Le sort de Yahoo est lié à celui du chinois Alibaba

En fait. Le 30 septembre, Jack Ma, le président du groupe chinois de e-commerce Alibaba a déclaré qu’il était très intéressé [pour racheter] la totalité de Yahoo, lequel détient 40 % du capital d’Alibaba. Tandis que le 5 octobre, une rumeur – aussitôt démentie – disait Microsoft aussi sur les rangs.

En clair. Six ans après avoir investi 1 milliard de dollars pour devenir le plus gros actionnaire du géant chinois du e-commerce Alibaba (1), Yahoo sera-t-il racheté par
ce dernier ? Malgré les relations tendues entre les deux groupes, depuis le transfert du système de paiement en ligne Alipay dans une société contrôlée par Jack Ma, le chinois se rajoute à la liste des prétendants au rachat de Yahoo. Mais de tous les candidats, Alibaba est le plus incontournable : tout acheteur devra discuter des 40 % que Yahoo détient dans Alibaba, c’està- dire avec le président du groupe chinois de e-commerce, Jack Ma, lequel pourrait jouer un rôle important dans le futur Yahoo. A moins que, d’après l’agence Bloomberg, Alibaba ne rachète avant les 40 % que Yahoo détient dans son capital. Déjà leader en Chine, Alibaba viserait les Etats-Unis à travers Yahoo. Mais d’autres acquéreurs, notamment des fonds, sont sur les rangs : Silver Lake, DST Global, Andreessen Horowitz (Marc Andreeseen étant le co-créateur de Netscape), Providence Equity Partners, Allen&Co (prônant un rapprochement avec AOL) ou encore Masayoshi Son (PDG fondateur de SoftBank Capital). Début octobre, une rumeur a rajouté Microsoft à la liste déjà longue. Alors que Yahoo va publier le 18 octobre ses résultats du troisième trimestre, son avenir n’a jamais été aussi incertain – surtout depuis l’éviction de sa directrice générale Carol Bartz en septembre sur fond de perte de parts de marché face
à Google et Facebook. Les cofondateurs de Yahoo – Jerry Yang et David Filo (2) – sont
à la manœuvre avec le président contesté Roy Bostock et le DG par intérim Tim Morse pour revoir la stratégie de l’icône du Web et la redresser. Pour beaucoup, Jerry Yang reste celui qui a fait échouer en 2008 les négociations avec Microsoft qui était prêt à racheter Yahoo 44,6 milliards de dollars – bien plus que les 17 milliards de valorisation actuelle ! Microsoft a dû se contenter d’un partenariat conclu durant l’été 2009. Et mi-septembre, Microsoft, Yahoo et AOL ont présenté à des publicitaires – dont Publicis – une offre de couplage publicitaire prévue pour fin 2011. Car malgré ses 680 millions d’utilisateurs dans le monde, Yahoo ne monétise pas suffisamment cette audience. Dépassé par Facebook, la « digital media company » multiplie aussi les partenariats éditoriaux ou de « brand content » pour accroître son audience. @

France numérique 2020 : et le bilan du plan 2012 ?

En fait. Le 30 septembre s’est terminée la consultation publique en vue de préparer le plan France numérique 2020 qu’Eric Besson, ministre en charge de l’Economie numérique et auteur du précédent rapport « 2012 », compte présenter lors des Assises du numérique prévues le 30 novembre prochain.

En clair. A peine le plan France numérique 2012 de Eric Besson – adopté le 20 octobre 2008 (1) – est-il pleinement mis en oeuvre que le gouvernement prépare le coup d’après. Le projet de plan 2020 rappelle que Nicolas Sarkozy s’est fixé pour objectif
« la couverture de tous les Français en très haut débit d’ici à 2025 ». Or l’objectif de l’ancien plan de « 100 % de la population aient accès au haut débit d’ici à 2012 » ne sera pas atteint, selon le récent rapport du sénateur Hervé Maurey. La combinaison de technologies – fibre optique, montée en débit, satellite, etc. – sera nécessaire. Or une circulaire de François Fillon, parue le 17 août au J.O. (lire ci-dessous), demande aux préfets de limiter le VDSL au profit du FTTH. Pour le mobile, le projet 2020 table sur les licences 4G : les quatre opérateurs mobile sont candidats (2) sur les 2,6 Ghz, tandis que l’appel d’offres sur les fréquences « en or » (bande des 800 Mhz) se poursuit jusqu’au 15 décembre. Or le plan 2012 promettait une procédure d’attribution de ces fréquences avant fin 2009… Sur la neutralité du Net, censée être « préservée » par le Paquet télécom (EM@41, p. 4), le projet 2020 interpelle : quels « risques » ? Quel
« encadrement » ? Quelles « actions complémentaires » ? En télévision, le projet 2020 se félicite que soit tenu l’engagement du plan 2012 d’achever le 30 novembre prochain le passage au tout-numérique. Le rapport Boyon sur l’avenir de la TNT a été rendu (EM@42, p. 5), mais Eric Besson poursuit la réflexion sur « la TNT à l’horizon 2020 » (HD, 3D, nouvelles chaînes, etc.). Dans une seconde partie, le projet s’interroge sur les contenus numériques de plus en plus délinéarisés (VOD, catch up TV, sites web, …). Avec les terminaux connectés (smartphones, tablettes, TV connectée, …), « la maîtrise de l’interface entre le consommateur et les services pourrait représenter un des principaux enjeux du secteur ». L’une des questions interpelle toutes les industries culturelles : « De quelle manière les pouvoirs publics peuvent-ils poursuivre l’accompagnement et le soutien de la création et de la diffusion des œuvres culturelles et de l’information (livre, presse, audiovisuel, cinéma, musique) à l’ère numérique ? ». @

