Free : les abonnés mobile dépassent les abonnés fixe

En fait. Le 19 mars, Iliad (Free, Alice) a publié ses résultats 2012 : bond de 50 %
du chiffre díaffaires à 3,1 milliards d’euros, pour un bénéfice net de 187 millions d’euros en chute de 26 %, avec 5 205 000 abonnés mobiles et 5 364 000 abonnés haut débit au 31 décembre 2012. Cette année, le mobile va dépasser le fixe.

En clair. Au rythme spectaculaire auquel progresse Free Mobile depuis son lancement, il y a un an, Edition Multimédi@ estime qu’au cours de ce premier trimestre 2013 le nombre d’abonnés au mobile a dépassé, pour la première fois chez Iliad, le nombre d’abonnés au fixe. C’est un basculement sans précédent pour un opérateur télécoms jusqu’alors 100 % ADSL. Mais la rançon de la gloire, c’est que le groupe fondé et dirigé par Xavier Niel est devenu moins rentable en raison de cette nouvelle activité mobile. Selon nos calculs, l’ARPU (1) mobile n’est que de 13,5 par mois (162 euros par an). C’est près de trois fois moins que l’ARPU fixe, lequel s’établit à 36 euros par mois (432 euros par an). Free Mobile est donc d’autant moins rentable que le quatrième opérateur mobile a non seulement nécessité d’importants investissements, grevant le résultat opérationnel (-17 % par rapport à 2011), mais aussi parce qu’un abonné mobile rapporte moins. En effet,
pour l’année 2012, les revenus générés par les 5,2 millions d’abonnés au mobile (2) ne s’élèvent qu’à 843,9 millions d’euros (3) – soit près de trois fois moins que 2.321 millions d’euros rapportés par les 5,3 millions d’abonnés fixe (4).
Cet écart entre les recettes provenant du haut débit (fixe) et celles du mobile ne devrait pas se résorber, le groupe Iliad prévoyant cette année une croissance de plus de 5 % de son chiffre d’affaires dans son métier historique lié à l’ADSL. L’an dernier, l’ARPU de la Freebox a augmenté de 0,50 euro sur un an. Tandis que dans le mobile, Xavier Niel est toujours dans sa logique de « diviser par deux la facture mensuelle » des Français. Avec des offres mobile « généreuses » (comprenez à des tarifs low cost allant de zéro ou 2 euros par mois à 15,99 ou 19,99 euros par mois), Free Mobile n’est pas au bout de ses peines pour devenir à (long ?) terme, profitable. La « pression » devrait s’intensifier sur ses obligations de couverture mobile (75 % de la population en janvier 2015) que l’Autorité de la concurrence a demandé à l’Arcep de surveiller sans tarder : quitte à recourir à des mises en demeure en cas de non respect, et avec l’objectif de mettre un terme, en 2018,
à l’accord d’itinérance avec Orange. Pour 2013, Iliad a prévu d’investir un montant
« du même ordre de grandeur » que les 950 millions d’euros dépensés l’an dernier et
de le « répartir entre l’ADSL, la fibre optique et le mobile ». @

L’économie mobile fait exploser le trafic, pas l’ARPU

En fait. Le 28 février, s’est achevé à Barcelone le 18e congrès annuel mondial de
la téléphonie mobile, le Mobile World Congress, organisé sur quatre jours par la GSMA. Les abonnés 4G devraient atteindre 920 millions en 2017, contre seulement 62 millions en 2012. L’explosion du trafic va poser problème.

