L’e-pub plus chère avec eStat’Cible de Médiamétrie

En fait. Le 28 juin, l’entreprise de mesure d’audience Médiamétrie a présenté un nouvel outil permettant de calculer, au jour le jour, le profil des internautes sur chaque page web (ou URL) et flux streaming (audio ou vidéo). eStat’Cible va concurrencer, dès le 1er septembre, Digital Analytix de ComScore.

En clair. La publicité sur Internet pourra être commercialisée plus chère par les éditeurs de sites web, à partir du moment où ces derniers seront capables de proposer à leurs annonceurs ou aux agences les profils des internautes de chaque partie éditoriale visitée ou de chaque flux consulté. La nouvelle mesure de Médiamétrie, eStat’Cible, calcule à l’aide d’un algorithme neuf cibles d’analyses pour chaque contenu considéré : homme ou femme pour le sexe, quatre tranches d’âge (- de 25 ans, 25 à 34 ans, 35
à 49 ans, + de 50 ans), trois niveaux d’activité (CSP+, CSP-, Inactifs). « Il s’agit d’un produit à très forte valeur ajoutée qui permet non seulement de piloter quotidiennement les contenus web, audio ou vidéo avec le profit en plus, mais aussi de mieux monétiser les publicités en ligne du site en les vendant plus cher au regard d’un taux de clic plus élevé », explique Franck Si- Hassen, directeur délégué de Médiamétrie-eStat. Connaître le profil des internautes au moment où ils consultent le Web devrait permettre aux éditeurs d’accroître leur chiffre d’affaires dans la epub, laquelle est encore loin de compenser les pertes de la publicité sur papier (pour ceux qui en ont).
A partir du 1er septembre, eStat’Cible sera vendu aux éditeurs de services en ligne entre 400 et 4.000 euros par mois, en fonction de la fréquentation du (ou des) site(s) mesuré(s). Plusieurs clients éditeurs sur un potentiel de 500, comme Pages Jaunes
et France 2, testent gratuitement du 1er juillet jusqu’à fin août la version bêta de eStat’Cible. C’est la concrétisation de la mesure hybride de l’audience sur Internet (site-centric+user-centric) sur laquelle Médiamétrie travaille depuis deux ans (1). Prochaine étape : proposer en 2012 une offre aux agences dites « serveurs de publicité » (Ad Server) de type de « profilage » des internautes. « C’est la première fois qu’une mesure d’audience permet de cibler le profil des internautes, grâce au rapprochement de la mesure de fréquentation du site web et du panel des utilisateurs », se félicite Benoît Cassaigne, directeur exécutif de Médiamétrie. A ceci près que la société américaine ComScore propose depuis mars dernier, au niveau mondial, son outil hybride Digital Analytix, issu du rachat en septembre 2010 (pour 36,7 millions de dollars) du fournisseur de solutions d’analyse en ligne Nedstat. Parmi les premiers clients de sa mesure dite « unifiée numérique », ComScore compte GDF Suez, Eurosport ou encore le PMU. De son côté, Google Analytics est uniquement «web-centric » et ne dispose donc pas de panel. @

Stéphane Bodier, président de l’OJD : « Nous pourrions aboutir fin 2011 à une mesure hybride avec trois instituts »

En tant que seul organisme de contrôle de la fréquentation sur Internet en France, le président de l’OJD – reconduit pour deux ans – explique à EM@ comment il se prépare à la mesure hybride (quantitative et qualitative), ainsi
qu’à la diffusion de « super procès verbaux » prenant en compte tous les supports d’une marque.

Propos recueillis par Charles de Laubier

Edition Multimédi@ : Cela fait dix ans cette année que l’OJD certifie l’audience des sites web : quel bilan faites-vous ?
Stéphane Bodier :
Nous approchons en effet les 10 ans
de certification Internet. En novembre 2001 était diffusé le premier communiqué comportant les quatre premiers sites web (1) contrôlés et certifiés sur le mois précédent. Nous sommes aujourd’hui à plus de 250 sites web majeurs certifiés tous les mois et nous continuons d’enregistrer de nouvelles adhésions. Ces dix dernières années nous ont enseigné qu’il n’est pas toujours facile de proposer à un marché jeune et en croissance de se faire contrôler par un tiers, afin de lui permettre de se professionnaliser. L’OJD a pu passer et passe encore, aux yeux de certains éditeurs, pour l’empêcheur de tourner en rond et surtout celui qui pourrait divulguer au marché les vrais chiffres de fréquentation de leurs sites web. « Je suis OJD, je n’ai rien à cacher », titrait un quotidien national en 1978. Ce slogan est toujours d’actualité et peut s’appliquer à ces nouveaux médias.

Eric Villemin, Groupe Les Echos : « Nos supports numériques sont rentables ou en passe de l’être en 2011 »

Eric Villemin a été nommé, il y a deux ans, directeur des activités numériques
du Groupe Les Echos, lesquelles représentent environ 15 % du chiffre d’affaires global de la filiale médias de LVMH. Pour Edition Multimédi@, il dresse un bilan de son action. Il vise les 50.000 abonnés numériques cette année.

Propos recueillis par Charles de Laubier

Edition Multimédi@ : Qu’est-ce qui a changé en deux ans depuis que Nicolas Beytout vous a nommé à la tête des activités numériques ?
Eric Villemin (photo) :
Le Groupe Les Echos est passé
du statut d’un groupe de presse, qui faisait aussi du Web,
à celui de groupe d’information. C’est la direction qui a été donnée par notre PDG Nicolas Beytout. La nuance peut paraître subtile mais cela crée une énorme différence : notre métier est de produire et de vendre de l’information de qualité sur tous les supports disponibles. Cette mutation est passée par une réorganisation interne du groupe par marques et non plus par médias. Nous avons également fusionné les rédactions papier et web, avec à la clé une nouvelle organisation, de nouveaux contrats de travail pour les journalistes et un nouvel accord sur les droits d’auteur [lequel fut le premier à être signé en France après la promulgation de la loi Hadopi, ndlr]. Ce mouvement s’est doublé d’une refonte de notre stratégie commerciale en termes d’abonnements : aujourd’hui, on s’abonne à la plateforme « Les Echos » et non plus seulement à tel ou tel média. Nos abonnements numériques auront ainsi plus que doublé cette année pour atteindre le seuil de 50.000. Le point d’orgue de cette stratégie a été le lancement, le 9 septembre dernier, de la nouvelle offre des Echos : reforme de la maquette du quotidien, refonte du site, V2 de l’application pour iPad, à laquelle a été ajouté un journal permanent comprenant de la vidéo, enrichissement des applis pour smartphones…