Satellites d’Elon Musk : Starlink veut être partout

En fait. Le 27 novembre, le ministre israélien des Communications a félicité Elon Musk – fondateur de SpaceX et de sa constellation par satellites Starlink – pour des connexions Internet, « y compris dans la bande Gaza » où ce ministre résidait. Globalement, Starlink a pris de l’avance sur OneWeb et Kuiper.

En clair. « Elon Musk, je vous félicite d’avoir conclu un accord de principe avec le ministère des Communications sous ma direction. Grâce à cet accord important, les unités satellitaires Starlink ne peuvent être exploitées en Israël qu’avec l’approbation du ministère israélien des Communications, y compris dans la bande de Gaza », a lancé le 27 novembre sur X (exTwitter), Shlomo Karhi, le ministre israélien des Communications (1), qui indique sur son compte X être « résident de la bande de Gaza » (2). Elon Musk, également propriétaire de l’exTwitter, était en visite en Israël ce jour-là non seulement pour s’entretenir avec le président de l’Etat hébreu Isaac Herzog de la lutte contre l’antisémitisme en ligne, mais aussi pour conclure un accord avec le ministère israélien des Communications permettant d’assurer des connexion Internet par satellite dans le pays, bande de Gaza incluse.
La plus grande fortune mondiale (3), par ailleurs cofondateur et DG de Tesla, est venu – pendant la trêve dans la guerre entre Israël et le Hamas – avec sa casquette de fondateur PDG de SpaceX qui a créé et exploite Starlink, la plus grande constellation de satellites Internet jamais déployée au monde. Elle compte à ce jour 5.200 satellites en orbite, alors qu’il y en a environ 8.000 opérationnels tout opérateurs de satellites confondus. SpaceX est le premier constructeur mondial de satellites et est en passe de devenir en revenu le premier opérateur de satellites. « Ces méga-constellations rendent un service de couverture numérique des territoires, notamment dans les zones les plus reculées […]. La constellation américaine Starlink est déjà présente. Il y a aussi la constellation européenne OneWeb. Mais d’autres vont arriver, comme Kuiper, la constellation d’Amazon, ou encore des projets chinois », a indiqué Laure de La Raudière, présidente de l’Arcep, dans une interview parue le 20 novembre dans La Tribune (4).
De son côté, Orange a lancé le 16 novembre sa nouvelle offre « Satellite Orange » (5) opérée par sa filiale Nordnet qui s’appuie sur l’opérateur de satellite Eutelsat. Le directeur général d’Orange France, Jean-François Fallacher, avait estimé le 12 octobre dernier que « ce fameux 100 % fibre, c’est un rêve », alors que l’objectif de l’atteindre en 2025 semble compromis (6). Ce qui avait eu le don d’agacer l’Arcep. Le satellite vient bousculer le Plan France Très haut débit. @

Tuned Global tire les ficelles du streaming musical

En fait. Le 11 novembre, Virginie Chelles, vice-présidente et directrice marketing communication de Tuned Global, a confirmé à Edition Multimédi@ que le spécialiste australien des applications de streaming musical en marque blanche, ou via API, poursuit son déploiement en Europe, y compris en France.

En clair. Ils ont leur propre application de streaming : Coca Cola, Delta Airlines, Pizza Hut, Lululemon, Samsung et même Universal Music, Warner Music et Sony Music. Sans avoir les inconvénients et les coûts des Spotify, Deezer et autres Apple Music, lesquels doivent négocier directement auprès des multiples producteurs de musique et labels. Se sont aussi lancées facilement les « applis » de streaming musical Tieme Music et Waw Musik, conçues en France pour l’Afrique, respectivement au Ghana et en Côte d’Ivoire.
En Allemagne, Sony Music propose son appli audio Hörspiel Player pour raconter des histoires. Au Royaume-Uni, trois services de musique en ligne ont vu le jour sans difficultés : Reactional Music pour développeurs de jeux vidéo, MediMusic pour soigner avec de la musique, et Pure Energy pour faire des exercices sportifs en musique. Autre exemple : au Danemark, l’opérateur télécoms Tusass (1) va à son tour lancer son propre service de musique en streaming. Quel est le point commun entre ces différents services ? Tous sont clients de Tuned Global, fournisseur australien de solutions clé-en-main, pour entreprises et organisations, de streaming de musique, d’audio voire de vidéo. Pour lancer son propre « Spotify », une société peut ainsi se procurer auprès de Tuned Global un service de streaming en marque blanche, ou les API (2) et les flux de métadonnées (3)) nécessaires à son développement.
Bien que le nouveau service à la demande n’aura pas l’autorisation des maisons de disques pour être disponible dans le monde entier, il pourra néanmoins accéder à un catalogue de plus de 100 millions de titres (4). « Nos clients accèdent à ces catalogues à condition d’avoir signé des accords de licences avec ces labels, et nous pouvons les aider dans cette démarche », nous précise Virginie Chelles. Le fournisseur australien, basé à Melbourne et cofondé en 2010 par son actuel directeur général Con Raso, s’est déployé à San Francisco, Londres et maintenant à Paris. « Nous sommes présents en France depuis janvier 2023, à la suite de ma relocalisation et après avoir travaillé en Australie pour Tuned Global depuis 2014 », indique Virginie Chelles. Par ailleurs, en mars dernier, l’australien a racheté la société suédoise Pacemaker, un de ses clients ayant développé pour DJ une appli de mixage fonctionnant à l’IA. Tuned Global investit aussi le Web3 : NFT et métavers. @

