Timeline

26 septembre
• Institut CSA et Dailymotion : « 47 % des Français ont déjà regardé une vidéo diffusée en direct sur Internet ».
• M6 annonce plus de 3 millions de votes sur 6Play avec Facebook dans le lancement de l’émission interactive Rising Star, pour 4,7 millions de téléspectateurs (un record).

25 septembre
• Les « Cnil » européennes (G29) propose à Google « un pack de conformité » sur la protection des données : http://lc.cx/Pack29
• Google répond à Rupert Murdoch qui l’a accusé le 08-09-14 d’« exploiter sa position dominante [son pouvoir écrasant] pour étouffer la concurrence ».
• Axelle Lemaire inaugure à Bercy le « jeudigital » mensuel dédié aux start-up de la
« French Tech ».
• L’Autorité de la concurrence, saisie par Orange, refuse de suspendre l’accord de mutualisation entre Bouygues Telecom et SFR.
• Apple chute en Bourse (- 3,8 %) suite des problèmes sur l’iPhone 6.
• Wuaki se lance en France (lire p. 5).
• YouTube et l’ESRA lancent un programme de création vidéo.
• EdRIP (Edmond de Rothschild) entre au capital de Thomson Video Networks (compression de vidéo).
• Havas Media : 45 % des internautes interrogés accepteraient le suivi de leurs données numériques contre de l’argent (500 euros/an).

La fin des Telcosaures ?

L’ère glaciaire des opérateurs télécoms n’est pas encore venue… Ces dinosaures, comme certains les appellent encore, sont toujours bien là. Ils ont même repris des forces
au moment où les besoins de l’économie numérique en bande passante n’ont jamais été aussi importants. Le désir de connectivité à très haut débit pour tous, à tout moment et en tout lieu, demande encore aujourd’hui des investissements gigantesques et continus que seuls sont capables de supporter des opérateurs puissants. A l’ombre de ces mastodontes qui se dévorent entre eux, notamment en Europe qui offre à leurs appétits une réserve de plus petits spécimens, se développent des opérateurs rapides et plus légers. L’histoire de ces lightoperators est jalonnée d’échecs et de succès. Ils occupent généralement des niches économiques particulières, celles des ruptures technologiques, du low cost et des faibles marges. Seuls quelques-uns, comme Free ou Vodafone ont su sortir du lot et grandir. Alors que la plupart apparaissent et disparaissent au grès des innovations techniques, des fusions-acquisitions et des nouvelles conditions de marché. C’est ainsi que les petits opérateurs d’aujourd’hui succèdent à une génération d’entreprises qui a été progressivement asphyxiée par la baisse tendancielle des prix (services voix, messagerie, haut débit) ou la progression des offres groupées, multi play et bundles en tout genre. Mais, loin des opérateurs historiques, de nouveaux entrants ont pris le relais en exploitant de nouveaux marchés viables. Ils apparaissent d’ailleurs dans un contexte déjà très dense, comme le montre le nombre des quelque 1.000 MVNO déjà recensés dans le monde en 2014. Le nombre élevé de ces opérateurs mobiles virtuels, louant leurs réseaux aux autres, prend en compte la prise de contrôle des plus importants d’entre eux par des groupes puissants. C’était le cas des MVNO dits complets (Full MVNO), comme Virgin Mobile en France ou Telenet aux Pays-Bas, maîtrisant l’essentiel des maillons clés, de la facturation aux fonctions de gestion de réseau – même si par définition ils n’étaient pas propriétaire de l’infrastructure radio.

« Ces light operators sont synonymes de low cost et de faibles marges, mais aussi de ruptures technologiques. »

Open Source, Creative Commons et Open Data : le partage numérique comme modèle économique

Après les logiciels libres en Open Source et les œuvres partagées Creative Commons, qui permettent aux internautes de disposer d’un droit de reproduction, de représentation et de modification de « l’oeuvre »,
une nouvelle étape de « liberté » numérique est franchie avec l’Open Data.

Par Christiane Féral-Schuhl*, avocate associée, cabinet Féral-Schuhl/Sainte-Marie

Le concept de partage, d’inspiration mutualiste et communautaire, n’est pas nouveau. Nous connaissions déjà les logiciels libres et les Creative Commons qui reposent sur un mécanisme simple : il s’agit, pour le titulaire des droits d’auteur, d’autoriser la libre circulation
du logiciel ou de l’oeuvre numérique, en imposant sa plus large diffusion. Ce dispositif, dénommé copyleft, inverse la finalité du copyright : celui-ci ne doit pas permettre la réservation privative
de l’oeuvre mais vise à interdire son appropriation par autrui de manière à assurer
le partage de l’oeuvre et son évolution.

