Vidéo : les sites web de radio sont-ils des SMAd ?

En fait. Le 16 janvier, le Groupement des éditeurs de contenus et services en ligne (Geste) a été reçu à sa demande par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), pour lui faire part de l’opposition des radios à déclarer leur site web avec vidéo, comme services de médias audiovisuels à la demande (SMAd).

En clair. Dès que le CSA voit des vidéos en ligne, il est tenté d’assimiler tout ou partie
du site web qui les édite comme un service de médias audiovisuels à la demande (SMAd). Après les services de vidéo à la demande (VOD), les offres de télévision de rattrapage (catch up TV) et la partie vidéo professionnelle (programmes audiovisuels, chaînes originales, …) des platesformes de type YouTube et Dailymotion, le CSA s’intéresse maintenant aux sites web des radios et de la presse proposant des vidéos. Depuis l’été dernier, plusieurs éditeurs de radios ont déjà reçu de sa part une notification leur demandant de se déclarer en tant que SMAd.

Le Monde « souhaite bonne chance » au kiosque E-Presse

En fait. Le 13 janvier, Orange et le GIE E-Presse Premium ont confirmé à l’AFP l’information de La lettre de l’Expansion, selon laquelle ils avaient échoué à se mettre d’accord avec Lagardère Services (Relay) pour tenter de lancer un kiosque numérique unifié. Le Monde ne croit pas à une telle alliance.

En clair. « Nous voulons créer le guichet unique de la presse française sur Internet », promettait, il y a plus de trois ans, Frédéric Filloux (1), nommé directeur général du GIE
E-Presse Premium, au moment de son lancement en novembre 2010 par Les Echos, L’Equipe, Le Figaro, Libération, Le Parisien, L’Express, Le Nouvel Observateur et Le Point.
Mais, depuis, les choses en sont au même point : la presse française ne s’est pas entendue pour faire de ce kiosque numérique un « guichet unique », susceptible de faire poids face aux géants du Net, tels que Apple avec son Newsstand ou Google avec son nouveau Play Kiosque. Son successeur, en mars 2012, Philippe Jannet (2), n’a pas non plus réussi à fédérer autour de E-Presse les éditeurs français de journaux. C’est parce que beaucoup d’entre eux, Le Monde en tête, n’ont jamais cru à une telle initiative.
« Nous sommes présents sur un seul kiosque numérique : Newsstand d’Apple, depuis novembre », s’est encore félicité Louis Dreyfus, président du directoire du groupe Le Monde, lequel n’a jamais voulu rallier le kiosque numérique E-Presse. Questionné le
16 décembre dernier par l’Association des journalistes médias (AJM) sur ce dernier,
il n’a pas mâché ses mots : « Je leur souhaite bonne chance ! E-Presse a un raisonnement qui est : ‘‘Si tous les acteurs de presse se tenaient la main, on pourrait construire une alternative crédible à Apple’’. C’est une conviction qui est sympathique, mais probablement un peu naïve ». Explication : « D’une part, on servirait inutilement de locomotive, Le Monde vendant largement bien plus de versions numériques que nos frères. D’autre part, l’outil technologique proposé par E-Presse est bien moins performant que celui d’Apple : on télécharge plus facilement et il y a mille fois moins de bugs… On a pas accès directement aux informations des abonnés, mais Apple fait pas mal d’efforts pour nous donner accès
à ces informations », a déclaré Louis Dreyfus, n’excluant cependant pas d’aller aussi
sur le nouveau Play Kiosque de Google. « Il n’y a pas d’exclusivité avec Apple ».
Pour la presse, le kiosque numérique est l’opportunité de vendre des abonnements – contrairement aux kiosques physiques vendant au numéro et de façon aléatoire.
Selon l’OJD, Relay.com détient 44,6 % du marché de la vente de journaux en ligne, suivi de Lekiosk.fr (33 %) et, loin derrière, Zinio (10,3 %) et le GIE E-Presse (7,8 %). @

La TV de rattrapage gêne-t-elle l’essor de la VOD ?

En fait. Le 17 décembre, le rapport « Adapter les obligations de financement de la production audiovisuelle pour garantir leur avenir » a été remis par Laurent Vallet
à Aurélie Filippetti. S’il préconise plus de droits aux chaînes, il émet une réserve
sur la TV de rattrapage pour ne pas gêner la VOD.

