… et évoque le grand emprunt pour la RNT et la TMP

En fait. Toujours lors de sa rencontre le 25 mars avec l’Association des journalistes médias (AJM), le ministre de la Culture et de la Communication a abordé le sort de la radio numérique terrestre (RNT) et celui de la télévision mobile personnelle (TMP) qui sont encore en quête de financements.

En clair. Le grand emprunt pourrait venir au secours de deux dossiers en souffrance du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) que sont la RNT et la TMP. « Les choses sont fixées mais il reste des marges de manœuvre », a indiqué Frédéric Mitterrand. Son ministère bénéficie de 750 millions d’euros pour la numérisation du patrimoine culturel,
sur les 4,5 milliards d’euros alloués au numérique par le grand emprunt. Si la Bibliothèque nationale de France (BnF), le Centre national du cinéma (CNC) et l’Institut national de l’audiovisuel (INA) et les Musées devraient se partager plus de la moitié
de l’enveloppe, le ministre de la Culture et de la Communication n’exclut pas d’arbitrer des sommes pour sortir la RNT et la TMP de l’ornière. Lors de la réunion du CSA sur
la radio numérique, le 15 mars dernier, son président Michel Boyon aurait reproché publiquement au gouvernement de ne pas avoir prévu une partie du grand emprunt Rocard-Juppé pour la RNT et la TMP. Selon Le Point, il aurait même dit à un membre du ministère de la Culture que « c’ét[ait] une erreur ». Mais devant l’AJM, le ministre
a laissé entendre que tout espoir n’est pas perdu. Encore faut-il que le Commissaire général à l’investissement, René Ricol, qui a été nommé par décret du 28 janvier et
qui présidera à ce titre le « Fonds national pour la société numérique » (EM@ 4 p. 4). Pour la RNT, qui devait démarrer fin 2008, avant d’être reportée à fin 2009 pour Paris, Marseille et Nice (1), le CSA s’est réuni le 8 avril en séance plénière. Il s’agissait de savoir s’il fallait délivrer les autorisations aux 160 radios ou accepter le moratoire de
18 mois exigé par les RTL, NRJ et autres Europe 1. Réponse : « C’est au gouvernement de prendre ses responsabilités », conclut Michel Boyon, renvoyant la patate chaude à Frédéric Mitterrand. « Nous ne sommes pas exactement sur la même longueur d’ondes », a glissé ce dernier devant l’AJM, tout en rajoutant qu’il ne voyait
« pas cette année » le démarrage de la RNT au vue « des conditions économiques et de l’absence de consensus ». Pour la TMP, les 13 chaînes retenues depuis près de… deux ans (mai 2008) patientent en attendant leur autorisations qu’elles devraient bientôt recevoir du CSA, qui vient d’avoir le feu vert du gouvernement. Ensuite, elles auront deux mois – jusqu’en juin – pour proposer conjointement un « opérateur de multiplex » (2). @

Frédéric Mitterrand est confiant en l’Hadopi…

En fait. Le 25 mars, Frédéric Mitterrand – ministre de la Culture et de la Communication depuis dix mois – était l’invité de l’Association des journalistes médias (AJM). Accompagné de son directeur adjoint de son cabinet Mathieu Gallet, il a répondu aux questions d’une trentaine de journalistes.

En clair. Sur la mise en place de la Haute autorité pour la diffusion des œuvres et
la protection des droits sur Internet (Hadopi), il a précisé que les derniers décrets d’application de la loi faisaient encore l’objet de « discussions interministérielles » (Industrie, Culture, Justice, …) et seront publiés « dans les semaines à venir ».
Les premiers décrets d’installation de la nouvelle autorité et de sa Commission de protection des droits ont été publiés entre décembre et mars, mais il reste celui précisant la procédure à suivre par l’Hadopi pour la sanction et la suspension de l’abonnement des internautes pirates. Quant à l’avis que la Commission nationale
de l’informatique et des libertés (Cnil) a rendu le 14 janvier dernier sur le décret “Traitement automatisé de données à caractère personnel” (voir EM@ 9 p. 3), il sera publié. « Il n’y aucun problème ; il le sera », a répondu Frédéric Mitterrand à Edition Multimédi@. Le ministre table toujours sur « l’envoi des premiers emails d’avertissement à la fin du printemps » et – à propos de « la première évaluation des effets de la loi Hadopi » par l’Université de Rennes – constate que si le piratage a augmenté depuis la loi (+ 3 %), « le recours à l’offre légale augmente aussi ». Reste quand même à se mettre d’accord avec les fournisseurs d’accès à Internet (FAI), qui estiment à environ 100 millions d’euros le coût de la mise en oeuvre de la sanction (1). « Il y a encore des discussions avec Free sur la prise en charge des coûts », a indiqué Frédéric Mitterrand. A ses yeux, « le volet pédagogique » a plus d’importance que le volet répressif. Dans ce sens, il a réaffirmé que la “carte musique jeune” sera prête
pour la Fête de la musique, le 21 juin prochain. Au sein de son ministère, la DGMIC vient d’achever – le 24 mars – son appel d’offres en vue de mettre en oeuvre d’une plateforme Internet correspondante. Lors du Marché international de la musique et
de l’édition musicale (Midem) fin janvier, il avait indiqué que la carte à 50 euros serait payée pour moitié par les 15-24 ans, l’autre étant prise en charge par l’Etat et les industriels. Le ministre suit en outre avec attention les discussions de la filière musicale
– sous la houlette d’Emmanuel Hoog (EM@8 p 5) – sur la mise en place, avant la fin de l’année, d’un régime de gestion collective obligatoire des droits. @