En clair. Les opérateurs mobile vont devoir supporter l’explosion du trafic de vidéos et
de données sur leurs réseaux : selon un rapport de la GSMA, laquelle défend les intérêts de 230 opérateurs mobile dans le monde, et le cabinet d’étude AT Kearney, le trafic de données que les réseaux mobile devront acheminer chaque mois atteindra dans cinq
ans les 11,2 Exabits (1), contre 0,9 Exabit par mois en 2012. Imaginez : 11,2 milliards
de Gigabits par mois, c’est l’équivalent – chaque mois – de plus de 5 milliards d’heures
de vidéo en haute définition (fichier de 2 Gbits d’un film d’une heure). Cette explosion de
la data mobile se fera ainsi au rythme moyen de 66 % de croissance par an. Et l’année dernière a été un tournant puisqu’elle a cumulé un trafic sur mobile supérieur à celui de l’ensemble des précédentes années ! Les connexions mobile haut débit dans le monde ont été au nombre de 1,6 milliard en 2012 sur un total de 6,8 milliards de connexions mobile. Mais en 2017 ce haut débit mobile (3G + 4G) pèsera pour plus de la moitié des connexions : 5,6 milliards sur un total de 9,7 milliards. Actuellement, Facebook compte 680 millions de mobinautes actifs (2), Twitter 120 millions. Les utilisateurs de smartphones du monde entier passent en moyenne 25 minutes par jour sur Internet, 17 sur réseau social, 16 à écouter de la musique, 14 à jouer, 12 à passer des appels téléphoniques,
11 sur leurs e-mails, 10 sur leurs SMS, 9 à regarder des vidéos, 9 à lire des ebooks et
3 à photographier (et/ou filmer).
Bien que le chiffre d’affaires cumulé des opérateurs mobile dans le monde ait franchi la barre des 1.000 milliards de dollars en 2012 (à 1.002 milliards précisément), l’ARPU (3) des opérateurs mobile a baissé globalement de 8 % en moyenne de 19 dollars à 14 dollars par mois. « Les plus fortes réductions de l’ARPU ont été enregistrées en Afrique (- 10 %) et en Europe (- 7 %), ces baisses moyennes des tarifs mobile s’expliquant par la pression sur les prix, par la croissance des usages ‘’multi-SIM’’ (avec la seconde carte SIM à un prix moindre), et par le fait que les nouveaux utilisateurs bénéficient d’accès à moindre coût », explique le rapport GSMA/AT Kearney. Le bonheur des uns (les consommateurs) fait le « malheur » des autres (les opérateurs mobile). L’émergence du M2M (Machine-to-Machine) dans ces statistiques contribue aussi à tirer l’ARPU vers le bas. @

Les opérateurs mobiles français ont mal à leur ARPU

En fait. Le 18 septembre, le cabinet d’audit et de conseil Deloitte a dévoilé une partie des résultats de son enquête – menée en ligne auprès de 2.000 internautes
et mobinautes en France – sur leur multi-équipement avéré en mobiles et tablettes. Mais les dépenses en contenus et services ne suivent pas…

En clair. « La valeur de la base clients des opérateurs mobile s’effondre. Le revenu moyen mensuel par abonné – l’ARPU (1) – baisse et la tendance n’est pas prête de s’inverser », prévient Alexandre Buselli, associé chez Deloitte Conseil, en marge de
la présentation de la seconde édition de l’enquête annuelle sur l’équipement mobile des Français. En effet, 62 % des détenteurs d’un mobile et 58 % d’une tablette disent ne
rien dépenser en applications : 0 euro par mois ! Les autres n’y accordent que de faibles montants par mois : 9 % des mobinautes leur consacrent mensuellement entre 0,01 et 4,99 euros, tandis que 7 % des « tablonautes » vont jusqu’à payer 10 à 19,99 euros
par mois.
« Les consommateurs ont du mal à dépenser pour les applications. Le marché est encore immature mais il progresse », constate Ariane Bucaille, associée chez Deloitte, en charge des industries TMT (2). « Je ne veux pas dépenser de l’argent pour des applications », est la raison première de l’absence de téléchargement d’applis (43 % des mobinautes et 31 % des « tablonautes »). Il en va de même pour les abonnements : 77 % des sondés déclarent ne pas être abonnés à des services de média en ligne, seuls 17 % le sont sur mobile et 4 % sur tablette. Les jeux en ligne arrivent en tête des abonnements (23 %), suivis de la musique en streaming (22 %), des journaux en ligne (22 %), des magazines en ligne (18 %), ou encore de la vidéo en streaming (3) (17 %).
Ce que n’a pas rendu public Deloitte est réservé aux opérateurs mobiles et aux fabricants de terminaux. « L’un des trois opérateurs mobiles en place [Orange, SFR et Bouygues Telecom, ndlr] a le plus souffert de l’arrivée de Free Mobile en début de l’année [en l’occurrence SFR, ndlr] car il n’a pas su anticiper l’impact du quatrième opérateur mobile », a expliqué Alexandre Buselli. Free Mobile leur a fait perdre des centaines de milliers de clients. Quant aux MVNO (4), ils ne sont pas pris en compte dans l’étude Deloitte. « Les MVNO se positionnent sur des marchés de niche – mis à part les semi généralistes tels que Virgin Mobile et NRJ Mobile – et représentent encore une faible part du marché mobile en France mais ils sont parmi les plus impactés par Free Mobile ». Il faut dire que Deloitte veut éviter les conflits d’intérêt puisque l’autre activité du groupe audite les comptes de Virgin Mobile et de NRJ Mobile… @