Alors que la 5G peine à remplacer la 4G, la 5G-Advanced sera déployée à partir de fin 2024

Dans le monde, sur l’ensemble des connexions mobiles, la 5G ne dépasse pas encore les 20 %. En France, les abonnés 5G représentent encore seulement 17 % du parc de cartes SIM. Mais déjà se profile la 5G-Advanced que certains opérateurs mobiles déploieront à partir de fin 2024, en attendant la 6G.

Lentement mais sûrement. Au 31 décembre 2023, la France comptait 72,6 millions de cartes SIM actives sur les réseaux 4G et 5G (1). En réalité, la 4G continue de dominer face à la 5G qui peine toujours à se généraliser : elle ne représente que 17 % des abonnés mobiles, soit 14 millions de cartes SIM 5G activées, d’après l’Arcep, bien loin des 72,6 millions de cartes 4G. Au niveau mondial, ce n’est guère mieux puisque la 5G ne génère que 18 % des connexions mobiles, d’après la GSMA, l’association internationale des opérateurs mobiles.

2 milliards d’abonnés 5G fin 2024
Sur 5,6 milliards d’utilisateurs de mobiles, 4,7 milliards ont accès à Internet, dont seulement 1,6 milliard via la 5G. Selon l’équipementier télécoms suédois Ericsson (2), la barre des 2 milliards d’abonnés 5G sera franchie fin 2024. Pourtant, cette cinquième génération de mobile a été lancée pour la première fois il y a cinq ans (en 2019 en Corée du Sud). Un échec à l’allumage ? Certes, la croissance de la 5G reste prometteuse et devrait s’imposer plus rapidement que la 4G ne l’avait fait après son lancement en 2009. Rien qu’en France, toujours selon les chiffres de l’Arcep au 31 décembre 2023, le nombre de cartes SIM activées sur les réseaux 5G – notamment d’Orange, de Bouygues Telecom, de Free et de SFR – progresse à un rythme soutenu : + 15,7 % au dernier trimestre de l’an dernier et + 64,7 % sur un an grâce à respectivement 1,8 million et 5 millions de cartes SIM 5G supplémentaires (voir graphique ci-dessous).

Les fréquences de la TNT en Europe iront aux télécoms après 2031, mais la France résiste

Les « fréquences en or » actuellement utilisées par la TNT ont l’assurance d’être affectées à l’audiovisuel jusqu’en 2031. Ensuite, la Conférence mondiale des radiocommunications de 2031 (CMR-31) pourrait les allouer à la 5G/6G. La France, elle, va (ré)attribuer des autorisations TNT en 2025.

C’est à la Conférence mondiale des radiocommunications de 2031 (CMR-31) que l’Union européenne sera fixée sur le sort qui sera réservé aux fréquences de la banque 470-694 Mhz dans la « Région 1 », regroupant l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique. Ces fréquences – dites historiquement UHF (1) – sont actuellement aux mains de l’audiovisuel, en l’occurrence de la télévision numérique terrestre (TNT), ou Digital Terrestrial Television (DTT) en anglais. Il est plus que probable qu’après 2031 elles tombent dans l’escarcelle des télécoms qui demandent plus de spectre pour les déploiements de la 5G, y compris la 5G Broadcast (2), et de la future 6G (3).

Europe : la bande UHF destinée aux télécoms
« Dans la “région 1”, à savoir l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique, il y a des pays comme la France qui utilisent massivement la bande UHF [470-694 Mhz, ndlr] pour la diffusion de la TNT, a expliqué Gilles Brégant (photo), directeur général de l’Agence nationale des fréquences (ANFR), lors d’un colloque sur l’avenir de la TNT le 14 novembre dernier à Paris. Mais beaucoup d’autres pays cette région n’ont plus de télévision hertzienne de façon significative, comme la Suisse, l’Allemagne, des pays du Golf [persique] ou encore des pays africains. Ces derniers veulent développer de la téléphonie mobile dans cette bande de fréquences, mais aussi des réseaux de sécurité ou des systèmes de défense » (4).
En France, l’Arcom a lancé le 28 février et jusqu’en mai l’appel aux candidatures pour l’attribution de quinze fréquences pour la diffusion de chaînes de la TNT nationale (5). Mais pourquoi attribuer en 2025 quinze fréquences de la TNT – via des autorisations sur 10 ans assorties de conventions – si ce mode de diffusion numérique par voie hertzienne est voué à être remis en question par les instances internationales de gestion du spectre ?

La 6G pointe le bout de son nez au MWC, avant 2030

En fait. Du 27 février au 3 mars se déroule à Barcelone (Espagne) la grand-messe internationale consacrée aux smartphones et à la mobilité, le Mobile World Congress (MWC), dont le thème cette année est « Future First ». La sixième génération de réseau mobile (6G) sera l’ossature du futur. L’Europe va l’expérimenter.

