Notification des violations de données personnelles : régime juridique bientôt élargi, source d’incertitudes

Accès frauduleux à des données de santé, piratage de données personnelles, divulgation de photos hébergées sur le cloud portant atteinte à la vie privée, perte d’informations relevant du secret bancaire,…:les failles de sécurité des systèmes d’informations les plus performants défraient la chronique.

Par Christophe Clarenc (photo) et Merav Griguer, cabinet Dunaud, Clarenc Combles & Associés

Les organismes, entreprises ou établissements publics ont l’obligation légale de garantir la sécurité des données à caractère personnel qu’ils traitent ou qui sont traitées pour leur compte par des prestataires. Cette obligation résulte de la loi « Informatique et Libertés », selon laquelle « le responsable du traitement est tenu de prendre toutes précautions utiles, au regard de la nature des données et des risques présentés par le traitement, pour préserver la sécurité des données et, notamment, empêcher qu’elles soient déformées, endommagées, ou que des tiers non autorisés y aient
accès » (1).

Vidéos courtes au Mipcom : le format qui en impose

En fait. Du 13 au 16 octobre, s’est déroulé à Cannes la 30e édition du Marché international des contenus audiovisuels (Mipcom), organisé par l’anglo-néerlando-américain Reed Elsevier : plus de 4.500 acheteurs, dont 1.000 du monde digital, et 13.500 visiteurs s’y sont rendus. Le contenu court s’impose.

En clair. La jeune génération tweete en 140 caractères et apprécie ce qui est bref,
court et concis. C’est le secret des Internet Natives, plus agiles à cliquer que leurs aînés à zapper. Ce n’est pas un hasard si Twitter et Maker Studios faisaient partie
des « keynotes » du 30e Mipcom. « Il y a un déplacement massif de la télévision traditionnelle vers les vidéos courtes sur Internet », a déclaré Ynon Kreiz, PDG de Maker Studios depuis mai 2013, lui qui fut PDG d’Endemol et auparavant encore ancien dirigeant Fox Kids Europe.
Maker Studios, qui est une start-up créée en 2009 et rachetée en mars dernier par Disney pour un demi-milliard de dollars (1), diffuse plus de 55.000 chaînes de vidéos sur YouTube et Dailymotion – également accessibles via son site web Maker.tv ou sa
« Maker box ». Il s’agit d’un Multi-Channel Networks (MCN), ou réseau multi-chaînes, dont le principe de diffusion sur YouTube ou sur Dailymotion, s’impose dans le paysage audiovisuel mondial (PAM) et revendique des audiences massives – 8,5 milliards de vues par mois et plus de 550 millions d’abonnés dans le monde pour Maker Studios –
à faire pâlir les chaînes traditionnelles mais très recherchées par les annonceurs. Les vidéos de ces chaînes sont courtes et très appréciées des jeunes de 15-25 ans : elles durent le plus souvent moins de 4 minutes, voire autour de 2 minutes, plébiscitées par les mobinautes. En France, où l’on compte quelque 35 millions de personnes regardant des vidéos sur Internet, Maker Studios arrive en huitième position des sites vidéo (2) avec 7,4millions de visiteurs uniques sur un mois (en juillet 2014, selon ComScore). Pour Ynon Kreiz, « les formats courts sont des nouveaux médias » qui sont destinés à être partagés sur les réseaux sociaux et à monétiser avec de la publicité ultra-courte.

En disant « non » à Netflix, Free protège Canal+

En fait. Le 21 octobre, s’est tenu le 20e colloque NPA-Le Figaro : « Horizon
2020 ». Parmi les intervenants : Bertrand Meheut, président du groupe Canal+, dont Free est le premier distributeur. C’est ce qu’a indiqué Rodolphe Belmer,
DG de Canal+, le 17 octobre aux Rencontres cinématographiques de Dijon.

En clair. 2004-2014. En dix ans, Free s’est imposé comme le premier distributeur de Canal+ grâce à une alliance objective entre la filiale d’Iliad et celle de Vivendi. C’est
la raison pour laquelle Free a refusé de distribuer Netflix. « La résistance nationale [à Netflix] est tombée assez vite. (…) Malheureusement, nos trois concurrents [Bouygues Telecom, SFR et Orange] ont rendu les armes en l’espace de quelques semaines. On avait pourtant les capacités collectivement de résister. Comme Canal+, on a intérêt économiquement à préserver notre modèle. On gagne de l’argent lorsque l’on distribue Canal+ mais beaucoup moins si l’on signe avec ces OTT », a justifié Maxime Lombardini, DG du groupe Iliad, le 17 octobre aux Rencontres cinématographiques. Free a ainsi engrangé une bonne partie des 6,1 millions d’abonnés individuels (1) que compte aujourd’hui la chaîne cryptée (520.000 abonnés à CanalPlay inclus). Et ce,
en multipliant les offres promotionnelles à Canal+ ou à CanalSat : notamment celle à
1 euro par mois pendant un an, lorsque ce n’est pas à 19,90 euros mensuels sur un
an au lieu des 39,90 euros habituels. Free a ainsi fait de Canal+ un produit d’appel
pour recruter rapidement ses propres clients et atteindre aujourd’hui 5,6 millions d’abonnés haut débit (2). « Nous avons établi des liens très proches avec les FAI.
Nous souhaitons garantir la qualité à nos clients. C’est la raison pour laquelle nous avons depuis 2004 des relations très étroites avec Orange, SFR, Free et Bouygues Telecom », a expliqué Bertrand Meheut, président du directoire du groupe Canal+,
lors du colloque de NPA Conseil.
A Dijon, Rodolphe Belmer, son DG, a été plus dissert : « Nous reversons à nos chers opérateurs de téléphonie plus de 150 millions d’euros par an de redevances. (…) Free est le plus grand vendeur de Canal+ en France… Il faut le remercier mille fois, même
si cela nous coûte très cher ! ».
Ce que Maxime Lombardin a confirmé : « Il y a une spécificité française, c’est que l’on
a des box que les opérateurs (comme nous) contrôlent. Cela leur permet, dans une quinzaine de foyers français qui reçoivent la télévision par ces box, de tenir la “tête de gondole” (c’est un peu trivial) : ce sont les FAI qui décident ce qu’il vont pousser ; c’est comme ça que l’on est – comme le dit Rodolphe – le premier distributeur de Canal+
(en dehors d’eux-mêmes). C’est pas par hasard ». @

