Président de Google Europe, Matt Brittin est en première ligne dans l’attente du verdict de Bruxelles en juin

Président de Google pour la région EMEA depuis décembre 2014, Matt Brittin défend bec et ongles – voire avec arrogance – les intérêts du géant du Net. Lui et la directrice des affaires publiques internationales de la firme de Mountain View, Caroline Atkinson, ont été entendus en mai à Bruxelles. Verdict imminent.

Matt Brittin 2La Polonaise Elzbieta Bienkowska, commissaire européenne
en charge du Marché intérieur et de l’Industrie, a reçu le 3mai dernier à Bruxelles le Britannique Matt Brittin (photo), président de Google Europe. Quelques jours après cet entretien d’où rien n’a filtré, ce fut au tour de l’Américaine Caroline Atkinson, directrice de la politique internationale de Google depuis janvier (après avoir été conseillère économique de Barack Obama), d’être convoquée pour rencontrer le 19 mai l’Estonien Andrus Ansip, vice-président de la Commission européenne, chargé
du Marché numérique unique. Ces échanges au sommet annoncent un dénouement prochain de l’enquête au long cours menée depuis 2010 sur Google, accusé d’abus de position dominante en Europe avec son moteur de recherche. Il en va dans cette affaire de la crédibilité de l’exécutif européen qui a pris son temps pour l’instruire (1) (*) (**).

Bruxelles ? « De braves gens mal informés » (Matt Brittin)
Selon le Sunday Telegraph du 15 mai dernier, la firme de Mountain View (Californie) dont le siège européen est à Dublin (Irlande) pourrait écoper début juin d’une amende d’environ 3 milliards d’euros pour avoir manipulé les résultats de son moteur de recherche afin de favoriser ses propres services au détriment de ceux équivalents de la concurrence.
Si cette sanction financière se confirmait, ce serait un record – bien que la Commission européenne soit en droit de pouvoir infliger une amende pouvant aller jusqu’à 10 % du chiffre d’affaires global de Google, soit quelque 7,5 milliards de dollars !
Le dernier record qui pourrait être ainsi largement battu est détenu par le numéro un mondial des microprocesseurs Intel épinglé en 2013 à hauteur de 1,06 milliard d’euros pour entrave à la concurrence. L’exécutif européen n’est-il pourtant pas constitué que
« de braves gens qui essaient de s’informer sur le monde, et peut-être pourraient-ils être mieux informés qu’ils ne le sont », comme l’affirmait avec une pointe d’arrogance Matt Brittin dans une interview au Financial Times le 17 avril dernier ? « Il y a des endroits et des intérêts en Europe où le premier réflexe est de otéger le passé du futur. Il y a un travail de formation à faire ici. Nous et d’autres avons beaucoup à faire », avait-il même ajouté quelque peu méprisant.

Moteur, Android, Bermudes, …
Président de Google pour la région EMEA (2) depuis décembre 2014, cet ancien directeur de la stratégie et du numérique du groupe de presse britannique Trinity Mirror sera en première ligne lorsque le verdict de la Commission européenne va tomber. Il n’a d’ailleurs pas échappé à la Danoise Margrethe Vestager, commissaire européenne en charge de la Concurrence, que Google a – en pleine enquête anti-trust – modifié ses algorithmes pour encore plus prospérer face à ses concurrents désavantagés. A cette tactique s’est ajouté un comportement jugé dilatoire par Bruxelles pour retarder l’issue de l’enquête. Sans parler d’une réorganisation de sa gouvernance en Europe effectuée il y a plus d’un an maintenant : c’est à ce moment-là que Matt Brittin, jusqu’alors vice-président du Nord et du centre de l’Europe, a vu ses responsabilités étendues à tout le Vieux Continent. Son alter ego chez Google pour le Sud et l’Est de l’Europe, Carlo d’Asaro Biondo, bien plus connu en France, est devenu, lui, président EMEA des relations avec les partenaires commerciaux.
Et encore, cette sanction financière record qui pend au nez du numéro un des moteur de recherche – avec 95 % de parts de marché des requêtes sur l’Internet européen – pourrait être suivie ultérieurement par une autre amende portant cette fois sur le système d’exploitation Android pour smartphones. Ce deuxième front a été ouvert en avril dernier par la Commission européenne (3). « On verra où tout cela mènera. Il est normal, vu l’importance d’Android dans le panorama européen que la Commission européenne fasse des contrôles », a estimé à Paris Carlo d’Asaro Biondo, devant l’Association des journalistes médias (AJM) le 22 avril. Et comme « Jamais deux sans trois », un troisième front est en outre ouvert à l’encontre de Google : la fiscalité. Matt Brittin, qui est basé à Londres, a été convoqué en février par Parlement britannique pour s’expliquer sur le peu d’arriérés d’impôts que Google s’est engagé à payer au Royaume-Uni sur dix ans (2005-2015) – seulement 167 millions d’euros (4). S’il a assuré aux députés que son groupe payait au fisc britannique 20 % d’impôt sur les sociétés, il n’a en revanche pas su dire quel salaire il touchait – provoquant l’ire de la présidente commission des comptes publics à la Chambre des communes. Google fait l’objet de redressements fiscaux dans d’autres pays européens tels qu’en France où il serait question de 1,6 milliard d’euros d’arriérés à payer – sur fond d’« enquête préliminaire pour fraude fiscale aggravée et blanchiment en bande organisée de fraude fiscale aggravée » (dixit le Parquet financier le 24 mai). Matt Brittin s’est fait connaître publiquement il y a quatre ans en défendant les pratiques d’« optimisation fiscale » de Google en Europe via une filiale aux Bermudes. Il n’a eu de cesse depuis d’expliquer que les employés britanniques de la firme de Mountain View ne s’occupent que de
« promotion », bien qu’il reconnaît le paiement à ces derniers de commissions sur les ventes conclues par la filiale irlandaise.

