, ebook, audio, streaming, IA, …
A l’occasion du troisième anniversaire de l’entrée en vigueur de la directive européenne « Droit d’auteur et droits voisins dans le marché unique numérique » de 2019, le Conseil des écrivains européens – European Writers’ Council (EWC) basé à Bruxelles – a publié début juin un rapport sur « les clauses contractuelles dans les accords d’édition dans le secteur du livre européen ». Conclusion de l’écrivaine allemande Nina George (photo), présidente d’honneur de l’EWC : « La transparence est l’engagement nécessaire pour l’équité ». Connue dans le monde entier comme l’auteure de « The Little Paris Bookshop », un best-seller international, Nina George – qui est aussi journaliste – rappelle que « la chaîne de valeur commence toujours par l’auteur et son manuscrit original, sans lequel il ne peut y avoir de publication ». Le manuscrit est le fondement de l’industrie du livre. Pourtant, souligne-t-elle à l’attention notamment des maisons d’édition qui contractualisent avec les auteurs : « Contrairement à un écrivain, les employés et les sous-traitants reçoivent un salaire fixe ou des honoraires liés au rendement, tandis que l’écrivain n’est jamais payé pour son travail. L’auteur ne reçoit qu’une part financière des revenus liés à l’utilisation […], entre Continuer la lecture

Youboox fête ses 10 ans de lecture en streaming et envisage une nouvelle levée de fonds en fin d’année

Cofondée le 22 juillet 2011 par Hélène Mérillon, la société Youboox – éditrice de la plateforme de lecture en streaming par abonnement lancée en mars 2012 – se développe en révolutionnant le monde du livre. Le « Netflix de l’écrit », mais aussi du livre audio, affirme être rentable et envisage une troisième levée de fonds.

« Notre modèle économique n’a pas changé depuis la création de la société, mais nous avons développé nos offres via plusieurs canaux de distribution : d’abord en nous appuyant sur de grand partenaires B2B comme les opérateurs télécoms SFR et Free [ainsi qu’Orange Belgique et Orange Tunisie, ndlr], les groupes hôteliers comme Accor, ou des compagnies aériennes comme Air France, puis en accélérant nos investissements marketing digitaux en B2C », indique à Edition Multimédi@ Hélène Mérillon (photo), présidente de Youboox. Aujourd’hui, avec un catalogue disponible en streaming illimité de 400.000 contenus provenant de 1.500 éditeurs (ebooks, livres audios, bandes dessinées, quotidiens, magazines, guides de voyages, guides pratiques, …), Youboox revendique 2,5 millions d’utilisateurs francophones partout dans le monde. Avec une gratuité sur les trente premiers jours (1), les deux offres d’abonnement mensuel (l’une classique à 7,99 euros mais restreinte aux ebooks et aux BD, et l’autre à 11,99 euros avec livres audio et presse compris) ont séduit à ce jour plus d’un demi-million d’abonnés payants. Pour le prix d’un livre de poche, le lecteur peut s’offrir « un buffet littéraire à volonté » (dixit Orange Belgique) et un kiosque à journaux illimité.

Barre des 10 millions d’euros de chiffre d’affaire
« Nous connaissons une croissance à deux chiffres sur le chiffre d’affaires “abonnement” depuis trois ans et nous sommes rentables depuis deux ans », nous assure Hélène Mérillon, qui ne dévoile cependant pas les montants financiers. Selon nos estimations, Youboox a franchi en 2020 – et pour la première fois – la barre des 10 millions d’euros de chiffre d’affaires. Et ce, comparé à l’année 2017 dont les résultats sont les derniers connus, à savoir 8,6 millions d’euros de ventes et 470.000 euros de perte nette. Elle nous indique néanmoins que « la société – toujours indépendante (fondateurs et management étant majoritaires) – n’a pas de besoin immédiat de financement, mais une prochaine levée de fonds sera envisagée, probablement d’ici la fin d’année, pour accompagner la croissance compte tenu du développement du marché ». La société Youboox, créée le 22 juillet 2011 avant de lancer la première plateforme de streaming d’ebooks en France en mars 2012, avait procédé à deux premières levées de fonds : une première en 2013 pour 1,1 million d’euros, auprès d’Editions Atlas notamment, et une seconde en 2016 pour 1million d’euros auprès de NCI, Paeonia et IronCapital. Elle bénéficie en outre du soutien de la région Ile-de-France et de Bpifrance.

