Médiamétrie : le replay dans l’audience TV début 2015

En fait. Le 13 mai, en marge du colloque NPA sur les nouvelles frontières du numérique, Médiamétrie a indiqué à EM@ que la prise en compte de la catch up TV dans la mesure d’audience de la télévision pourrait intervenir début 2015. D’ici là, réflexions et tests se poursuivent avec les chaînes.

En clair. « La télévision de rattrapage pourrait faire son entrée dans la mesure d’audience des chaînes d’ici janvier 2015 ». C’est ce que nous a indiqué Alain Ongenyi, responsable du pôle « opérations et analyses stratégiques » du département Télévision de Médiamétrie. Des tests sont en cours et les réflexions se poursuivent avec les éditeurs de chaînes de télévision. Pour l’heure, et depuis le 3 janvier 2011, l’audience TV de Médiamat consolide la mesure de l’antenne et le différé du jour même et des sept jours suivants. Mais ce différé concerne uniquement « un enregistrement personnel ou en léger différé (time-shifting) rendu possible par les équipements numériques » de type box avec système de pause ou de type magnétoscope numérique, enregistreur à disque dur ou autre PVR (Personal Video Recorder). La TV de rattrapage, qui est pourtant un usage dé-linéarisé directement issu de la grille diffusée à l’antenne, ne fait toujours pas partie de la galaxie Mediamat. C’est qu’il faut convaincre les chaînes du bien fondé de la mesure de cette audience différée. Au-delà des aspects techniques pour faire en sorte que tous les fournisseurs d’accès à Internet (FAI) puissent accepter dans leurs box les outils de mesure et de collecte des audiences des programmes proposés en télévision de rattrapage, l’une des questions a trait à la durée de la catch up TV à prendre en compte : faut-il s’en tenir à 7 jours après la diffusion à l’antenne, ce qui correspond à la durée généralement pratiquée pour la mise à disposition gratuite en différé des programmes télévisuels, ou peut-on aller jusqu’à 28 ou 30 jours après la diffusion ?

Réseaux de chaînes : le PAM de YouTube et Dailymotion

En fait. Le 25 mars, Disney annonce l’achat de Maker Studios, diffuseur de quatre réseaux de 55.000 chaînes de vidéos diffusées sur YouTube et Dailymotion, pour
un montant de 500 à 950 millions de dollars selon des objectifs de performances. Canal+ (Vivendi) et Webedia (Fimalac) s’intéressent aussi aux MCN.

En clair. Les Multi-Channel Networks (MCN) s’imposent dans le paysage audiovisuel mondial (PAM) en revendiquant des audiences à faire pâlir les chaînes traditionnelles et séduire les annonceurs en quête d’audiences massives. Ces réseaux multi-chaînes, diffusés sur les grandes plates-formes de partage vidéo que sont YouTube (Google) et Dailymotion (Orange), se nomment par exemple Fullscreen, Machinima, Alloy, BigFrame ou encore Maker Studios.
C’est sur ce dernier, start-up créée en 2006, que Disney vient de jeter son dévolu en prévoyant de débourser pas moins d’un demi milliard de dollars. Ce ticket d’entrée élevé pour le monde émergent des MCN, illustre l’intérêt grandissant que suscite l’audiovisuel en ligne. Maker Studios (1) revendique 55.000 chaînes de vidéos courtes diffusées sur YouTube et Dailymotion via quatre réseaux thématiques (homme, femme, famille et divertissement), lesquels totalisent 380 millions d’abonnés et 5,5 milliards de vues par mois. Avec cette audience, ce nouveau network américain rivalise avec des chaînes classiques aussi renommée que Nickelodeon (Viacom). «La vidéo en ligne au format court croît à une allure stupéfiante », s’est félicité Robert Iger, PDG du groupe Walt Disney. Le groupe Canal+, qui détient une participation minoritaire (5 %) dans Maker Studios, s’est lui aussi positionné sur le marché des MCN en rachetant début mars la start-up française Studio Bagel diffusant plus d’une vingtaine de chaînes sur YouTube pour plus de 6 millions d’abonnés pour plus de 40 millions de vidéos vues par mois. La chaîne payante du groupe Vivendi, qui a lancé en 2013 un réseau multi-chaînes baptisé CanalFactory revendiquant aujourd’hui plus de 4 millions de vidéos vues par mois avec une vingtaine de chaînes là aussi, s’est dotée en janvier dernier d’une division OTT (Over-The- Top) pour se développer sur Internet et monétiser par la publicité ces nouvelles audiences.
De son côté, le groupe Webedia – détenu par Fimalac (2) – s’est offert en février un autre français du MCN : Melberries, diffusant ses chaînes sur YouTube, Dailymotion ou encore Wat.tv (TF1) et Orange (propriétaire de Dailymotion). Selon Comscore, le nombre de visiteurs unique de Google (essentiellement YouTube) et de Dailymotion en France sur
le mois de février était de respectivement 33,962 millions et 17,714 millions. @

