Le CNC veut aussi aider les offres VOD des « box »

En fait. Le 2 avril prochain sera la quatrième échéance de l’année 2013 pour
le dépôt des dossiers auprès du Réseau pour la recherche et l’innovation en audiovisuel et multimédia (RIAM), commun au CNC et à Oséo. L’appel à projets
« outils innovants » pour la VOD, lancé le 4 mars, entre dans ce cadre.

En clair. L’année 2013 du RIAM est placée sous le signe de la VOD, d’autant que le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) s’apprête à élargir – d’ici juin – les appels à projets aux grands opérateurs télécoms, fournisseurs d’accès à Internet (FAI), groupes audiovisuels ou fabricants de terminaux. Objectif : accroître le nombre de projets « VOD » au sein du RIAM, jusqu’alors peu nombreux (sur 54 projets financés de 2007
à 2010, seulement 13 dans la catégorie « faire circuler les oeuvres et promouvoir l’offre légale »). Un décret est, en effet, sur le point d’être publié dans ce sens. Il concernera tous les appels d’offres du RIAM, dont celui en faveur des « outils innovants sur le marché de la vidéo à la demande » (1). Jusqu’à maintenant limité aux PME de moins de 2.000 salariés, le RIAM va ainsi accueillir des projets émanant de grands acteurs désireux de valoriser l’utilisation de la VOD. C’est le cas des FAI qui distribuent sur leur « box » des services gérés dits IPTV – bouquet de chaînes de télévision, catch up TV et VOD – grâce au protocole Internet. Des groupes audiovisuels de grande taille, tels que TF1, M6 ou Canal+, entreront également dans le nouveau périmètre du RIAM. Les PME, qui pouvaient cependant être en partenariat avec de « grands comptes », ne seront donc plus les seules bénéficiaires de ces aides financières. « Ce type de projet peut notamment permettre de soutenir via le présent appel à projets des outils développés pour des services édités par des grands comptes, qu’il s’agisse par exemple de filiales de groupes audiovisuels ou de FAI. Il est essentiel que cette part du marché de la [VOD] soit couverte par le présent dispositif, dans la mesure où l’IPTV représente aujourd’hui le mode majoritaire de consommation des oeuvres en [VOD] », expliquent le CNC et Oséo dans
le document détaillant l’appel à projets. Les outils innovants peuvent être destinés à différents environnements : Internet, IPTV, TV connectée, tablettes ou encore mobiles. Autant dire que la R&D orientée VOD des grands fabricants de terminaux, qu’il s’agisse de smartphones, de tablettes ou encore de téléviseurs connectés, ainsi que des acteurs du Net dits OTT (Over-The-Top) seront aussi éligibles. Alors que le périmètre des candidatures s’élargit, le budget du RIAM reste, en revanche, limité à 12,6 millions
d’euros (2) pour la période 2012-2013. @

Audience télé : TF1 adopte la « stratégie du rebond »

En fait. Le 18 mars, Nonce Paolini, PDG du groupe TF1, était l’invité de l’Association des journalistes médias (AJM). Face à 2013 qui s’annonce en recul
(- 3 % en chiffre d’affaires), il mise sur une « stratégie du rebond » entre les réseaux sociaux et l’antenne pour maintenir l’audience de la chaîne.

En clair. « Nous nous inscrivons dans la stratégie du rebond, où l’antenne renvoie vers les réseaux sociaux et les réseaux sociaux renvoient vers l’antenne, comme le fait The Voice », a expliqué Nonce Paolini, patron de TF1. Le nouveau show musical de la chaîne, lancé il y a un an (1), constitue pour lui un exemple à suivre en termes de combinaison antenne-digital pour maintenir, voire augmenter, l’audience de l’année. « Il y a désormais un engagement du public avec Twitter ou bien MyTF1 Connect. Par exemple, jouer le coach de The Voice permet ce rebond », a-t-il précisé. Cette fonctionnalité interactive fait partie de MyTF1 Connect, une rubrique en ligne lancée en février dernier pour permettre aux télénautes d’interagir avec l’antenne et l’émission en cours de diffusion. MyTF1 Connect propose ainsi une sélection de tweets en lien avec le programme, des contenus supplémentaires synchronisés avec le live (coulisses, bonus vidéo, jeux, …). La fonctionnalité Instant Replay permet, en outre, de sélectionner une séquence au choix puis de la diffuser sur les réseaux sociaux par un simple clic. « The Voice et le numérique, via les réseaux sociaux, le replay vidéo ou encore le spectacle vivant (2) permettent aussi des revenus complémentaires », s’est félicité Nonce Paolini. Les annonceurs, qui veulent cibler les « femmes de moins de 50 ans responsables des achats » (The Voice ayant 47 % de part d’audience), ont en effet trois possibilités : être présents dans la promotion du jeu, devenir partenaires d’Instant Replay, ou passer par Ad’Connect (publicité synchronisée sur second écran).
La plupart des fonctionnalités de MyTF1 Connect seront généralisées à tous les programmes, dont les divertissements, le sport et l’information. Nonce Paolini espère que cette « stratégie du rebond » profitera, dès 2013, à l’ensemble de la chaîne. L’interactivité accrue avec l’antenne et MyTF1 devrait contribuer encore cette année à la forte croissance du chiffre d’affaires de e-TF1, qui a fait un bond de près de 20 % l’an dernier
à 101,2 millions d’euros pour un résultat opérationnel de 18,3 millions d’euros.
Par ailleurs, interrogé par EM@ en marge de son intervention, Nonce Paolini nous a indiqué qu’« il n’y avait, hélas, pas de discussion avec M6 et Canal+ » sur l’idée d’une plateforme commune de SVOD et de replay, pour contrer l’arrivée prochaine des Amazon et Netflix. @