Quant à Caroline Atkinson, elle est directrice des affaires politiques internationales
de Google depuis le mois de mars. Basée à Washington après avoir été à la Maison Blanche, en tant que conseillère de Barack Obama pour les affaires économiques et
la sécurité nationale, cette diplomate américaine n’a sans doute pas été étrangère
aux propos lapidaires que le président des Etats-Unis avait tenus en février 2015 à l’adresse du Vieux Continent : « Nous avons possédé Internet. Nos entreprises l’ont créé, développé et amélioré de telle manière que l’Europe ne puisse pas lutter », avait-il lancé dans une interview au site web Re/code. Et à propos de l’enquête de Bruxelles sur Google : « La réponse européenne est parfois plus dictée par des intérêts commerciaux qu’autre chose ».
Pourtant, l’Europe n’est pas la seule à s’intéresser aux agissements de Google. L’autorité de la concurrence américaine, la Federal Trade Commission (FTC), se penche elle aussi sur les risques d’abus de position dominante du numéro un des moteurs de recherche. Selon le site web Politico du 11 mai, une enquête pourrait
être déclenchée à la suite d’une plainte d’une entreprise américaine. Ce n’est pas
la première fois que la FTC a des soupçons sur Google.com : en 2013, elle avait finalement renoncé à poursuivre le géant de Net faute de preuve. Le 26 avril dernier, le Wall Street Journal révélait que la FTC cherchait à savoir – à l’instar de la Commission européenne – si Google abusait de sa position dominante avec Android.

Après l’Europe, les Etats-Unis ?
« Google se livre aux mêmes pratiques anti-concurrentielles, injustes et abusives aux Etats-Unis. Nos autorités de la concurrence doivent aller de l’avant et faire leur travail, au lieu de laisser les Européens le faire pour eux », a déclaré en avril John Simpson, ancien journaliste devenu défenseur des consommateurs au sein de l’organisation américaine Consumer Watchdog. Cela n’empêche pas que l’offensive européenne contre la firme de Mountain View soit perçue aux Etats-Unis, notamment par l’influente CCIA (Computer & Communications Industry Association) dont est membre Google aux côtés de d’Amazon, eBay, Facebook, Microsoft, Yahoo ou encore Samsung, comme une attaque contre l’innovation. @

Charles de Laubier

Jean-Paul Baudecroux vient d’avoir 70 ans et la question de sa succession à la tête du groupe NRJ se pose

Le fondateur et principal actionnaire du groupe NRJ, Jean-Paul Baudecroux,
a eu 70 ans le 11 mars dernier. Trente-cinq ans après avoir lancé sa radio libre,
le PDG du groupe devenu multimédia songe plus que jamais à sa succession. Son mandat d’administrateur s’achève le 19 mai prochain, mais il devrait être renouvelé.

Maryam Salehi va-t-elle succéder à Jean-Paul Baudecroux (photo) à la tête du groupe NRJ ? La question peut paraître abrupte, mais elle se pose plus que jamais maintenant que
le fondateur et président du conseil de surveillance du groupe multimédia vient d’avoir 70 ans. Directrice déléguée
à la direction générale, Maryam Salehi est le bras droit de
ce dernier en tant que vice-présidente du conseil d’administration. D’origine iranienne, cette juriste de formation est le pilier du groupe NRJ qu’elle a contribué à redresser à partir des années 2010. A tel point que le fondateur et principal actionnaire – 69,3 % des actions et 86,8 % des droits de vote – la surnomme depuis « bulldozer » ! La numéro deux semble toute destinée à devenir la numéro un, lorsque Jean-Paul Baudecroux aura décidé de quitter ses fonctions et d’organiser sa succession à la tête du groupe qu’il a fondé il y a maintenant trente-cinq ans. « Monsieur Baudecroux ne souhaite faire aucun commentaire. Sa succession n’est pas à l’ordre du jour », nous a fait-il répondre par son assistante. A 70 ans, depuis le 11 mars dernier, il va terminer le mois prochain son mandat en cours, lequel devrait être renouvelé lors de l’assemblée générale annuel fixée au 19 mai. Comme la limite d’âge avait été reportée il y a six ans à 80 ans, le patron devenu patriarche a encore potentiellement une décennie devant lui – soit jusqu’en mars 2026.