Accessibilité : freins pour les livres numériques ?

En fait. Le 28 novembre prochain, les 24ès Assises du livre numérique, organisées à Paris par le SNE, auront pour thème cette année : « Pour des livres numériques nativement accessibles ». Elles mettront en lumière les contraintes qui pèseront à partir de 2025 sur le marché des ebooks – déjà à la peine.

En clair. Les obligations d’« accessibilité » qui pèseront à partir du 28 juin 2025 sur les maisons d’édition – pour que leurs livres numériques soient utilisables aussi par des lecteurs présentant des handicaps visuels, auditifs ou cognitifs – ne vont-elles pas… handicaper le marché des ebooks en France ? Si l’on peut se féliciter de cette perspective pour les lecteurs concernés, cela n’empêche pas de se demander si ces contraintes techniques, et donc financières, ne vont pas pénaliser les éditeurs sur un marché français du livre numérique qui peine toujours à décoller dans l’Hexagone.
Lors de son assemblée générale annuelle le 29 juin dernier, le Syndicat national de l’édition (SNE) – qui a créé il y a 25 ans les Assises du livre numérique et les organise chaque année – a fait état pour l’année 2022 d’une hausse de seulement 4,4 % du marché français des ebooks. Avec 285,2 millions d’euros de chiffre d’affaires l’an dernier, l’édition numérique pèse encore moins de 10 % du marché global de l’édition en France (9,8 % précisément), soit sur un total de 2,9 milliards d’euros (1) en recul, lui, de -5,4 %. Toujours est-il que la directive européenne « Accessibilité applicables aux produits et services » de 2019 doit entrer en vigueur dans les Vingt-sept, au plus tôt le 28 juin 2025 pour les nouveaux livres numériques publiés à partir de cette date, et au plus tard le 28 juin 2030 pour les titres parus avant ce 28 juin 2025 (2). Sont concernés par cette obligation d’accessibilité des ebooks aux personnes handicapées de nombreux autres appareils électroniques grand public et logiciels d’exploitation (3). Pour les ebooks : le titre, le logiciel d’exploitation associé ainsi que les liseuses numériques devront être nativement « accessibles » aux personnes empêchées de lire. Et dans près d’un an et demi pour les nouveautés. En France, la transposition de la directive s’est faite par un décret daté du 14 août 2023 paru au JORF (4).
La Bibliothèque nationale de France (BnF) a, elle, mis en place la Plateforme de transfert des ouvrages numériques : Platon (5). Au niveau européen, l’ABE Lab (Accessible Backlist Ebooks Laboratory) est une plateforme collaborative aidant les éditeurs sur les solutions et les coûts pour adapter leurs ebooks (6). Bien que la directive ne précise pas de format de fichier, le standard ouvert Epub3 de l’International Digital Publishing Forum (IDPF) fait consensus. @

Le Média, une nouvelle chaîne autorisée par l’Arcom

En fait. Le 20 octobre, soit un peu plus de trois mois après avoir eu le feu de l’Arcom via une convention signée le 12 juillet 2023, la chaîne de télévision Le Média TV peut être diffusée sur les « box » des fournisseurs d’accès à Internet (FAI) en France. Mais pour l’instant, seul Free l’accueil sur le canal 350.