Presse en ligne versus kiosques à journaux

En fait. Le 15 mars, la directrice générale de « La Tribune », Valérie Descamps,
a indiqué à l’AFP que le quotidien économique racheté en février 2008 par Alain Weill à Bernard Arnault (devenu propriétaire des « Echos ») pourrait ne plus être distribué en kiosque « d’ici la fin de l’année ».

En clair. Internet aura-t-il raison des kiosques ? Les 30.000 vendeurs de journaux, indépendants pour la plupart, rémunérés à moins de 20 % du prix de vente, seront-ils les premiers à faire les frais de la destruction créatrice numérique qui touche aussi de plein fouet la presse écrite ? « Nos ventes en kiosque représentent environ 4.000 exemplaires et, compte-tenu des coûts liés à leur diffusion, ce n’est guère intéressant », a expliqué Valérie Descamps, directrice générale de La Tribune, tout en faisant état d’une disparition possible du quotidien des kiosques « d’ici la fin de l’année » pour privilégier l’abonnement papier et la version numérique.
Bien que la direction ait ensuite « exclu de disparaître des kiosques d’ici à la fin de
l’année », cette hypothèse a marqué les esprits. Ironie de l’histoire, France-Soir a lancé
le 17 mars sa nouvelle formule de la dernière chance avec… 500.000 exemplaires mis
en kiosques. Qu’à cela ne tienne: tous les grands quotidiens nationaux, dont la diffusion payée en France a chuté en moyenne de près de 4 % en 2009 selon l’OJD, sont ou seront amenés à se poser la question de leurs ventes en kiosque au regard de la montée en puissance de leur site web à de coûts de diffusion numérique inférieurs
d’au moins 35 % par rapport au support papier. La chute des recettes publicitaires
sur l’édition imprimée (d’environ 20 % pour les quotidiens nationaux), condamne les éditeurs à plus d’économies. Le kiosque des NMPP – rebaptisées en décembre dernier Presstalis (1) – est le symbole du malaise de la presse française. De plus, à l’heure du profiling en ligne et de la publicité ciblée, voire personnalisée sur le Web, le kiosque ayant pignon sur rue ne permet pas de connaître le client-lecteur. Or les annonceurs sont de plus en plus exigeants vis-à-vis des éditeurs de journaux, notamment en matière de segmentation de clientèle et de retour sur investissement publicitaire.
Au moment où Bruno Mettling (inspecteur des Finances) rend (le 30 mars) son rapport au Premier ministre sur la réforme des NMPP, la décision d’Alain Weill, propriétaire de La Tribune et PDG du groupe NextRadioTV, est un signal négatif pour les kiosquiers. Le concurrent des Echos a déjà supprimé son édition papier du samedi pour la vendre uniquement sur le Web. Depuis le début de l’année, Alain Weill table sur le potentiel offert par l’iPhone . En attendant, l’arrivée de l’iPad en avril… @

Presse et édition tablent trop sur… la tablette

En fait. Le 12 mars, Apple a commencé à engranger les premières commandes pour sa tablette multimédia iPad, laquelle sera livrée aux Etats-Unis à partir du 3 avril et dans huit autre pays courant avril – notamment en France – au lieu de fin mars initialement annoncé par Steve Jobs.