Trois enfants, une compagne et un « bulldozer »
Mais il n’a pas attendu de devenir septuagénaire pour commencer à se préoccuper de sa succession. Lorsqu’il a eu des problèmes de santé au printemps 2014, l’éloignant plusieurs semaines des affaires, il avait alors pris cette année-là des premières mesures personnelles pour parer à toute éventualité. C’est ainsi qu’il a procédé –
par acte notarié signé le 25 juin 2015 – à une donation partage au profit de ses trois enfants portant sur « la nue-propriété de 8.275.863 actions NRJ Group, soit 2.758.621 actions par enfant », à hauteur de 10,5 % du capital du groupe, dont il ne détient plus que 69,3 %. depuis. Mais ces parts ont été attribuées dans le cadre d’un « concert familial » qui cumule, avec les actions de Jean-Paul Baudecroux, 79,9 % des actions
du groupe et 86,8 % des droits de vote. Les trois enfants doivent trouver une position commune avec leur père qui garde néanmoins en tant qu’usufruitier les droits de vote sur les résolutions concernant le résultat financiers du groupe. Cette donation partage avait été déclarée l’AMF (1) en juillet 2014, puisque le groupe NRJ est coté à la Bourse de Paris pour près de 20 % de son capital.

La radio compense les pertes de la télé
Parallèlement, toujours en 2014, Jean-Paul Baudecroux avait signé six pactes
« Dutreil », à savoir des engagements de conservation des actions, avec : sa compagne et mère de ses trois enfants la Suédoise Vibeke Anna Röstrop pour quatre d’entre eux, et son bras droit Maryam Salehi pour les deux autres. Selon le Code général des impôts (article 787 B), « sont exonérées de droits de mutation à titre
gratuit, à concurrence de 75 % de leur valeur, les parts ou les actions d’une société
(…) transmises par décès ou entre vifs si les conditions suivantes sont réunies [conservation d’une durée minimale de deux ans, engagement collectif de conservation sur au moins 20 % des droits financiers et des droits de vote, etc, ndlr]». Bref, Jean-Paul Baudecroux a bien commencé à préparer l’« après-Baudecroux » en posant les jalon d’une transmission d’actions, mais force est de constater que depuis deux ans aucune autre disposition n’a été prise dans ce sens.
Quoi qu’il en soit, le PDG fondateur a dû fêter ses 70 ans quelque peu contrarié par les piètres performances du pôle télévision de son groupe. Le 18 mars dernier, il a estimé que la chaîne NRJ 12 avait eu « un accident industriel » en 2015 à cause d’« erreurs éditoriales » (2). Pire : lancée il y a plus de dix ans maintenant, cette chaîne – qui a toujours perdu de l’argent – ne dépasse pas 1,8 % de part d’audience nationale (7,2 millions de téléspectateurs par jour en moyenne) et a même perdu 0,1 point de part d’audience en un an. Et il n’y a pas vraiment à attendre grand chose de son passage
à la HD le 5 avril dernier, comme les autres chaînes de la TNT.
Le résultat opérationnel du pôle Télévision, accusant un déficit de 37,1 millions d’euros (accru de 50 % en un an) pour un chiffre d’affaires de 83 millions d’euros, a été grevé par le coût élevé des grilles des deux chaînes gratuites, NRJ 12 et Chérie 25. Mais Jean-Paul Baudecroux a pu trouver dans les performances de son groupe en 2015 un motif de consolation : le bénéfice net est reparti à la hausse après quatre ans de baisse à 22,6 millions d’euros, soit un bond de plus de 150% (3). C’est le pôle Radio, premier métier et activité historique du groupe, qui apporte au groupe sa rentabilité avec ses quatre réseaux nationaux – NRJ (6,3 millions d’auditeurs chaque jour, ce qui en fait la première radio de France selon Médiamétrie), Nostalgie (3,1 millions), Chérie FM (2,4 millions) et Rire et Chansons (1,5 million).

NRJ croit aux webradios, pas à la RNT
Quant à l’offre digitale du groupe, elle est forte de 220 webradios qui font de NRJ la numéro un en France des radios sur Internet (selon l’ACPM), 7 applications mobile,
une offre de replay TV sur Internet et sur les téléviseurs connectés, sans parler de 8 sites web. En revanche, NRJ boude la radio numérique terrestre (RNT) à laquelle Jean- Paul Baudecroux ne croit pas du tout (lire ci-dessous). Le groupe NRJ fut pourtant par le passé candidat à la RNT ! Sa filiale de diffusion audiovisuelle Towercast était même partie prenante dès 2007… Mais la première radio de France avait finalement retiré sa candidature en mai 2012 « face aux très importantes incertitudes économiques et techniques entourant le projet ». @

Charles de Laubier

Défaut de consentement préalable des internautes avant tout cookie : la Cnilmet en demeure et va sanctionner

La Cnil multiplie ses contrôles auprès des sites web, régies publicitaires et réseaux sociaux pour épingler ceux – une cinquantaine d’éditeurs à ce jour –
qui déposent des cookies sans en informer les internautes ni recueillir leur consentement préalable. Après les mises en demeure, les sanctions financières vont tomber.