FTTH ou VDSL2 : des opérateurs s’interrogent encore

En fait. Le 27 septembre, le FTTH Council Europe a divulgué – lors du Broadband World Forum – les chiffres de la fibre jusqu’à domicile ou immeuble au 30 juin : dans les Vingt-sept, il n’y a que 4,1 millions d’abonnés sur les 23,4 millions de raccordements déployés – soit un taux d’adhésion de 17,5 %.

En clair. Mettre en fibre les Vingt-sept nécessiterait un total de 300 milliards d’euros
selon le cabinet McKinsey. Pour quel retour sur investissement ? Les chiffres de l’Idate (1) présentés par le FTTH Council Europe ont de quoi faire réfléchir les opérateurs télécoms : sur les 23,4 millions de « prises » FTTH ou FTTB (2) déployées dans l’Union européenne à fin juin, seules 17,5 % ont fait l’objet d’un abonnement. En France, par exemple, l’étude montre que 5,7 millions de foyers peuvent être raccordés à la fibre optique mais seulement 556.000 sont abonnés. Taux de transformation : 9,6 %, soit moitié moins que la moyenne européenne ! La France se situe ainsi en avant-dernière position des Vingt-sept, suivie de l’Italie, même si le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Espagne ne figurent pas dans le classement du FTTH Council, qui ne prend en compte que les pays ayant au moins 200.000 abonnés. Et encore, la France s’en tire
à bon compte grâce à Numericable (3). Sans le câbloopérateur, il n’y a que 155.000 abonnés FTTH/FTTB à fin juin… Face à ce retard chronique de l’Europe, la boucle locale de cuivre, elle, n’a pas encore dit son dernier mot. « Les opérateurs télécoms s’interrogent encore sur l’opportunité d’investir dans le FTTH. Certains comme Belgacom ont choisi le VDSL2 », indique Roland Montagne, consultant à l’Idate. Cette nouvelle technologie moins coûteuse offre sur la paire de cuivre téléphonique jusqu’à 100 Mbits/s, voire plus. Soit autant que la fibre ! Belgacom mais aussi Telekom Austria font appel à Alcatel-Lucent, qui a lancé le 22 septembre le VDSL2 dit vectoriel (4).
Or, ironie de l’histoire, l’équipementier télécom est cofondateur du FTTH Council Europe.
Il précise d’ailleurs que le VDSL2 est « en combinaison avec la fibre optique », alors que cette technologie pourrait très bien être déployée sur la sous-boucle locale de France Télécom qui s’interroge encore. Mais selon une circulaire de François Fillon aux préfets, datée du 16 août (lire EM@41, p. 5), le VDSL ne devra pas concurrencer la fibre… @

AFP sur web et mobiles : Hoog ronge son frein

En fait. Le 6 août, l’Agence France Presse (AFP) et son homologue indonésien Antara ont signé un protocole d’accord pour lancer d’ici fin 2011 des services multimédias directement auprès des mobinautes. Son PDG en rêve toujours
pour la France, malgré l’hostilité des éditeurs et son statut.