* Christiane Féral-Schuhl, ancien bâtonnier du Barreau de Paris.

Fréquences : télévision et télécoms toujours opposées

En fait. Le 1er septembre, Pascal Lamy – ancien DG de l’OMC – a remis à la Commission européenne son rapport sur « l’utilisation future de la bande UHF pour la TV et le haut débit sans fil ». Il a été présenté « sous sa seule responsabilité » car télévision et télécoms ne se sont pas mises d’accord.

En clair. Ce sera à la nouvelle Commission européenne, qui sera installée en novembre prochain, de faire des propositions à partir de celles de Pascal Lamy, lequel a présenté le rapport « en son nom seul car des désaccords n’ont pu être résolus entre les représentants des deux secteurs [audiovisuel et télécoms] au sein du groupe de travail qu’il présidait ». C’est sur le dividende numérique – fréquences des 700 Mhz (1) libérées après l’extinction de la diffusion analogique de la télévision et convoitées par les opérateurs mobiles – que se situe la pomme de discorde.
Trois Etats membres, Allemagne, Finlande et Suède, ont déjà décidé d’attribuer une partie de ces fréquences à l’Internet mobile haut débit. La France, elle, s’apprête à
les suivre dans cette voie après les premières orientations confirmées en juin 2013
lors du congrès de l’ANFR (2) par Fleur Pellerin, alors ministre déléguée à l’Economie numérique (aujourd’hui ministre de la Culture et de la Communication). Certains pays européens sont ainsi tentés d’avancer le calendrier pour récolter des milliards d’euros espérés de la mise aux enchères de ces ressources rares. Pour éviter un patchwork dans l’affectation des fréquences Europe, avec le risque d’interférences avec les services audiovisuels, Pascal Lamy propose « une formule “2020-2030-2025” »,
à savoir : la bande de 700 MHz devrait être totalement affectée au haut débit sans
fil dans toute l’Europe d’ici à 2020 – « avec une tolérance de deux ans », de façon à pousser l’audiovisuel à investir de nouvelles technologies de compression (Mpeg4, DVB-T2, HEVC, …). En échange de cette perte d’environ un tiers de ses fréquences, l’audiovisuel (télévisons et radios) serait assuré de garder ses autres fréquences UHF (inférieures à 700 Mhz) jusqu’en 2030.
Cette perspective lointaine « préoccupe » la GSMA qui regroupe les opérateurs mobiles dans le monde et demande un calendrier plus resserré. Tandis qu’un bilan devrait être fait d’ici à 2025 pour « évaluer l’évolution des technologies et du marché ». Malgré six mois de discussions, la « mission de maintien de la paix » (dixit Pascal Lamy) entre l’audiovisuel et les télécoms n’a donc pas réussi à trouver de consensus. Pourtant le temps presse, avant la Conférence mondiale des radiocommunications (CMR) qui se tiendra en novembre 2015 à Genève sous la houlette de l’Union internationale des télécommunications (UIT). @

Google Search : la fausse bonne idée du « dégroupage »

En fait. Les 9 et 10 septembre se sont tenues deux conférences, à Berlin et à Bruxelles, sur le thème « Internet and Neutral Search », organisées par l’Open Internet Project (OIP) et les associations européennes des éditeurs de quotidiens (ENPA) et magazines (EMMA). Mais Google est-il un « France Télécom » ?

En clair. L’Open Internet Project (OIP), association européenne créée en mai dernier
à l’initiative franco-allemande d’Axel Springer, de Lagardère et de CCM Benchmark (1), entend dissuader la Commission européenne de clore son enquête sur Google soupçonné d’abus de position dominante avec son moteur de recherche. L’un de
ses membres fondateurs, Lagardère Active via sa filiale LeGuide.com (comparateur
de prix), avance une solution radicale : le dégroupage de Google ! C’est un ancien dirigeant de France Télécom – ancien PDG de Wanadoo, artisan du triple play et de
la Livebox – qui milite dans ce sens. Et en connaissance de cause : Olivier Sichel, aujourd’hui PDG de LeGuide.com, n’y va pas par quatre chemins : «Si l’Europe se décidait à mettre en oeuvre le dégroupage de Google en donnant accès – dans des conditions acceptables – à cette nouvelle boucle locale qu’est le moteur de recherche général, beaucoup d’entreprises européennes relèveraient le challenge, offrant aux Européens le luxe du choix », écrit-il dans une tribune passée presque inaperçue cet été (2).