Selon nos informations, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) s’apprête pour la première fois à sanctionner des éditeurs de sites web, de presse en ligne et de réseaux sociaux, ainsi que des régies de publicité sur Internet, pour non respect de la législation sur les cookies. Sa prochaine formation restreinte composée de six membres et seule habilitée à prononcer des sanctions se réunira le 21 avril prochain. Les condamnations financières peuvent atteindre un montant maximum de 150.000 euros, et, en cas de récidive, portées jusqu’à 300.000 euros (1).
Certaines sanctions pourraient être rendues publiques si elles étaient assorties de l’obligation d’insérer la condamnation dans des journaux et sur le site web incriminé
– et ce, aux frais de l’éditeur sanctionné. L’autorité reproche aux éditeurs Internet de
ne pas recueillir le consentement préalable de chaque internaute ou mobinaute avant de déposer sur son ordinateur ou son mobile un cookie ou un traceur. Après plus de 500 contrôles sur place et/ou en ligne menés depuis la fin du troisième trimestre 2014 auprès des éditeurs de services et de presse en ligne, et malgré quelque 50 mises
en demeure notifiées depuis juin 2015, les premières sanctions vont tomber. « Des échanges ont été organisés avec les éditeurs de site de presse et se poursuivent encore actuellement », nous a répondu une porte-parole de la Cnil que préside Isabelle Falque-Pierrotin (photo).

Des « mouchards » déposés à l’insu des internautes
La Cnil estime que ces « récidivistes » sont en infraction au regard de l’ordonnance du 24 août 2011, laquelle avait modifié la loi « Informatique et Libertés » de 1978. Malgré le rappel à la loi par délibération de la Cnil (2) du 5 décembre 2013 (3), il est reproché aux éditeurs en ligne de ne pas informer suffisamment les internautes avant le dépôt de ces petits mouchards électroniques logés dans leurs terminaux (ordinateur, smartphone ou tablette) et surtout de ne pas recueillir leur consentement avant de procéder à leur installation. Lorsque ce n’est pas l’absence d’opt-out permettant au visiteur de s’opposer au dépôt de traceurs chargés d’espionner sa navigation, comme avec le cookie « Datr » de Facebook (mis en demeure par la Cnil), voire à la collecte de données sur son terminal.