En clair. Le Média veut défier les grandes chaînes d’information en continu que sont BFMTV (détenue par le groupe Altice de Patrick Drahi), LCI (du groupe TF1 de Martin Bouygues), de CNews (du groupe Vivendi de Vincent Bolloré) et de Franceinfo (du groupe France Télévisons/Radio France de l’Etat). Le président de l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom), Roch-Olivier Maistre, a signé le 12 juillet 2023 une convention de douze pages (1) autorisant la société éditrice Le Média à « diffuser ou distribuer » sa chaîne Le Média TV (son nom officiel) « par les réseaux n’utilisant pas des fréquences assignées par l’Arcom ».
Autrement dit, cette nouvelle venue dans le PAF (2) – au nom du pluralisme (3) – peut-être disponible sur les réseaux IPTV (« box ») et le câble (comme l’ex-Numericable d’Altice/SFR), mais pas sur les fréquences hertziennes de la TNT. Conventionnée par l’Arcom, la chaîne Le Média devait être lancée le 20 octobre sur les « box » des opérateurs télécoms Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free. Or seul ce dernier a bien voulu l’accepter sur sa Freebox où elle est accessible sur le canal 350. Conformément à sa convention, Le Média a une « programmation consacrée à l’information politique et générale, notamment au travers d’émissions de débats, de magazines ou de directs ». En ligne depuis sa première émission diffusée sur YouTube le 15 juin 2018 (l’association à l’origine du projet avait été créée, elle, en 2017), la webTV sur YouTube (4) totalise près de 1 million d’abonnés (983.000 précisément au 27 octobre). Il faudra du temps au « Média » pour espérer voir son audience « IPTV » sortir de son caractère confidentiel comme cela a été le cas lors de ses débuts sur la Freebox. Il faudra aussi des moyens financiers à la société éditrice indépendante – dont les statuts furent transformés en société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) en avril 2021.
Pour l’heure, sa campagne sur KissKissBankBank (5) porte ses fruits : 246.683 euros apportés par 5.180 contributions au 27 octobre (à 8h), dont 75 % seront consacrés aux salaires de l’équipe, sachant qu’il lui faudra plus pour être pérenne. Cosignataire de la convention avec Roch-Olivier Maistre, Khadija Jebrani est la responsable administrative et présidente du directoire de la « SCIC SA » Le Média, qui est une société anonyme à capital variable, et à conseil d’administration et directoire. @

Les Etats-Unis vont réhabiliter la Net Neutrality

En fait. Le 19 octobre, aux Etats-Unis, la Federal Communications Commission (FCC) a lancé une consultation sur son projet de réglementation pour non seulement désigner le haut débit fixe et mobile comme « service essentiel », mais aussi surtout rétablir la neutralité d’Internet abolie par Trump en 2017

En clair. Si le projet de règlement « Protections de l’Internet ouvert », que le régulateur fédéral américain des communications (FCC) a soumis à consultation publique jusqu’au 14 décembre (1), devait être définitivement adopté en 2024, ce serait une victoire pour Joe Biden, 46e président des Etats-Unis, sur son prédécesseur Donald Trump. Sous le mandat du 45e président américain (janvier 2017-janvier 2021), la FCC avait adopté le 14 décembre 2017 une décision historique mettant un terme à la « Net Neutrality » (2) par l’abrogation de l’« Open Internet Order » du 13 mars 2015 adopté par son prédécesseur Barack Obama (3).
Ce dernier, 44e président des Etats-Unis avait pris position, le 10 novembre 2014 (il y a près de dix ans), en faveur d’une « stricte »neutralité du Net. Elle se résumait en trois « no » : « No blocking, no throttling, no paid prioritization », comprenez « aucun blocage, aucun goulot d’étranglement, aucune priorisation payante » (4). Depuis le début de son mandat, Joe Biden voulait rétablir la neutralité d’Internet, mais le vote Démocrate au sein de la FCC n’était pas majoritaire. Jusqu’à ce que le 46e locataire de la Maison-Blanche nomme en mai Anna Gomez, donnant à la FCC une majorité démocrate. Pour la présidente de la FCC, la Démocrate Jessica Rosenworcel, la voie est libre : « Cette décision [de 2017] a placé la commission du mauvais côté de l’histoire, du mauvais côté de la loi et du mauvais côté du public américain. N’oubliez pas que 80 % des gens sont en faveur de la neutralité du Net. Aujourd’hui, nous proposons de rétablir des règles applicables et claires pour empêcher le blocage, la limitation et la priorisation payante ». Une fois promulgué, ce règlement redonnera toute compétence à la FCC au niveau national pour contrôler le respect de la Net Neutrality. Et ce, conformément au Titre II du Communications Act de 1934 amendé par le Telecommunications Act de 1996.
Ce même projet de règlement « Protections de l’Internet ouvert » vise en outre à reconnaître le haut débit fixe et mobile comme « service essentiel » et obliger les fournisseurs d’accès à Internet à résoudre rapidement les pannes de réseau, tout en assurant la cybersécurité des internautes et la protection de leur vie privée. Seulement une douzaine d’Etats des Etats-Unis avaient inscrit des règles de neutralité du Net dans leur législation locale. Un vrai patchwork. @