Claude Perdriel, cofondateur du Nouvel Obs, ne croit pas au payant sur Internet

Cofondateur du Nouvel Observateur il y a près d’un demi-siècle, Claude Perdriel
(87 ans) a confié qu’Internet l’ « inquiète » et le « désespère ». Alors que l’hebdo,
cédé au trio Niel-Bergé-Pigasse, devrait lancer le 15 avril une édition du soir pour tablette, il dit ne pas croire au payant sur Internet.

Par Charles de Laubier

Claude PerdrielL’une des figures emblématiques de la presse française
ne croit pas vraiment à Internet. Claude Perdriel (photo),
qui est encore pour quelques jours président du conseil de surveillance de la société Le Nouvel Observateur du Monde qu’il a cofondée et qu’il cède à la holding Le Monde Libre
du trio Niel-Bergé-Pigasse (déjà propriétaire du groupe Le Monde), a exprimé de sérieux doutes sur la révolution numérique des journaux.
« Internet m’inquiète et me désespère un peu pour ce qui concerne la presse écrite », a-t-il confié devant l’Association
des journalistes médias (AJM), le 20 mars dernier.

Echec des 13 chaînes originales françaises sur YouTube

En fait. Le 4 février, EM@ a fait un point sur l’audience du bouquet des 13 chaînes originales françaises gratuites lancées sur YouTube il y a seize mois maintenant. Mis à part Studio Bagel, que pourrait racheter Canal+ (d’après BFM Business), force est de constater que les autres n’ont pas vraiment trouvé leur public.

En clair. Edition Multimédi@ publiait en février 2013 un état des 13 chaînes originales françaises lancées en octobre 2012 par YouTube, la filiale de Google (1). Un an après, c’est la déception. « Le gros bide de la télé potache », a même titré de façon radicale Télérama en juin dernier. Le succès n’a pas été au rendezvous pour la quasi-totalité des producteurs – Endemol, Air Prod/Banijay, Troisième OEil, Capa, Doctissimo/Lagardère, Aufeminin/Axel Springer, … – qui ont signé pour trois ans avec YouTube, avec un revenu garanti la première année. Aucune chaîne ne dépasse le million d’abonnés, excepté Studio Bagel avec 1,3 million pour plus de 98 millions de vidéos vues depuis son lancement. Pour les autres, la moitié d’entre elles n’atteint pas les 100.000 abonnés.
A noter le record d’audience qui revient non pas à Studio Bagel mais à X-Treme Video : 222,5 millions de vues. @

Audience : Yahoo dépasse Google aux Etats-Unis

En fait. Le 21 octobre, Yahoo a recruté le journaliste David Pogue – jusqu’alors chroniqueur au New York Times. Il aura la responsabilité éditoriale de l’électronique grand public. Le 9 septembre, Yahoo recrutait Megan Liberman – également ex-NYT. A force d’investir dans les contenus, l’audience suit.

En clair. C’est un signe : Yahoo a dépassé pour la première fois en juillet et août derniers Google en terme d’audience aux Etats-Unis. Selon Comscore, Yahoo a affiché un score de 196,5 millions de visiteurs uniques sur le mois de juillet – reléguant pour la première fois Google à la seconde place (192,2 millions). Et la firme de Sunnyvale a renouvelé cette performance au mois d’août avec 196,4 millions de visiteurs uniques, maintenant Google derrière (191,6 millions). Alors que Google était encore en tête en juin avec 192,5 millions de visiteurs uniques, devant Yahoo (188,7 millions). Reste à savoir si le mois de septembre confortera Yahoo en haut du podium des audiences de sites web outre-Atlantique. Mais cette pole position est loin d’être acquise en Europe, notamment en France où Yahoo arrive en seulement quatrième, cinquième ou sixième place selon les mois. Par exemple, pour l’audience du mois de septembre en France, Yahoo est cinquième place avec 21,9 millions de visiteurs uniques (derrière Google, Microsoft, Facebook et Wikimedia/Wikipedia).