Bras de fer entre les éditeurs et la Cnil
Les cookies ou trackers servent aux éditeurs de service, régies publicitaires ou encore réseaux sociaux à analyser la navigation personnelle de chaque internaute ou mobinaute, ses déplacements, ses habitudes de consultation ou de consommation, afin de lui proposer des publicités ciblées ou des services personnalisés. La quasi totalité du marché de la publicité en ligne – 3,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2015 en France (4) – s’appuie sur l’existence de ces petits traceurs indiscrets. Contacté par Edition Multimédi@, le secrétaire général du Groupement des éditeurs de contenus et de services en ligne (Geste), Emmanuel Parody, indique que « le point délicat concerne l’interprétation de la Cnil sur la notion de consentement au moment du dépôt du cookie de première visite ». Et d’expliquer : « La Cnil souhaite qu’aucun cookie ne soit chargé tant que le visiteur n’a pas donné son consentement préalable. Nous sommes parvenus à faire valoir les exceptions pour certains cookies analytics (mesure d’audience), mais cette mesure est très compliquée à mettre en oeuvre et génère une perte de revenus ». Selon la DG du Geste, Laure de Lataillade, également jointe, les éditeurs ont calculé que l’application d’une telle mesure se traduirait par une baisse pouvant atteindre 20 % de leur chiffre d’affaires publicitaire. « Les éditeurs de sites web ont massivement déployé au cours des derniers mois le bandeau d’information. Ils s’efforcent par ailleurs de mettre en application toutes les autres obligations découlant de la recommandation et travaillent dessus avec leurs équipes et partenaires », plaide-t-elle. Selon nos informations, une douzaine de membres du Geste sont concernés par les mises en demeure de la Cnil et ses menaces de sanctions.
Ce groupement professionnel représente des éditeurs de presse tels que Le Figaro, Le Monde, La Croix, Le Nouvel Observateur, L’Equipe, La Tribune, Valeurs Actuelles, ainsi que TF1, M6, France Télévisions (France 2, France 3, …), Radio France (France Inter, France Info, …), Lagardère Active (Europe 1, Paris Match, JDD, …), Altice Media (Libération, L’Express, Stratégies, …), Mondadori, Prisma Media, Mediapart ou encore Skyrock. Le Geste n’est la seule organisation professionnelle à se rebiffer face aux exigences de la Cnil sur les cookies. Il y a aussi les syndicats de la presse magazine (SEPM), de la presse quotidienne nationale (SPQN), de la presse en région (UPREG), ainsi que le Bureau de la radio (Europe 1, RFM, Virgin Radio, RTL, RTL 2, Fun Radio, NRJ, Chérie FM, Rire & Chansons, Nostalgie, RMC, BFM). Tous ensemble, ils ont cosigné un courrier adressé récemment à la présidente de la Cnil pour dénoncer
l’« exception française » dont l’autorité fait preuve en menaçant de sanctions le fait
de déposer des cookies publicitaires sans le consentement préalable des utilisateurs. Ce qui serait, selon les éditeurs Internet, une application non fondée de la réglementation européenne en la matière. L’Allemagne, l’Italie, la Grande-Bretagne
ou encore l’Espagne n’ont pas, selon eux, une approche aussi « rigoriste » que celle
de la Cnil. « Dans aucun autre pays européen on ne rencontre cette interprétation extrême de la loi, ce qui crée une distorsion de concurrence dommageable », déplore Emmanuel Parody.
C’est une directive européenne « Service universel et droits des utilisateurs » (2009/136/CE) qui a posé « le principe selon lequel le stockage d’informations sur l’équipement d’un utilisateur ou l’accès à des informations déjà stockés, ne devaient être mises en oeuvre qu’avec le consentement préalable de l’utilisateur » (5). En réponse, Isabelle Falque-Pierrotin a reçu le 25 mars dernier des éditeurs et leurs organisations, auxquels elle a promis d’étudier les pratiques de ses homologues européens.
Selon une source, la Cnil n’exclut pas de fixer un moratoire sur les mises en demeure liées aux dépôts de cookies sans consentement préalable. Ce moratoire devrait être soumis au vote lors d’une prochaine réunion plénière. Quant aux contrôles, ils vont se poursuivre. L’autorité sera notamment inflexible sur la durée de vie – limitée à treize mois – des cookies à partir de leur premier dépôt dans le terminal : toujours pour peu que l’utilisateur ait exprimé son consentement préalablement (6). La Cnil demande en outre aux professionnels de se mettre d’accord sur de bonnes pratiques dans le traitement des données à caractère personnel – quitte à labelliser « Données propres » les services en ligne s’y conformant.

Ne pas tomber sous le coup de la loi
Des outils existent comme ceux proposés par AT Internet, Piwik, Google Analytics, Smart AdServer, Integral AdScience ou encore DFP peuvent en outre aider les éditeurs à paramétrer leurs services en ligne et à être dispensés du recueil du consentement lorsqu’il s’agit de mesurer l’audience (exemption accordée par la Cnil). Quant à l’adresse IP, elle doit être supprimée ou anonymisée une fois la géolocalisation effectuée, afin d’éviter toute autre utilisation de cette donnée personnelle ou tout recoupement avec d’autres informations relevant de la vie privée de l’utilisateur. @

Charles de Laubier

Le Syndicat national de l’édition (SNE) ne désarme pas contre Amazon, et craint l’auto-édition

Alors que, selon nos informations, Vincent Montagne n’exclut pas de se représenter pour un troisième mandat à la présidence du SNE, il a créé le poste de directeur général qu’il confie à Pierre Dutilleul (ex-Editis) – lequel a fait sa première apparition publique à l’occasion des Assises du livre numérique,
à l’ombre de… « l’Amazonie ».

Changement de direction à la tête du Syndicat national
de l’édition (SNE) : Christine de Mazières, qui en était déléguée générale depuis dix ans, réintègre la Cour des comptes. Elle est remplacée à partir du 1er avril par, cette fois, un directeur général. Il s’agit de Pierre Dutilleul (photo), ancien directeur délégué du groupe Editis (1) et, jusqu’en juin prochain, président de la Fédération des éditeurs européens (FEE). Il a été désigné dès janvier pour prendre la direction générale de ce syndicat qui représente 650 membres actifs en France – dont les grandes maisons d’édition : Hachette Livre/Lagardère Publishing (Grasset, Fayard, Stock, JC Lattès, Calmann-Lévy, Le Livre de Poche …), Editis (Nathan, Robert Laffont, Plon, Belfond, Julliard, Le Cherche Midi, Xo Editions, …), Madrigall (Gallimard, Flammarion, Casterman, …) et Media Participations (Dargaud, Dupuis, Le Lombard, Fleurus, …). Depuis trois mois, il travaille en binôme avec Christine de Mazières qui quitte ses fonctions le 31 mars. Sa première apparition publique en tant que DG du SNE a été pour assister le 16 mars dernier aux 16e Assises du livre numérique dans l’enceinte du Salon du livre de Paris (2). Avec 40 ans de service dans l’industrie du livre, Pierre Dutilleul – qui a par ailleurs été nommé en novembre dernier chevalier de l’ordre national du Mérite par décret du président de la République – va devoir se mettre… à la page dans le domaine du digital.