Musique par abonnement : 10 % des ventes en ligne

En fait. Le 26 février, la Fédération internationale de l’industrie phonographique (IFPI) a publié son Digital Music Report : les ventes mondiales de musiques enregistrées ont progressé – pour la première fois depuis 12 ans, de 0,3 % à
16,5 milliards de dollars – dont 5,6 milliards en ligne (+ 9 %).

En clair. C’est la croissance des services de musique en ligne par abonnement qui
retient l’attention : 20 millions de clients atteints dans le monde, soit un bond de 44 %
en un an, contre 12 % pour le téléchargement. « Pour la première fois, les abonnements ont franchi l’an dernier le seuil des 10 % du total des ventes de musiques numériques
[soit 560 millions de dollars, ndlr]. Ce taux est même plus élevé en Europe, environ 20 % grâce à l’explosion de la croissance en Scandinavie », constate la IFPI. Le succès de
ce que l’on pourrait appeler la SMOD (Subscription Music-on-Demand) – par analogie à
la SVOD pour le cinéma – tient notamment aux accords de bundling avec les FAI (1) et les opérateurs mobile. Exemples : Deezer avec Orange ou Spotify avec KPN. Les majors de la musique misent en outre sur les licences par abonnement. « Nous développons de nouveaux business en association avec des marques », a indiqué Pascal Nègre, patron de Universal Music France (2). L’amélioration des interfaces utilisateurs, l’intégration des réseaux sociaux et la variété des niveaux de prix ont aussi contribué à cette multiplication des services abonnements, qui sont au nombre de 30 dans le monde. Mais des disparités demeurent face à ces services aux revenus récurrents pour les ayants droits : si par exemple en France l’abonnement domine, ce n’est pas le cas en Grande-Bretagne où le téléchargement payé arrive en tête.
Avec plus de 5 millions d’abonnés dans le monde, Spotify arrive en seconde position
– derrière iTunes d’Apple – en terme de chiffre d’affaires généré par la musique en ligne, lorsqu’il n’est pas en tête dans certains pays comme la Finlande, la Norvège et, d’où il
est originaire, la Suède. Spotify indique que plus de 20 % de ses utilisateurs actifs se convertissent à son service premium. Quant au français Deezer, dont France Télécom est actionnaire minoritaire (11 %), il compte 3 millions d’abonnés à travers le monde. D’autres plates-formes de musique par abonnement se développent en Europe, comme
le suédois WiMP d’Aspiro ou le britannique Rara.com, sans parler des sites plus locaux tels que Music Me en France, Juke et Musicload en Allemagne, ou encore We7 en Grande-Bretagne. Aux Etats- Unis, Mog, Muve Music, Pandora Premium, Rdio, Rhapsody ou encore Slacker contribuent également à la montée en puissance de la SMOD. En Asie et en Amérique du Sud aussi. @

Bolloré derrière la révision stratégique de Vivendi

En fait. Le 26 février, Vivendi a présenté ses résultats 2012 : chiffre d’affaires
stable à 28,9 milliards d’euros (+ 0,6 %) et résultat net en chute à 164 millions d’euros (- 94 %), à cause d’une provision exceptionnelle (litige avec Liberty
Media aux Etats-Unis) et d’une dépréciation (Canal+ France).