Claude Perdriel, cofondateur du Nouvel Obs, ne croit pas au payant sur Internet

Cofondateur du Nouvel Observateur il y a près d’un demi-siècle, Claude Perdriel
(87 ans) a confié qu’Internet l’ « inquiète » et le « désespère ». Alors que l’hebdo,
cédé au trio Niel-Bergé-Pigasse, devrait lancer le 15 avril une édition du soir pour tablette, il dit ne pas croire au payant sur Internet.

Par Charles de Laubier

Claude PerdrielL’une des figures emblématiques de la presse française
ne croit pas vraiment à Internet. Claude Perdriel (photo),
qui est encore pour quelques jours président du conseil de surveillance de la société Le Nouvel Observateur du Monde qu’il a cofondée et qu’il cède à la holding Le Monde Libre
du trio Niel-Bergé-Pigasse (déjà propriétaire du groupe Le Monde), a exprimé de sérieux doutes sur la révolution numérique des journaux.
« Internet m’inquiète et me désespère un peu pour ce qui concerne la presse écrite », a-t-il confié devant l’Association
des journalistes médias (AJM), le 20 mars dernier.

« Internet menace l’univers médiatique »
D’après lui, les recettes ne sont pas au rendez-vous. « Souvent, on vient me trouver pour faire tel ou tel service Internet. Mais je demande s’il y aura des internautes intéressés. On me répond que oui, quelques centaines de milliers. Bon, et je demande quelles seront les recettes de publicité. On me dit ‘’zéro’’, car tant que l’on n’est pas dans les millions d’internautes. Mais il faudra embaucher deux seniors et deux juniors pour couvrir cela. Donc, c’est 400.000 ou 500.000 euros [par an] pour zéro en recettes… », a-t-il regretté avec scepticisme.
Cela ne l’empêche pas de se dire content du site web Sciences & Avenir Santé :
« Je m’en occupe un peu car vraiment ça me passionne. Et on est très content ;
on se félicite : bravo ! Le malheur, c’est que je crois que l’on a zéro pour cent de
recette ! Il n’y a pas de recette car faire un site santé de Sciences & Avenir à 500.000 internautes n’apporte pas une miette de publicité. Comment on va faire pour vivre ou survivre ? », s’est inquiété Claude Perdriel.

Pour lui, point de salut en dehors de la gratuité financée par la publicité – à condition d’avoir des millions de visiteurs pour intéresser les annonceurs. « Moi, je ne crois pas au payant en matière d’Internet. En tout cas, absolument pas pour l’information généraliste. L’information est partout et elle est gratuite. Les internautes ne paieront jamais », a-t-il insisté. Même s’il peut admettre que faire payer peut avoir du sens pour une information thématique poussée ou un conseil de boursier : « Peut-être. Mais cela veut dire qu’il faut engager des gens spécialisés (…) deux cracks qui vont vous coûter 300.000 euros et deux community managers à 300.000… Et vous allez avoir quoi comme recettes ? Je ne crois pas au payant ». A tel point qu’il ne croit pas beaucoup aux chances de succès de l’édition quotidienne du soir payante pour tablettes que Le Nouvel Obs devrait sortir le 15 avril. « J’ai laissé (…) faire. En plus, elle est financée
par [le fonds Finp d’aide à la presse de] Google : alors je n’avais rien à dire ! Mais…
Je n’y crois pas beaucoup. Je pense que les gens ne vont pas s’abonner. D’ailleurs la question se pose aussi pour Challenges [qu’il conserve avec Sciences & Avenir, ndlr] puisqu’on va faire un quotidien du soir d’ici deux mois. Mais moi, je voudrais le faire gratuit car je préfère avoir plus d’internautes » (1). Car il ne conçoit pas faire tout ce travail pour quelques milliers d’internautes payant, alors que le site web de Challenges compte plus de 3,5 millions de visites par mois (selon l’OJD).
« Donc, voilà mon problème. (…) J’espère que je pourrai le faire gratuit ! », a-t-il lancé.
Pire : celui qui s’est lancé il y a trente ans avec succès dans les fameuses messageries roses sur Minitel (les 3615 Aline ou 3615 Jane), lesquelles lui ont permis de renflouer Le Nouvel Observateur, estime en revanche qu’Internet met en péril la presse :
« L’univers médiatique que je défends est menacé, y compris par Internet, par lui-même. Parce que l’univers d’Internet va à une vitesse vertigineuse. D’abord, pendant des années, Internet a été de l’écrit. Après, ce fut les photos. Maintenant, ce sont les vidéos qui l’emportent. Et les vidéos créent un univers très lointain du nôtre. (…) D’abord on sait pas faire : ça coûte trop cher ; faut prendre les vidéos des autres et
on ne sait pas où sera la marge. Et ça, c’est un peu inquiétant sur le numérique.
C’est quand même ce qui est en train de se passer ».