Christine de Mazières retourne à la Cour des comptes
Selon nos informations, Vincent Montagne, dont le mandat de président du SNE (depuis juin 2012) s’achève en juin prochain, n’exclut pas, lui, de se représenter pour un troisième mandat. PDG du quatrième groupe d’édition français, Media Participations, il a déjà remercié la déléguée générale du SNE pour ses bons et loyaux services :
« Christine de Mazières a profondément restructuré le syndicat, professionnalisé ses équipes et lui a permis de prendre collectivement les virages nécessaires liés aux profondes mutations que l’édition a connues avec notamment le développement du numérique. Elle a tout particulièrement œuvré pour l’obtention du prix unique du livre numérique, d’une TVA du livre harmonisée ou encore pour l’adaptation du contrat d’édition au numérique ».

L’auto-édition d’Amazon agace le SNE
L’ère « Dutilleul », elle, commence sur les chapeaux de roue : le premier communiqué du SNE depuis cette désignation surprise a été une véritable flèche lancée en direction de… Amazon. Il est daté du 15 mars dernier et s’en prend directement à « l’Amazonie » (sic) accusée de « promouvoir l’auto-édition ». Les maisons d’édition du syndicat reprochent au géant du Net d’organiser des ateliers sur Kindle Direct Publishing (KDP) – son service d’auto-édition – en partenariat avec le réseau Canopé qui est un établissement public à caractère administratif sous tutelle du ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.
Pour Amazon, ces ateliers – programmés de mars à octobre 2016 dans différentes villes françaises (3) – « permettront à la communauté éducative, qu’il s’agisse des enseignants, élèves, étudiants, ou parents d’élèves, de réaliser et publier des projets éditoriaux à caractère éducatif via l’utilisation de KDP ». Ces ateliers de formations dédiées à l’auto-édition sont proposés gratuitement et à tous. Afin d’évoquer ce partenariat, une table-ronde s’est même tenue le 17 mars dernier en plein cœur du Salon du livre, lequel est organisé par… le SNE, sur le stand KDP d’Amazon et en présence de Jean-Merriaux, directeur général de Canopé et de Eric Bergaglia, directeur de Kindle Direct Publishing France.
Le syndicat des éditeurs, pour qui s’en était trop, a interpellé explicitement Najat Vallaud-Belkacem, la ministre de l’Education nationale, tout en tirant à boulet rouge sur Amazon. « L’auto-édition serait-elle devenue la solution pour s’affranchir de l’édition (…). ? La priorité des enseignants (…) serait-elle de se former à l’auto-publication (…) ? », lui demande le SNE, qui dénonce courroucé « cette caution que semble apporter le ministère (…) à un acteur américain hégémonique dans le numérique » et « la promotion d’une auto-édition utilisant le format propriétaire d’un acteur hégémonique américain ». D’un ton accusateur, le syndicat fustige « l’alliance d’un opérateur d’Etat avec un acteur américain assez peu soucieux de la protection du droit d’auteur et au cœur de conflits avec l’édition ». Et ce, au moment où, selon lui, « le droit d’auteur est attaqué à Bruxelles notamment sous l’influence du lobby puissant des grands acteurs américains que sont les GAFA ». Cette salve en direction d’Amazon en dit long sur le degré de nervosité de la filière traditionnelle du livre en France, qui se sent
« amazonisée » – pour ne pas dire « ubérisée » – par les innovations numériques et les nouveaux usages liés non seulement aux ebooks mais aussi à l’auto-édition (lire page suivante). Le géant du e-commerce n’y va pas par quatre chemins pour attirer au Salon du livre les auteurs en mal d’édition, avec force ateliers, témoignages et conseils.
« Auteurs, venez tout découvrir l’auto-édition sur le stand KDP ». Comme l’an dernier, un « speed-dating de l’auto-édition » a été organisé pour permettre aux auteurs intéressés de présenter en 5 minutes son livre à un jury Les trois heureux gagnants vont maintenant voir leur livre auto-publié mis en avant sur Amazon.fr et dans l’espace « ebook indés » de KDP.
L’ironie de l’histoire est que le nouveau directeur général du SNE vient du groupe Editis, lequel a débauché en septembre dernier celle qui était depuis 2011… directrice des contenus Kindle d’Amazon France : Marie-Pierre Sangouard. Depuis six mois, elle est directrice de la stratégie digitale et marketing d’Editis. Or c’est justement elle qui a été en charge de développer l’auto-édition KDP dans les pays francophones, de mettre
en place le service par abonnement Kindle Unlimited – qui, il y a un an, avait posé un problème juridique aux éditeurs (4) – et de contribuer au lancement sur l’Hexagone de la maison d’édition Amazon Publishing. Comme quoi, les grands éditeurs ont beau regarder de travers la firme de Jeff Bezos, cela ne les empêchent pas d’y débaucher certains de ses meilleurs éléments !
Dans une de ses rares prises de parole, Marie-Pierre Sangouard avait accordé une interview exclusive à Edition Multimédi@ lorsqu’elle était encore chez Amazon (5).
« L’émergence de l’auto-édition en ligne, qui permet la découverte de nouveaux talents littéraires, est une des révolutions majeures de ces dernières années. Il s’agit d’un tremplin unique qui a permis à de nombreux talents d’émerger », nous avait dit celle qui fut directrice marketing d’Hachette Livre (1995-1998), puis de Flammarion (2001-2005), avant de devenir DG des Editions J’ai lu chez Flammarion (2001-2005) (6).