Radio sur IP et RNT : deux écosystèmes se font entendre

En fait. Le 13 octobre, se sont tenues les 4e Rencontres Radio 2.0 Paris, organisées autour des webradios à la Maison de la Radio (Paris) – dans le mythique Studio 105 – par ActuOnda et Les Editions de l’Octet. Le même jour, l’Alliance pour la RNT était lancée par le Sirti, le SNRL et WorldDMB.

En clair. Deux conceptions de la radio numérique s’affrontent plus que jamais en France pour savoir quel modèle radiophonique l’emportera et aura les oreilles attentives des auditeurs. La radio sur IP, qui regroupe les webradios, les smart radios et les services en ligne de streaming audio, est-elle complémentaire ou substituable à la
radio par voie hertzienne, laquelle est notamment diffusée sur la bande FM ou plus récemment sur la RNT ? Au moment où le CSA (1) s’apprête, pour cet automne, à rendre au Parlement (avec un an de retard) son rapport sur l’avenir numérique de la radio en général et de la RNT en particulier, deux mondes de la radio se constituent peu à peu. D’un côté, plusieurs milliers de webradios ont opté pour un écosystème de radios sur IP – gratuites et financées par la publicité en ligne ou payant sous la forme d’abonnements (c’est selon). De l’autre, une centaine de radio hertziennes en RNT pour l’instant – elles aussi gratuites et financées par la publicité – se sont lancées dans le numérique hertzien avec meilleure qualité que la FM. D’un côté, les grands groupes privés Lagardère, RTL Group, NRJ Group et NextRadioTV – rejoint par Radio France (hôte des Rencontres Radio 2.0) – préfèrent la radio sur IP à la RNT qu’ils considèrent comme non viable économiquement. De l’autre les radios indépendantes (membres du Sirti ou du SNRL), dont une centaine émettent sur Paris, Marseille et Nice où le lancement de la RNT a eu lieu le 20 juin – en attendant que le CSA lance de nouveaux appels à candidatures sur d’autres agglomérations.
Le 22 septembre dernier, le SNRL dénonçais « le silence assourdissant » du CSA et du gouvernement (2). De leur côté, les quelque 12.000 webradios en France organisent leur foisonnement : l’OJD (3) certifie chaque mois depuis un an l’audience des radios diffusées sur Internet ; Kantar Media établit un baromètre de la Radio 2.0. Mais le Syndicat interprofessionnel des radios et télévisions indépendantes (Sirti), le Syndicat national des radios libres (SNRL) et l’organisation professionnelle internationale WorldDMB n’en démordent pas : « La RNT constitue la continuation numérique logique de la radio hertzienne : elle garantit la gratuité, l’anonymat et le caractère illimité de l’écoute du média, offre une nouvelle expérience de la qualité sonore, développe l’interactivité et permet de renforcer le pluralisme des programmes ». @

Radio 2.0 : « Radio multimédia » ou « télé simplifiée » ?

En fait. Le 13 octobre, Charles Bebert, fondateur de Kane, société d’études et de benchmarking sur la radio et la télévision, a présenté – lors des 4e Rencontres Radio 2.0 Paris – les deux grandes tendances de la « radio visuelle » que sont pour lui la « radio multimédia » et la « télé simplifiée ».

En clair. « La radio est en train d’évoluer selon deux axes différents, la radio multimédia et la télé simplifiée, qui ne sont pas totalement contradictoires ». C’est en substance
ce que constate Charles Bebert, DG de Kane. Après les premières expériences de
« radio réalité » (simple captation vidéo du studio par une seule caméra et diffusion sur Internet) et de « radio filmée » (captation par plusieurs caméras et diffusion en ligne agrémentée d’illustrations graphiques), deux tendances radio-visuelles apparaissent (voir schéma ci-contre) :
• La « radio multimédia » qui mêle mise en images, services à valeur ajoutée, interactivité (radio+web+mobile+médias sociaux).
• La « télé simplifiée » qui tend à faire de la vraie TV, riche en vidéo HD, avec éclairage renforcé, décors et mur d’images (simulcast radio-TV, voire TV seule). Dans les deux cas, la radio recourt pour sa production (workflow) à des outils de cross media et de
« bus multimédias », ainsi qu’aux métadonnées. Avec la radio, on n’a donc encore
rien vu… @