En clair. La proposition de loi du sénateur Jacques Legendre sur la réforme de
« la gouvernance de l’AFP » pourrait emprunter soit la voie législative, soit la voie réglementaire (1). Déposé depuis 17 mai 2011 au Sénat, le projet de modification du
statut de l’AFP – ce dernier datant de 1957 – n’avait pas pu être examiné au printemps. Les syndicats de l’agence avaient appelé à la grève en juin contre le changement de statut (2), puis – après une motion de défiance voté début septembre à l’encontre du
PDG à près de 90 % des votants septembre – une nouvelle fois les 14 et 15 septembre.
« La configuration du conseil d’administration de l’AFP et ses principes de gouvernance sont désormais obsolètes et inadaptés aux nouvelles réalités commerciales de
l’agence », avait expliqué Jacques Legendre, estimant néanmoins « inconcevable toute transformation de la relation historique “fournisseur/client“ entre l’AFP et la presse quotidienne en une relation “concurrent/client“, en adressant directement le grand public.
L’ordonnance du 2 novembre 1945 le lui interdit d’ailleurs ». Reste que cela fait un an que le PDG de l’AFP, Emmanuel Hoog, a déclaré dans une interview au « Monde » – paru le 2 septembre 2010 – qu’il entendait « sortir d’un système strict où les agences vendent des contenus aux journaux, qui les vendent au grand public ». Les éditeurs de presse, eux, sont opposés à la tentation « grand public » de l’AFP. Or le texte prévoit
de réduire de 10 à 4 le nombre des représentants des éditeurs de presse et de services audiovisuels, lesquels ne pèsent plus que 10 % des revenus de l’AFP. Le 27 janvier 2011, Emmanuel Hoog avait fait du Web et des mobiles une de ses priorités pour la période 2010-2020 : « La présence de l’AFP sur Internet est une question légitime et notre marque doit se développer à l’extérieur sur les modèles de croissance comme l’iPad, l’iPhone et Internet ». L’AFP pourrait ainsi proposer au grand public « une centaine de dépêches par jour ». A peine trois mois après avoir été nommé à la tête de l’AFP (3), l’ex-président de l’INA avait déjà prévenu dans « La Correspondance de la Presse » en juillet 2010 : « Il serait absurde que la troisième agence mondiale n’ait pas une application sur iPad, sur les smartphones, ainsi qu’un site Internet. (…) Comment imaginer qu’Associated Press (AP) et Reuters lancent des applications en français sur les appareils mobiles et pas l’AFP ? ». @

Avec DVB-T2 et Mpeg4, la TNT pourrait résister au Net

En fait. Le 12 septembre, Michel Boyon, le président du CSA a rendu public
son rapport sur « l’avenir de la télévision numérique terrestre [TNT] », remis
le 9 septembre au Premier ministre – lequel l’avait missionné le 20 mai dernier.
Il plaide pour passer au DVB-T2, en même temps que Mpeg4.

En clair. Sans que cela soit dit explicitement dans le rapport du président du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), le passage rapide et simultané de la TNT vers deux nouvelles normes – Mpeg4 (compression) et le DVB-T2 (diffusion) – permettrait aux chaînes françaises – historiques en tête – de mieux résister à l’arrivée prochaine de grands acteurs de l’Internet. Le spectre de Google TV, Apple TV, de Hulu ou encore Netflix, plane sur le PAF(1), bien que Michel Boyon n’évoque que brièvement la TV connectée, la télévision de rattrapage(2) et la vidéo à la demande. Si la norme HbbTV
est par Michel Boyon comme « un premier garde-fou, voire une première réponse »
des chaînes françaises pour garder le contrôle de la TV connectée face aux acteurs de l’Internet ou aux fabricants de téléviseurs connectables, le DVB-T2 et le Mpeg4
pourraient leur donner de l’avance, notamment en haute définition (HD). Et ce, avant
que la concurrence de la « désintermédiation » ne soit frontale.
Le problème est que ni TF1 ni M6, qui souffrent déjà de la TNT gratuite en termes d’audience et de publicité (érosions), ne souhaitent l’arrivée de nouvelles chaînes. Ces chaînes privées historiques ont donc de quoi être satisfaites du rapport Boyon, lequel suggère au gouvernement de passer tout de suite au DVB-T2 pour les multiplex R7 et R8 (huit chaînes supplémentaires) qui vont faire l’objet d’appels à candidatures. Car entre la décision de passer à une la norme DVB-T2, combinée avec le Mpeg4 pour « optimiser les fréquences » (3), et la date de disponibilité des équipements (adaptateurs ou téléviseurs), il peut s’écouler 12 à 18 mois. Autrement dit, des groupes comme NextRadioTV ou NRJ
– désireux de lancer de nouvelles chaînes – ne pourront adresser pendant cette période que les téléspectateurs de l’ADSL, du satellite et des réseaux câblés, soit 45 % seulement de la population française. Ce serait cher payer pour ce double investissement. Le rapport Boyon préconise en effet de « coupler les deux normes » Mpeg4 et DVB-T2 en vue de basculer la TNT : « Il est proposé d’assurer la meilleure articulation entre, d’une part, la généralisation du Mpeg4 et l’arrêt du Mpeg2, envisageables à compter de 2015 ou 2016, et, d’autre part, la mise en service du DVB-T2 ». Le Mpeg4 permettra à un multiplex de transporter dix chaînes en définition standard au lieu de six en Mpeg2. Le DVB-T2, lui, diffusera quatre chaînes par multiplex en HD au lieu de trois. @