Marie-Pierre Sangouard, d’Amazon à Editis
Recontactée par nos soins sur l’auto-édition, elle nous répond aujourd’hui que « les maisons d’édition françaises comme Editis voient dans l’auto-édition à la fois une nouvelle concurrence et à la fois une source de réflexion quant aux possibles nouveaux développement de leur métier d’éditeur ». Concernant l’affaire Amazon-Canopé, Marie-Pierre Sangouard estime que « sur ce sujet, la réaction des éditeurs que nous sommes paraît légitime : il s’agit surtout de clarifier les positions des instances éducatives quant à la concurrence public/privé et aux ressources et moyens alloués aux différents acteurs de l’éducation ». Les frictions entre l’ancien monde et le nouveau ne sont pas prêtes de s’arrêter. @

Charles de Laubier

Nouveau PDG de TF1, Gilles Pélisson passera-t-il sous la barre des 20 % de part d’audience ?

La hantise de la chaîne TF1 est de passer sous la barre des 20 % de part d’audience nationale, après avoir caracolé à plus de 30 % il y a dix ans encore. Gilles Pélisson, qui n’est pourtant pas un homme de télévision, va devoir relever le plus grand défi d’un PAF chamboulé par le numérique et la fragmentation de l’audience.

Et si Gilles Pélisson (photo), le nouveau PDG du groupe TF1, devenait celui qui verra la première chaîne passer sous la barre des 20 % de part d’audience ? On n’en est pas loin. Au rythme où va l’érosion, ce plancher pourrait être enfoncé dès cette année. Ce serait sans précédent pour la chaîne historique, dont la part d’audience est descendue à seulement 20,6 % en janvier, heureusement suivi d’un léger rebond à 21,6 % en février (voir tableau p.10). Les premiers mois de l’ère « Pélisson » seront décisifs. Le successeur de Nonce Paolini, véritablement en fonction depuis le 19 février dernier, hérite d’une tendance baissière de TF1 constatée depuis maintenant dix ans. En effet, la doyenne des chaînes de télévision généralistes françaises a déjà perdu de sa superbe et a vu l’aura de son antenne chuter de 30,7 % de part d’audience nationale moyenne en 2007 à 21,4 % en 2015, soit une perte de près de dix points. Le déclin de TF1 semble inéluctable, bien que la chaîne du groupe Bouygues reste pour l’instant encore la plus regardée de l’Hexagone, surtout en prime time où elle a réalisé 98 des 100 meilleures audiences de l’année. La concurrence des nombreuses autres chaînes de la TNT (y compris TMC, NT1, HD1, LCI appartenant toutes au groupe TFI) et des plateformes de vidéo sur Internet (YouTube, Facebook, Dailymotion, Netflix, …) est à l’oeuvre pour contester la suprématie de la première chaîne et lui grignoter inlassablement des parts d’audience.

Au-dessus des 20 % grâce au replay et au différé
Cependant, l’institut de mesure d’audience Médiamétrie a progressivement rajouté dans ses mesures d’audience cumulée des chaînes les usages numériques. Et ce, depuis cinq ans (voir encadré page suivante). Toutes les chaînes sont bien sûr logées
à la même enseigne : cela permet à chacune de rajouter quelques minutes de durée d’écoute par individu devant la télévision – voire de comptabiliser des utilisateurs
« délinéarisés » supplémentaires (différé ou rattrapage) par rapport aux téléspectateurs « linéarisés » (diffusion à l’antenne). Ce qui aboutit in fine à « gonfler » plus ou moins l’audience globale d’une chaîne. Or, comme la part d’audience en pourcentage représente la durée d’écoute d’une chaîne sur la durée d’écoute totale du média télévision, gagner sur Internet ou les mobiles quelques minutes de plus est déterminant. Prime au leader oblige, TF1 est donc la première chaîne à profiter de cet effet de levier « numérique » et, partant, se maintenir au-dessus de la ligne de flottaison des 20 % de part d’audience. L’apport d’audience du digital pour elle atteint 2,2 % sur l’année 2015.