En clair. « Le MWC n’est plus “mobile first” ou “digital first”, mais “Future First” », a indiqué Lara Dewar, directrice marketing de la GSMA, l’association mondiale des opérateurs mobile qui organise le Mobile World Congress. Et dans cet « avenir d’abord », il y a d’abord l’« au-delà » de la 5G. La sixième génération de réseau mobile (6G), conjuguée à l’intelligence artificielle (IA) et au machine learning (ML), s’apprête à révolutionner les télécoms. Non seulement en accélérant les très haut débits mobiles et en réduisant les temps de latence, mais surtout en transformant tous les modèles économiques. La capacité d’« auto-orchestration » des réseaux 6G sera cruciale pour la réalité mixte (réalité virtuelle et réalité augmentée), les métavers, les jeux vidéo immersibles, les technologies web3, les véhicules autonomes, les villes intelligentes ou encore la médecine connectée. Les Big Tech (MWC) et les start-up (4YFN) y travaillent (1).
L’actuelle 5G Advanced (2), définie par l’organisme international de normalisation mobile 3GPP (3), préfigure un peu ce que sera la 6G à partir de 2030. Mais il s’agira alors plus d’une rupture technologique que d’une évolution. L’Union européenne (UE), à l’origine du GSM, entend garder la main sur la 6G. Lors d’une session intitulée « Horizon 6G » et organisée le 27 février au congrès mondial de la mobilité, la Commission européenne va expliquer comment elle contribue déjà à l’élaboration de la future norme mondiale 6G.

5G Broadcast, l’audiovisuel sans la fibre optique

En fait. Le 7 décembre, l’Arcep a publié les chiffres de son observatoire du haut et très haut débit à fin septembre 2023. Le ralentissement du rythme des déploiements en fibre optique (FTTH) se confirme. C’est à se demander si la 5G ferait l’affaire, notamment avec l’arrivée de la « 5G Broadcast ».

En clair. Alors que le « 100 % fibre optique » sur l’Hexagone semble toujours hors de portée pour 2025 (1), voilà que la 5G pourrait être une sérieuse alternative au FTTH. L’année 2024 s’annonce comme celle de la « 5G Broadcast », notamment en Europe et aux Etats-Unis. Pour les Jeux olympiques de Paris (26 juillet-11 août 2024) et pour l’Euro 2024 de football en Allemagne (14 juin-14 juillet 2024), les groupes audiovisuels publics de six pays européens – France Télévisions (France), RAI (Italie), SWR et BR (Allemagne), NPO (Pays-Bas), ORF/ ORTS (Autriche), et RTÉ (Irlande) – prévoient de diffuser sur la 5G ces deux grands rendez-vous sportifs de l’an prochain. Leurs services « 5G Broadcast » devraient être lancés avant l’été prochain. Des expérimentations avaient été menées en 2022, notamment lors du concours de l’Eurovision de la chanson où le signal audiovisuel en 5G avait été diffusé dans quatre villes européennes : Paris, Stuttgart, Turin, Vienne (2).
Aux Etats-Unis, la FCC a accordé à la chaîne de télévision Wwoo-LD, basée à Boston et faisant partie du groupe Xgen Network, une licence temporaire – jusqu’au 16 janvier 2024 – de transmission 5G Broadcast.

La 6G n’attend plus que sa feuille de route 2030

En fait. Le 20 juin, la Commission européenne et le Haut représentant de la diplomatie de l’UE ont présenté ensemble la « stratégie européenne de sécurité économique ». Parmi les technologies à promouvoir pour préserver la « souveraineté » européenne : la 6G, face à la Chine qui n’est pas mentionnée. En clair. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, et Josep Borrell, chef de la diplomatie de l’Union européenne (UE) ont présenté le 20 juin un document commun intitulé « Stratégie européenne de sécurité économique » afin de « minimiser les risques (…) dans le contexte de tensions géopolitiques accrues et de changements technologiques accélérés » et de « promouvoir son avantage technologique dans des secteurs critiques ». Parmi les technologies à promouvoir, le document de 17 pages (1) mentionne notamment la 6G aux côtés de l’informatique quantique (quantum), des semi-conducteurs (chips) et de l’intelligence artificielle (IA). La Chine n’est pas citée dans ce document, mais le spectre de Pékin plane. En revanche, dans son discours le 20 juin portant sur cette « sécurité économique » de l’Europe, la vice-présidente Margrethe Vestager a explicitement visé la Chine et ses deux équipementiers télécoms mondiaux, Huawei et ZTE (2). Et ce, en rappelant que la Commission européenne a, le 15 juin, fortement incité les Etats membres qui ne l’ont pas déjà fait – comme l’Allemagne voire la France – de ne plus recourir aux technologies 5G de Huawei et ZTE, les deux chinois étant cités nommément par le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton (3). Il va sans dire que la 6G est concernée par ce bannissement initié par les Etats-Unis, lesquels font pression sur les pays de l’UE et de l’OTAN pour faire de même. Pour se défendre de tomber dans le protectionnisme, la stratégie européenne de sécurité économique veut aller de pair avec « la garantie que l’Union européenne continue de bénéficier d’une économie ouverte ». La Finlande, elle, a signé le 2 juin avec les Etats-Unis une déclaration commune de « coopération dans recherche et développement de la 6G », sans que l’équipementier finlandais Nokia ne soit mentionné dans le joint statement (4). Nokia comme le suédois Ericsson profiteront de l’éviction politique de leur deux plus grands rivaux chinois. Reste à savoir si la 6G aura des fréquences harmonisées dans l’ensemble des Vingt-sept. Lors de la 18e conférence européenne sur le spectre, qui s’est tenue les 6 et 7 juin derniers à Bruxelles et à laquelle participait l’Agence nationale de fréquences (ANFR) pour la France, un consensus s’est dégagé sur « la nécessité d’une feuille de route claire sur le spectre pour la 6G à l’horizon 2030 » (5). A suivre. @