Rachat de Rue89 en 2012 : « Un peu cher » Enfin, questionné sur savoir s’il ne regrettait pas d’avoir acheté Rue89 pour 7,5 millions d’euros en janvier 2012, il a répondu : « C’était un peu cher. Mais là je dirais que j’avais une raison : j’aime beaucoup les gens de Rue89, ce sont des amis, des gens formidables ; ils étaient en péril, même gravement ; ils auraient peut-être disparu. Mais on a pas vraiment fait prendre la mayonnaise : on ne les a pas ramené à côté de l’Observateur, ce que Louis Dreyfus va faire [lire p 2]. Et je ne regrette pas de les avoir rachetés (2). Même si c’était un peu cher ». @

Charles de Laubier

Echec des 13 chaînes originales françaises sur YouTube

En fait. Le 4 février, EM@ a fait un point sur l’audience du bouquet des 13 chaînes originales françaises gratuites lancées sur YouTube il y a seize mois maintenant. Mis à part Studio Bagel, que pourrait racheter Canal+ (d’après BFM Business), force est de constater que les autres n’ont pas vraiment trouvé leur public.

En clair. Edition Multimédi@ publiait en février 2013 un état des 13 chaînes originales françaises lancées en octobre 2012 par YouTube, la filiale de Google (1). Un an après, c’est la déception. « Le gros bide de la télé potache », a même titré de façon radicale Télérama en juin dernier. Le succès n’a pas été au rendezvous pour la quasi-totalité des producteurs – Endemol, Air Prod/Banijay, Troisième OEil, Capa, Doctissimo/Lagardère, Aufeminin/Axel Springer, … – qui ont signé pour trois ans avec YouTube, avec un revenu garanti la première année. Aucune chaîne ne dépasse le million d’abonnés, excepté Studio Bagel avec 1,3 million pour plus de 98 millions de vidéos vues depuis son lancement. Pour les autres, la moitié d’entre elles n’atteint pas les 100.000 abonnés.
A noter le record d’audience qui revient non pas à Studio Bagel mais à X-Treme Video : 222,5 millions de vues. @

Audience : Yahoo dépasse Google aux Etats-Unis

En fait. Le 21 octobre, Yahoo a recruté le journaliste David Pogue – jusqu’alors chroniqueur au New York Times. Il aura la responsabilité éditoriale de l’électronique grand public. Le 9 septembre, Yahoo recrutait Megan Liberman – également ex-NYT. A force d’investir dans les contenus, l’audience suit.

En clair. C’est un signe : Yahoo a dépassé pour la première fois en juillet et août derniers Google en terme d’audience aux Etats-Unis. Selon Comscore, Yahoo a affiché un score de 196,5 millions de visiteurs uniques sur le mois de juillet – reléguant pour la première fois Google à la seconde place (192,2 millions). Et la firme de Sunnyvale a renouvelé cette performance au mois d’août avec 196,4 millions de visiteurs uniques, maintenant Google derrière (191,6 millions). Alors que Google était encore en tête en juin avec 192,5 millions de visiteurs uniques, devant Yahoo (188,7 millions). Reste à savoir si le mois de septembre confortera Yahoo en haut du podium des audiences de sites web outre-Atlantique. Mais cette pole position est loin d’être acquise en Europe, notamment en France où Yahoo arrive en seulement quatrième, cinquième ou sixième place selon les mois. Par exemple, pour l’audience du mois de septembre en France, Yahoo est cinquième place avec 21,9 millions de visiteurs uniques (derrière Google, Microsoft, Facebook et Wikimedia/Wikipedia).