Approche disruptive pour le monde de l’édition
L’approche disruptive de la lecture en streaming par abonnement bouscule depuis une décennie maintenant le monde du livre, notamment en France où l’édition numérique peine à générer 263,6 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2020, pesant ainsi moins de 10 % du marché français du livre (2). Mais ce dernier est dans son ensemble en recul de 2,3 % par rapport à l’année précédente, alors que le marché des ebooks progresse de 13,5 % sur la même période (3). L’appétence pour la lecture en ligne (avec possibilité de poursuivre hors connexion) grandit et le potentiel de la e-lecture est énorme : plus d’un Français sur quatre (26 %) a déjà lu un livre numérique, soit un total de 13,8 millions de electeurs – en progression de 1 million de e-lecteur sur un an (4). Youboox s’est en plus diversifié, il y a deux ans maintenant, dans le livre audio. Depuis un an, son forfait mensuel Youboox One de livres et BD pour 9,99 euros intègre aussi un livre audio par mois. Sur ce segment de l’écoute, la demande est forte aussi puisque près d’un Français sur cinq (19 %) a déjà écouté un livre audio, soit tout de même 9,9 millions de « lecteurs » audiophiles. Ces chiffres d’audience de ce nouveau e-lectorat en France proviennent du 11e « baromètre des livres imprimés, numériques et audio », publié en avril dernier par le Syndicat national de l’édition (SNE) avec les sociétés d’auteurs Sofia et SGDL.
Sur la base d’une enquête réalisée par Médiamétrie, cette étude révèle que « toujours plus de lecteurs sont intéressés par un abonnement pour leurs usages numériques » en matière de lecture : 37 % des Français interrogés (+5 points sur un an) et 42 % pour les livres audio numériques (+9 points). C’est ce principe de l’abonnement à un catalogue d’ouvrages en ligne qui font entrer les maisons d’édition dans un nouveau paradigme, qu’elles redoutent plus qu’elles ne sollicitent. Sur ces plateformes de streaming, que cela soit Youboox ou d’autres comme Youscribe, Scribd ou encore Kindle Unlimited d’Amazon en position dominante, les livres ne sont pas vendus mais loués. Après avoir craint au départ une destruction de valeurs et une violation du prix unique du livre, lequel donne depuis 40 ans cette année le pouvoir aux éditeurs de fixer seuls le tarif de leurs titres, le monde du livre traditionnel a dû s’y faire. « Notre offre est conforme à la loi du prix unique du livre et l’équilibre entre le prix du service et le coût des contenus est respecté depuis toujours », assure Hélène Mérillon. En effet, après la promulgation de la loi du 26 mai 2011 instaurant le prix du livre numérique, toutes les offres d’abonnement avec accès illimité se sont mises en conformité avec ce sacro-saint principe de l’anti-dumping sur les prix des livres hérité de la loi « Lang ». « Le prix unique du livre s’applique aux abonnements comme aux livres vendus à l’unité et permet à des acteurs locaux indépendants comme les libraires ou Youboox de se développer et de proposer aux lecteurs des solutions alternatives aux grandes plateformes mondiales, durables et respectueuses de la chaîne du livre », se félicite Hélène Mérillon. Certes, le marché du livre numérique dans le monde est largement tiré par la firme fondée par Jeff Bezos – pionnier des ebooks avec ses liseuses Kindle –, mais cela n’a pas empêché des avantgardistes français comme Youboox d’exister. Le « Netflix de l’écrit et du livre audio » n’a donc pas fini de se développer et sa notoriété de grandir auprès du grand public francophone (300 millions de locuteurs). La crise sanitaire et ses confinements ont contribué à booster voire à faire exploser l’« ebookisation » de la lecture, tandis que l’érosion des ventes de livres papier permet de sauver des forêts et à protéger l’environnement. Pour les maisons d’édition, c’est « faire contre mauvaise fortune bon cœur »… La société d’Hélène Mérillon constate que les confinements ont fait progresser la lecture numérique de plus de 40 % en Amériques du Nord et du Sud, suivies par l’Afrique du Nord avec plus de 20 % ou encore l’Asie-Pacifique avec près de 15 %. Youboox étend sa bibliothèque numérique partout où les francophones sont nombreux. En France, au-delà de son site web, de ses applications mobiles, de ses accords avec SFR, Free ou des tiers (Accord, Air France, …), Youboox a profité du dernier déconfinement en mai pour proposer aux restaurants et bars qui ont réouverts de donner accès à leurs clients – en Wifi et sans téléchargement d’application – à son catalogue en streaming en salle ou en terrasse (évitant notamment que le tenancier ne fasse circuler le journal du jour avec les risques sanitaires).

5 % des revenus réinvestis dans des contenus
Youboox avait aussi lancé trois mois plus tôt un « pass » pour les professionnels de l’hôtellerie et du tourisme, en misant sur le « sans contact » (hygiénique) et le « sans papier » (écologique). Sur le Pass Culture, dans sa nouvelle version lancée le 21 mai dernier par Emmanuel Macron pour un crédit offert de 300 euros au lieu de 500 euros auparavant, un jeune de 18 ans peut bénéficier de « trois mois de lectures en illimité chez Youboox ». Par ailleurs, pour soutenir les auteurs de bandes dessinées (plus de 5.000 étant déjà disponibles en streaming), Youboox s’est associé de novembre dernier à novembre prochain à la plateforme de financement participatif Ulule pour aider six nouveaux projets de BD (5). Et pour la bonne cause, 5% des revenus annuels de Youboox sont par ailleurs réinvestis « dans la production de contenus en partenariat avec le tissu local », selon les pays francophones desservies par la plateforme de lecture en streaming. @

Charles de Laubier