En clair. Vivendi a toujours une idée fixe, depuis un an maintenant : « Nous voulons revaloriser le groupe dans son ensemble que la décote du conglomérat ne se justifie
plus », a redit Jean-François Dubos, président du directoire de Vivendi. Le cours de Bourse de la « holding » Vivendi oscille autour de 15 euros depuis un an. Mais Jean-René Fourtou, président du conseil de surveillance, est décidé à recréer de la valeur pour les actionnaires. Or, depuis le 10 octobre 2012, Vincent Bolloré est devenu le premier actionnaire du groupe de médias et de télécoms en franchissant le seuil des 5 % du capital et des droits de vote, après avoir cédé ses deux chaînes gratuites Direct 8 et Direct Star (1) à Canal+, filiale de Vivendi.
Et le 15 novembre, l’homme d’affaires breton a regroupé l’ensemble de sa participation dans Vivendi (66 174 684 actions) dans sa Compagnie de Cornouaille. Puis, sur proposition de Jean-René Fourtou, il a été coopté le 13 décembre pour entrer au conseil de surveillance de Vivendi – ce qui devra être ratifié lors de la prochaine assemblée générale (AG) du 30 avril.
Dans quelle mesure ce nouvel actionnaire de référence et membre du conseil de surveillance influence-t-il la « révision stratégique » du conglomérat, dont la feuille de
route devrait être clarifiée à l’AG justement ? Une chose est sûre, Jean- René Fourtou semble moins pressé de se débarrasser des télécoms pour se recentrer sur les médias
et les contenus (2). « SFR n’est pas à vendre pour l’instant », a insisté Jean- François Dubos, en ajoutant : « Rien ne sert de courir si l’on n’est pas pressé ». Et aucun commentaire sur l’intérêt que porteraient les actionnaires de Numericable – Carlyle, Cinven et Patrick Drahi – sur SFR (3).
C’est que l’esprit Bolloré, caractérisé par la prudence, semble influencer les autres membres du conseil de surveillance. Vincent Bolloré a l’habitude de se hâter lentement, surtout pour laisser le temps à son « portefeuille de participations » de 2 milliards d’euros de générer d’importantes plus-values. Ses 5 % dans Vivendi – et donc dans SFR – n’échappera pas à cette logique financière, à l’instar de ses 37,05 % dans Havas, ses 16,7 % dans Bigben interactive, 14 % dans Harris interactive, 9,6 % dans Gaumont, ou encore 6,4 % dans Aegis. Quitte à bousculer ses hôtes (Havas en 2005) ou à se retirer après un bras de fer (Bouygues en 1998). @

Chronologie des médias : nouvelle réunion pour rien

En fait. Le 21 février, au lieu du 25 janvier, s’est tenue au Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) la réunion semestrielle interprofessionnelle sur la chronologie des médias. Mais lors du 11 juillet 2012, le CNC s’en remet aux conclusions de la mission Lescure attendues « d’ici le 31 mars ».

En clair. La vidéo à la demande (VOD) n’en finit pas d’attendre une (r)évolution de
la chronologie des médias qui régente la disponibilité des films à partir de leur sortie.
Le précédent accord remonte au 6 juillet 2009, date d’alignement de la VOD et du DVD
à quatre mois (au lieu de six) après la sortie d’un film. La salle garde en exclusivité la primeur héritée d’avant l’ère numérique. Mais depuis, plus rien ! Même la SVOD (par abonnement) reste reléguée à trente-six mois, malgré un projet d’avenant, resté sans suite, qui prévoit une dérogation à vingtdeux mois pour des films sortis dans moins de
30 salles… Le Syndicat de l’édition vidéo numérique (SEVN), la Société civile des Auteurs-Réalisateurs-Producteurs (ARP) ou encore la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) n’ont pourtant eu de cesse de dénoncer cet immobilisme (1) et d’en appeler à des expérimentations. Mais en face, le Bureau de
liaison des organisations du cinéma (Bloc) – soit une quinzaine d’organisations du
cinéma et majoritairement des producteurs (APC, SPI, SRF, …) – s’y oppose. Certains, comme l’Association des producteurs de cinéma (APC), se disent favorables à des expérimentations – mais dans le cadre d’un nouvel accord interprofessionnel… Quant
au Bureau de liaison des industries cinématographiques (Blic), lequel regroupe les salles de cinéma (FNCF), les distributeurs de films (FNDF), des producteurs de cinéma (API), parmi lesquels Pathé, Gaumont, UGC ou encore MK2, ainsi que les industries techniques (Ficam) et les éditeurs de vidéo (SEVN), il n’était pas contre des assouplissements sur les films d’art et d’essai mais il s’est finalement rangé derrière
le Bloc (2). Résultat : tout repose maintenant sur les épaules de Pierre Lescure. « Une refonte radicale de la chronologie des médias constituerait peut-être la meilleure réponse aux attentes des internautes en matière de VOD », avait osé dire la mission Culture Acte-2 dans son bilan d’étape du 6 décembre dernier. Mais en se déjugeant aussitôt : « Plutôt qu’une remise
à plat qui fragiliserait le système de financement du cinéma, le réalisme commande d’envisager des assouplissements et des expérimentations de nature à enclencher
une dynamique favorable au développement de l’offre légale ». La simultanéité ou semi-simultanétité salle-VOD que veut encourager la Commission européenne (3)
n’est pas pour demain en France. @