La TV connectée se met à mesurer l’audience en live

En fait. Le 11 septembre, l’IFA, grand-messe de l’électronique grand public (240.000 visiteurs), a fermé ses portes à Berlin après huit jours d’exposition, d’annonces
et de conférences. Si les montres connectées ont volé la vedette aux téléviseurs connectés, ces derniers n’ont pas dit leur dernier mot.

En clair. Les montres connectées ont volé la vedette aux téléviseurs connectés. Mais si les premières arrivent à peine sur le marché, avec parfois une image de gadgets qui leur colle à la peau, les seconds sont apparus il y a maintenant plus de trois ans et proposent de plus en plus de services en ligne. L’un d’entre eux pourrait bouleverser la mesure d’audience de la télévision traditionnelle que l’on connaît actuellement sous la forme de panels composés de quelques milliers d’individus représentatifs de la population (1).
Ainsi, LG Electronics a profité de l’IFA pour présenter un modèle de TV connectée doté d’une technologie numérique de reconnaissance automatique de contenus audiovisuels de type ACR (Automatic Content Recognition). Elle permet de suivre à la trace les programmes visualisés en direct à l’écran ou enregistrés, pour en mesurer l’audience
à des fins publicitaires et pour améliorer dans le même temps l’expérience des téléspectateurs avec des publicités dynamiques plus ciblées et des services interactifs
de Social TV plus nombreux. Pour cela, LG est le premier fabricant de téléviseurs à avoir adopté la technologie ACR de la société américaine Cognitive Network. Sa technologie pourrait bouleverser la manière dont l’audience TV est mesurée aujourd’hui, en fournissant directement aux chaînes de télévision, mais aussi aux producteurs de contenus audiovisuels et éditeurs d’applications, voire aux annonceurs eux-mêmes, les données
de visualisation recueillies « à la source » et stockées dans un cloud. Cognitive Network
a indiqué que Samsung et Vizio étaient à leur tour intéressés par son dispositif numérique de mesure d’audience, qui pourrait permettre aux fabricants de télévision d’augmenter leurs marges grâce à de nouvelles recettes publicitaires. La technique de reconnaissance des contenus vidéo (fingerprinting) est également proposée par une autre société californienne, Gracenote, qui équipe des Smart TV de Sony, dont elle est une filiale (2).
La montée des fabricants de téléviseurs connectés dans la chaîne de valeur des services et contenus audiovisuels illustre leur volonté de s’imposer progressivement à l’échelon mondial (avec une large audience internationale à terme), face aux chaînes de télévision historiquement nationales (limitées de fait en nombre de téléspectateurs). Le marché de la publicité TV est à la veille d’un chambardement. @

Allostreaming : la CJUE décrochera-t-elle la question préjudicielle de Yahoo! ?

Yahoo! a bien présenté fin mai une question préjudicielle au juge, à qui revient
la décision de la transmettre ou non à la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE). Les moteurs de recherche sont-ils des « intermédiaires » ? La question tarde à trouver une réponse en France.

Par Etienne Drouard (photo), avocat associé, cabinet K&L Gates et Bénédicte Boubée, juriste

En novembre 2011, trois syndicats français du cinéma – APC (1), FNDF (2) et SEVN (3) – ont assigné les principaux fournisseurs d’accès à Internet (FAI) et moteurs de recherche afin d’obtenir
le blocage et le déréférencement des sites web Allostreaming, accusés de piratage. Les moteurs de recherche ont, à l’instar
de Google, d’ores et déjà déréférencé l’ensemble des sites Allostreaming. Toutefois, l’automatisation du déréférencement sans nouveau recours au juge, grâce à un outil – logiciel de l’Alpa et de TMG (4) – qui éviterait l’apparition de sites miroirs, suscite, quant
à elle, des débats.