En clair. Après l’iPhone lancé il y a moins de trois ans (juin 2007), avec une couverture médiatique mondiale sans précédent, Apple est en passe de réussir à nouveau l’exploit
de lancer l’iPad avec le même engouement des journalistes et des blogeurs. C’est particulièrement frappant dans la presse écrite, qui, après avoir fait du smartphone d’Apple son mobile fétiche, semble trouver d’emblée dans la tablette multimédia de la firme à la pomme sa nouvelle planche de salut. Lors du “2010 Media Summit”, qui s’est déroulé à New York les 10 et 11 mars derniers, les journaux américains – New York Times et Wall Street Journal en tête – étaient déjà sur les starting-blocks. Au même moment, outre-Atlantique, l’iPad était également attendu de pied ferme par des patrons de presse lors du “Abu Dhabi Media Summit”. Avec l’iPhone et l’iPad, jamais l’industrie de la presse en souffrance n’avait fondé autant d’espoirs sur des terminaux multimédias. Comme si sa survie en dépendait. La plupart des éditeurs de journaux
y voient un moyen de compenser le déclin du papier (lectorat et publicité) et de tenter de remonétiser ses articles. « Faire payer les internautes et les mobinautes » : tel est désormais le credo des journaux qui voient dans les smartphones, tablettes et liseuses des solutions pour remettre la main sur des lecteurs en ligne trop longtemps habitués – à leurs yeux – au gratuit sur le Web. Dernier candidat en date à l’iPad : Le Monde, dont la nouvelle formule web-papier est lancée ce 29 mars (1). Mais à trop embrasser, les médias papier risquent de mal étreindre et de perdre leur âme et le contact direct avec leur lectorat. Après Google, Apple est en passe de devenir l’un des grands intermédiaires entre la presse et son public. Cette désintermédiation, menée concomitamment au démantèlement de l’« oeuvre collective » qui caractérisait jusqu’alors les journaux (une Une et une quatrième de couverture),
fait entrer la presse sur des plateformes de syndication de contenus numériques : App Store, iTunes et iBook chez Apple, qui songe aussi à un “Mag Store” pour les journaux
et magazines, Kindle Store chez Amazon ou encore Google News du géant du Net.
Le marché du livre numérique lui emboîte le pas, comme l’illustre – au Salon du livre
de Paris, du 26 au 31 mars – l’engouement de certaines maisons d’édition pour des liseuses comme le Reader de Sony. Aux Etats-Unis, Hachette Livre sera présent sur l’iPad. @

Orange se met en quatre face à Bouygues Telecom

En fait. Le 1er mars, Stéphane Richard est devenu directeur général de France Télécom et a notamment annoncé qu’Orange allait lancer, « avant l’été », une offre couplée Internet-télévision-téléphonie fixemobile. Le 2 mars, Martin Bouygues confirmait le « succès » de son offre « quadruple play » Ideo.

En clair. Quad contre Ideo. La bataille du « quadruple play » est engagée. Internet-télévision-téléphonie fixe-mobile : cela semble constituer le quarté gagnant. Lorsque Bouygues Telecom lance le 25 mai 2009 son offre tout-enun, six mois après s’être engagé sur le marché de l’ADSL avec sa Bbox « triple play », le troisième opérateur mobile français la présente comme une « première mondiale » et une « innovation »
qui bouscule le marché français dominé par les Orange, SFR et autres Free. Bien que Bouygues Telecom ne communique pas sur le nombre d’abonnés « quadruple play », cette offre combinée télécom-audiovisuel- mobile a été présentée par Martin Bouygues – lors de la présentation des résultats annuels du 3 mars dernier (1) – comme un
« succès » qui lui a permis de faire un « très bon démarrage dans l’activité fixe ».
Au quatrième trimestre 2009, Bouygues Telecom a même plus recruté de clients ADSL qu’Orange et Free. Grâce à Ideo, la filiale télécoms du groupe de BTP et de communication se paie le luxe de franchir deux seuils : celui des 10 millions de clients mobile (10,352 millions clients mobile, dont 7,926 millions au forfait) et celui des 300.000 clients fixes avec la Bbox (précisément à 311 000 unités fin 2009). Au lieu de payer environ 60 euros s’ils avaient le triple play et le mobile séparé, les clients Ideo règlent 44,90 euros par mois. Bouygues Telecom, qui a noué une alliance avec Numericable, prépare en outre le lancement du très haut débit pour l’été prochain. Egalement partenaire en fibre optique de Numericable et en mobile de SFR, Auchan Télécom a lancé en février une offre « quintuple play » (téléphonie fixe, Internet mobile, Internet fixe, télévision et téléphonie fixe). France Télécom ne peut donc rester à l’écart de cette convergence fixe-mobile-audiovisuelle, que prépare lui aussi pour 2012 le groupe Iliad avec la Freebox et Free Mobile. Le Quad d’Orange ciblera, selon Stéphane Richard, « les familles et les communautés, et différents segments de clientèles, grâce à une formule attractive ». Après le succès de l’iPhone (1 million d’abonnés sur ses 26,3 millions de clients mobiles), l’opérateur historique – qui a enregistré en 2009 une baisse de sa rentabilité (2) – espère aussi mieux recuter dans l’ADSL (8,9 millions de clients haut débit). De son côté, SFR songe au quadruple play. @