MyTF1, Xtra, MyTF1VOD, One LCI, …
D’où l’importance de la stratégie digitale que va accentuer le nouveau patron de la filiale audiovisuel du groupe Bouygues, Gilles Pélisson, qui veut faire de la première chaîne « le référent du marché dans le digital » (1) dans un PAF (2) chamboulé par la fragmentation de l’audience. Le téléviseur n’a plus le monopole de la télévision, chaque foyer comptant jusqu’à 6,4 écrans en moyenne. Encore faudra- t-il que la refonte engagée en juin 2015 du portail Internet MyTF1, lequel n’est pas considéré en interne
à la hauteur des ambitions digitales du groupe privé, porte ses fruits : e-TF1 y a rajouté des contenus exclusifs, en complément de l’offre replay des quatre chaînes en clair TF1, TMC, NT1 et HD1. « Porté par une dynamique programmes forte tant dans le domaine de la fiction française (Le Secret d’Elise, Section de Recherches) que du divertissement (The Voice, Koh Lanta), le replay de la chaîne TF1 réalise une progression spectaculaire pour atteindre 10,3 millions d’individus en février (3) », s’est félicité le groupe le 7 mars dernier, soit un bond de 40 % en un mois. Il y a eu aussi en 2015 le lancement sur MyTF1 de Xtra, dédié aux contenus sans lien avec les chaînes (productions exclusives, contenus vintage ou encore webséries). « Sur MyTF1 Xtra, des acteurs du digital peuvent aussi venir présenter ce qu’ils font. Cela nous permet d’ouvrir MyTF1 à un cercle un peu plus large, notamment à des jeunes », nous avait confié Nonce Paolini en novembre dernier (4). Egalement en dehors de la marque TF1, le groupe a un partenariat avec Finder Studios, un MCN (5) français présent sur différentes thématiques (6) et disponible sur YouTube, Facebook, Twitter, Snapchat et bien sûr MyTF1. Par ailleurs, des chaînes sont diffusées sur YouTube mais pas sous
la marque de TF1 (7). Quant à l’offre MyTF1VOD, elle va s’enrichir de nouvelles fonctionnalités telles que la recommandation pour mieux rivaliser avec Netflix. Des acquisitions dans le numérique ne sont en outre pas exclues.
Fort de son contrat de travail identique à celui de Nonce Paolini – signé avec Bouygues SA mais pas directement avec TF1 SA, avec la même rémunération fixe de 920.000 euros par an et le même plafond de la part variable (8) –, Gilles Pélisson (60 ans l’an prochain) a aussitôt mis en place une garde rapprochée autour de trois métiers : contenus/acquisition des droits, information/ magazines, publicité/diversification. Le projet « One LCI », lui, englobera MyTF1News et Metronews dont la version papier du quotidien gratuit avait été arrêtée l’an dernier. Il marque une accélération digitale du groupe TF1 mais aussi un renforcement sur la TNT avec l’obtention du passage en clair et gratuit de la chaîne d’information LCI à partir du 5 avril prochain (canal 26). Il s’agit aussi de se préparer à l’arrivée en septembre de la chaîne publique d’information en continu du couple France Télévision-Radio France, sur un segment de marché déjà occupé par BFM TV (Altice Media/NextRadioTV) et iTélé (Vivendi/Canal+).

« Gilles Pélisson n’est pas un homme de télévision », a-ton pu entendre dire dès qu’il
a été désigné l’an dernier par son mentor Martin Bouygues qui l’a préféré à Rodolphe Belmer (ex-patron de Canal+). Mais le fait que le neveu de Gérard Pélisson (cofondateur du groupe Accor) ait été PDG d’Eurodisney dans les années 1990, puis PDG dans les télécoms avec, en 2000, le consortium mobile (Suez-Telefonica ST3G) puis le câblo-opérateur Noos, avant de devenir PDG de Bouygues Télécom où il a travaillé de 2001 à 2005, cela a constitué un atout à l’heure de la convergence numérique. Si Bouygues Télécom devait rester dans le giron du groupe de BTP et communication en cas d’échec des négociations avec Orange, Gilles Pélisson serait le mieux à même de créer des synergies entre TF1 et Bouygues Télécom (9). Gilles Pélisson apporte un regard neuf, de la sympathie et un peu de modestie au groupe TF1 qui avait tendance à avoir les travers d’un ancien monopole. Créée il y a maintenant plus de 40 ans à la suite de la dissolution de l’ORTF, TF1 fut partiellement privatisée en 1986, puis complètement en avril 1987. TF1 devient alors une société anonyme, dont l’actionnaire principal est – encore aujourd’hui – le groupe Bouygues. « Je souhaite que TF1 assume son rôle de leader mais sans arrogance », a prévenu Gilles Pélisson. Il a par ailleurs renoncé à sa domiciliation fiscale en Belgique – dont il bénéficiait depuis 2012 – pour la rapatrier en France… @

Charles de Laubier