En clair. Le rapport Vallet (1) met en garde le gouvernement contre toute extension de la télévision de rattrapage (TVR) audelà de 7 jours durant lesquels les éditeurs de chaînes peuvent proposer gratuitement en ligne les programmes audiovisuels dont ils détiennent les droits de diffusion. « Il semble nécessaire d’envisager avec attention, voire avec réserve, les demandes des éditeurs de service de disposer d’une manière générale de droits de [VOD] gratuite sur Internet d’une durée supérieure à 7 jours », prévient Laurent Vallet dans son rapport.
Selon lui, la rançon de la gloire de la TVR (appelée aussi replay ou catch up TV) – comme en témoigne les derniers chiffres fournis par le CNC sur octobre 2013 (14.800 heures de programmes disponibles pour 231,2 millions de vidéos visionnées par 69 % des internautes) – soulève plusieurs problèmes. Non seulement cette offre de TVR n’est pas suffisamment valorisée par la publicité en ligne, mais, « plus inquiétant encore (…), il semble que l’offre cumulée de télévision de rattrapage rende difficile, voire empêche, le lancement ou la réussite d’offres payantes, tant à l’acte que par abonnement, dans le secteur audiovisuel ».

Orange : 179 millions d’euros au ciné jusqu’en 2018

En fait. Le 1er janvier 2014 entre en vigueur la nouvelle convention des chaînes d’Orange Cinéma Séries (OCS) que le CSA a renouvelée le 20 décembre dernier pour une durée de cinq ans. La société commune de l’ex- France Télécom et de Canal+ va investir au total 179 millions d’euros dans le financement du cinéma.

En clair. Plus de cinq ans après le lancement d’Orange Cinéma Série, le bouquet commun à l’opérateur télécom (66,66 % du capital) et à Canal+ (33,33 %) rempile pour cinq ans avec le cinéma français et européen pour un total de 179 millions d’euros (2014-2018) alloués au financement de films, soit une hausse de 19 % par rapport à
la période précédente (2009-2013). C’est finalement une bonne nouvelle pour les organisations du cinéma français (Bloc, Blic et ARP), même si ces dernières auraient souhaité obtenir plus d’OCS qui dépasse les 1,8 million d’abonnés aux quatre chaînes d’OCS (OCS City, OCS Géants, OCS Max, OCS Choc). Résultat : le minimum garanti (MG) est passé à 1,90 euro HT par mois et par abonné pour les films français (1) et à 2,25 euros HT pour les films européens (2). Avec 33 millions d’euros prévus pour cette nouvelle année 2014 et un peu plus les années suivantes pour atteindre 38 millions en 2018, le septième art s’en tire donc à bon compte.
D’autant que « la convention pourra être modifiée, y compris au cours de l’année 2014, pour tenir compte des accords à venir entre l’éditeur et les organisations professionnelles du cinéma », a précisé le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) qui prévoit de réévaluer chaque année la convention pour « tenir compte des évolutions économiques de la télévision payante ». Pour les organisations du cinéma, ce sera l’occasion notamment de rediscuter du sort des abonnés mobiles considérés jusqu’à maintenant pour le calcul du MG comme des « demiabonnés » par rapport au fixe, mesure qui devait rester provisoire (3).

Google dénonce «la violence» de l’exception culturelle

En fait. Le 2 décembre, Carlo d’Asaro Biondo, président de Google pour le Sud
et l’Est de l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique (Seemea), est intervenu au grand débat de la 6e édition annuelle de l’Assemblée des médias (soutenue notamment par la SACD et le CNC) pour dénoncer une certaine « violence ».

En clair. « L’importance de la diversité culturelle est fondamentale. Mais je n’aime pas le terme ‘’exception’’ car il a une connotation de violence. La diversité, c’est la représentation d’intégration et le respect des différentes manières de voir. Je préfère. On est exceptionnel par rapport à un autre, et on est différent avec plus l’idée d’intégration », a déclaré Carlo d’Asaro Biondo, président de Google pour les régions
« Seemea », une semaine avant l’ouverture à Paris du « Lab de l’Institut Culturel ». Il estime que la France brandit l’exception culturelle (1) (*) (**) et la fiscalité numérique avec violence.
« La seule solution n’est pas le fisc, mais de définir des règles claires sur la répartition des revenus et trouver des équilibres pour que cela fonctionne. Tout cela, il faut le voir dans les détails et y réfléchir en faisant deux changements fondamentaux en France. Premièrement : arrêter la violence ! L’escalade de violence que nous vivons depuis quelques mois, voire quelques années, est grave, violence que l’on voit, manière dont on s’exprime, … Au lieu de discuter des faits, on fait de la démagogie. (…) Je trouve que l’on est en France dans un pays qui devient violent… Ne faites pas de caricature de ce que je dis [en s’adressant à Pascal Rogard, DG de la SACD, lequel estime qu’il n’en est rien, ndlr] », s’est insurgé Carlo d’Asaro Biondo. Deuxièmement, la France doit parler cercle vertueux plutôt que fiscalité restrictive. « Qui protège-t-on ? Si ce sont les grands groupes parce qu’ils sont grands et établis, alors on fait un discours d’un certain genre. (…) Donc, nous sommes obligés de nous asseoir, de parler tranquillement et de réfléchir en évitant l’escalade de violence », a-t-il insisté sous les applaudissements de la salle.