Le New Deal Mobile promet « la 4G pour tous » au 31 décembre mais… pas dans les zones blanches

Le gouvernement et le régulateur nous le promettent sur tous les tons : tous les réseaux mobiles fonctionnant encore aujourd’hui uniquement en 2G et/ou en 3G devront avoir basculé en 4G d’ici la fin de l’année. Il serait temps ! Mais des zones blanches persisteront jusqu’à fin 2022.

« L’Arcep mènera dans le courant du premier semestre 2021 des enquêtes pour vérifier l’atteinte des échéances de généralisation de la 4G et de couverture des axes routiers prioritaires », nous indique le régulateur des télécoms présidé par Sébastien Soriano (photo de gauche). Mais on le sait déjà : au 31 décembre 2020, ce ne sera pas « la 4G pour tous », alors que les opérateurs mobiles nous proposent déjà la 5G et que les équipementiers télécoms préparent la 6G !

Les opérateurs mobile virtuels (MVNO) ont 15 ans mais demeurent sous les 12 % de parts de marché

En France, les MVNO ont vraiment décollé en 2005 dans le sillage de trois pionniers – Transatel, Debitel et Omer Télécom. NRJ Mobile fut le premier à se déclarer en tant qu’opérateur auprès du régulateur. Depuis 15 ans, leur part de marché reste limitée, et Free n’en accueille toujours aucun.

Les derniers chiffres en date fournis par l’Arcep le montrent encore, 15 ans après leur apparition en tant qu’opérateur télécoms déclarés : les MVNO (1) peinent à s’acheminer vers les 12 % de parts de marché en France. A fin décembre 2019, les vingt-sept opérateurs mobile virtuels déclarés à ce jour auprès du régulateur des télécoms totalisent ensemble à peine plus de 8,4 millions de clients (2) sur un total de 74,5 millions d’abonnés (3) en France métropolitaine, soit actuellement une part de marché de 11,3 % seulement. La progression a été limitée à 0,4 points sur un an.

Le nombre d’objets connectés à un réseau mobile (cartes MtoM) franchit la barre des 20 millions

Pour la première fois, l’Internet des objets (IoT) en France dépasse les 20 millions de cartes SIM connectées à un réseau mobile (Bouygues Telecom, Free, Orange ou SFR). La croissance annuelle à deux chiffres montre le dynamisme de ce marché des objets intelligents que convoitent aussi les GAFA.

Depuis près de trois ans, la croissance annuelle des cartes SIM dites MtoM (Machine-to-Machine) est égale ou supérieure en France à 3 millions d’unités supplémentaires : plus ou moins 20 % par an. Rien qu’au troisième trimestre 2019, malgré un ralentissement de la croissance, la hausse sur an a été d’un peu plus de 3 millions d’objets connectés de plus à un réseau mobile – pour atteindre un parc total de 20,3 millions au 30 septembre dernier. C’est ce que montrent les nouveaux chiffres des services mobiles que l’Arcep a publiés le 7 novembre (voir tableau ci-dessous).

Le futur code européen des télécoms fait débat

En fait. Le 24 octobre, s’est tenu à Luxembourg le Conseil européen des ministres des télécoms. Le 10 octobre, la présidence estonienne de l’UE a
obtenu le mandat de négocier avec le Parlement européen le nouveau code
des communications électroniques « à l’ère de la 5G ». Les opérateurs mobile s’inquiètent.

En clair. Le Conseil de l’Union européenne (UE) table toujours sur l’objectif d’achever
« au plus tard en 2018 » la mise en place du marché unique numérique afin de
« stimuler l’innovation et la croissance ». C’est dire que le temps presse pour que le projet de « code européen des communications électroniques » (1) soit enfin débattu par le Parlement européen. D’autant que cette prochaine règlementation des télécoms et du numérique prépare l’Europe à l’ère de la 5G « en encourageant les investissements, la concurrence, la protection des consommateurs et le développement de nouveaux services ». C’est sur les licences des fréquences 5G que se cristallisent le rapport de force entre les opérateurs mobile représentés par la puissante association mondiale GSMA et les Etats membres de l’UE propriétaires souverains des ressources spectrales.
« Chers ministres [des télécoms européens], je dois exprimer mes profondes préoccupations quant à l’état actuel des discussions », leur a fait savoir le 23 octobre Mats Granryd, directeur général de la GSMA, dans une lettre ouverte adressée la veille de leur réunion à Luxembourg. Les opérateurs mobile veulent : « une durée de licence minimum de 25 ans [comme l’a proposée la Commission européenne dans ses propositions de septembre 2016 en vue d’harmoniser la gestion du spectre dans l’UE, ndlr], avec une forte présomption de renouvellement » pour invertir à long terme,
« des redevances structurées de manière à s’éloigner d’une création de revenu à court terme » pour plus investir dans les réseaux « Gigabit » que dans les fréquences des Etats. Or cette durée de 25 ans a été rayée du projet de texte (2) du mandat confié à la présidence estonienne de l’UE, car cette disposition continue d’être contestée par une dizaine d’Etats membres, tels que le l’Allemagne, l’Autriche, l’Italie, les Pays-Bas, l’Espagne la Finlande, la Pologne, ou encore le Royaume-Uni, lesquels veulent garder leur pouvoir régalien de gérer et monnayer leur spectre (durée et prix).
En France, qui ne conteste pas les 25 ans, les prix des licences mobile ont rapporté 240 millions d’euros en 2009 pour le 4e réseau 3G (Free), 600 millions d’euros pour les fréquences 3G résiduelles en 2010, 3,6 milliards d’euros en 2012 pour les fréquences 4G dans les bandes 800 Mhz et 2.6 Ghz, et 2,98 milliards en 2015 pour les 700 Mhz (lire p. 8 et 9). C’est maintenant tout l’avenir de la 5G qui est en jeux. @

Rani Assaf, le très discret directeur technique et deuxième actionnaire de Free, gagnerait à être connu

général délégué d’Iliad comme Xavier Niel, rémunéré 183.000 euros en 2015 comme Xavier Niel, deuxième actionnaire individuel du groupe derrière Xavier Niel, Rani Assaf est le directeur technique historique de Free à qui son fondateur doit tout. Avec le foot, la 400e fortune de France se fait moins discrète.

Rani Assaf (photo) vient d’achever son sixième mois à
la tête du club de football de Nîmes, dont il était déjà un actionnaire de l’ombre depuis deux ans et demi. Maintenant qu’il a été « élu à l’unanimité » PDG du Nîmes Olympique, le 1er juin dernier, le très discret directeur technique et directeur général délégué du groupe Iliad, ne peut plus échapper aux médias qu’il a obsessionnellement évités jusqu’alors. Rani Assaf est non seulement la cheville ouvrière d’Iliad – c’est lui le vrai inventeur de Free, de la Freebox et de Free Mobile – mais surtout le bras droit inséparable de Xavier Niel. Jeune transfuge d’Easynet, entré comme stagiaire en 1999 au moment de la création de l’entreprise par ce dernier, le virtuose du fer à souder et bidouilleur en chef est devenu irremplaçable au sein d’Iliad, où il est le deuxième actionnaire physique du groupe avec 1,3 % du capital (1) aux côtés du fondateur qui détient encore 54,5 %. Rani Assaf, qui possède en outre des actions des sociétés Freebox (filiale R&D du groupe) et Free Mobile, est la 400e fortune de France avec un patrimoine personnel
de 150 millions d’euros (voir graphique page suivante), certes bien loin de la 11e place détenue par Xavier Niel et ses 7,23 milliards.