Numericable SFR et multi play : risques concurrentiels

En fait. Le 28 novembre, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) et l’Autorité de régulation des communications électroniques (Arcep) ont publié leur avis respectif transmis à l’Autorité de la concurrence, laquelle a donné le 30 octobre son feu vert à la vente par Vivendi de SFR à Numericable.

En clair. La naissance officielle du groupe Numericable SFR, qui se hisse à la seconde place des opérateurs télécoms en France derrière Orange, est un pas de plus vers l’oligopole. C’est en creux ce que l’on peut lire dans les avis du CSA et de l’Arcep sur ce mouvement majeur de concentration. « L’opération est susceptible d’augmenter
la pression concurrentielle sur Orange, le premier acteur du marché des offres multiservices, et sur le groupe Canal+, le premier acteur du marché de la télévision payante. (…) L’opération pourrait marginaliser certains opérateurs », estime le CSA.
De son côté, l’Arcep ne dit pas autre chose : « Sur le marché des offres convergentes fixes-mobiles (offres multiple play (1)), l’opération notifiée permet aux opérateurs SFR et Numericable de devenir très compétitifs et, grâce à la structure de coûts du nouvel ensemble Numericable/SFR, de bénéficier au moins transitoirement d’une position plus favorable que leurs concurrents dans l’ensemble des zones câblées ».

« Internet pose la question du choix de société » (Treppoz)

En fait. Le 3 décembre, les 1ères Assises Médias/Entreprises étaient organisées par l’Association des journalistes économiques et financiers (AJEF). Un des intervenants, Stéphane Treppoz, ex-PDG d’AOL France et aujourd’hui PDG de Sarenza dans le e-commerce, a fait part de ses doutes à propos d’Internet.

En clair. Au risque d’apparaître comme schizophrène, ce pionnier français de l’économie numérique qu’est Stéphane Treppoz a émis de sérieux doutes sur la finalité de l’Internet. « Toutes les questions que l’on se pose au sujet d’Internet reviennent à une seule : quel choix de société voulons-nous ? ». Si tout le monde s’accorde à dire qu’Internet est « génial » et permet d’acheter moins cher, des questions de fond se posent néanmoins, selon le PDG de la société de e-commerce Sarenza.com (1).
« Internet est un choix entre le consommateur et l’emploi. Structurellement, les e-commerçants n’ont pas à payer de loyer, ni de vendeurs, et ils peuvent vendre tous les jours moins chers que dans les boutiques [physiques]. Cela veut dire que lorsque vous êtes dans une petite ville de province, vous allez voir des rideaux de fer fermés à vie… On a donc là un vrai problème de fond, un vrai choix de société : est-ce qu’il faut laisser les e-commerçants casser les prix ou est-ce qu’il faut réguler cela ? », a expliqué Stéphane Treppoz.

Après l’accord Hachette-Amazon, les auteurs réclament

En fait. Le 13 novembre, Hachette et Amazon ont annoncé avoir enterré la hache de guerre après un conflit de plusieurs mois sur le prix des ebooks aux Etats-Unis. Aux termes de leur accord, Hachette gardera le contrôle sur leur prix de vente et Amazon obtient de l’éditeur la baisse possible de leur tarifs.

En clair. « Nous sommes heureux de ce nouvel accord car il inclut des incitations financières spécifiques à l’attention d’Hachette en vue de baisser les prix, ce qui constitue selon nous une grande victoire pour les lecteurs comme pour les auteurs »,
a fait valoir de son côté David Naggar, vice-président d’Amazon en charge de Kindle, dans un communiqué commun avec Hachette. Mais un conflit peut en cacher un autre : les auteurs qui ont apporté aux Etats-Unis leur soutien à Hachette durant ces négociations sur les ventes de livres imprimés et numériques, voudraient être récompensés par leur éditeur. Les auteurs demandent en effet maintenant à Hachette
– numéro quatre de l’édition en ligne aux Etats-Unis – de partager plus d’argent que ce qu’ils perçoivent de lui des ventes de leurs ebooks. Actuellement, environ 30 % du prix de vente d’un titre digital revient à Amazon et 70 % à l’éditeur et l’auteur – ce dernier ne percevant en fin de compte qu’environ 17 %.

Numericable SFR (Altice) : spectre du surendettement

En fait. Le 18 novembre, Jean-Yves Charlier, PDG de SFR, a envoyé un e-mail interne à l’ensemble des salariés du groupe pour leur annoncer le nouveau comité exécutif (Comex) de ce qui devient « Numericable SFR » le 28 novembre. Patrick Drahi, à la tête d’Altice – la maison mère – en sera le président.

En clair. Le milliardaire franco-israélien du câble Patrick Drahi, président d’Altice qui
est la maison maire luxembourgeoise du nouveau groupe Numericable SFR, devient
le numéro deux des télécoms en France – mais aussi le numéro un français de l’endettement. Le 18 novembre, le jour même de l’annonce au salariés de la nouvelle direction de Numericable SFR, l’agence de notation financière Standard & Poor’s (S&P’s) abaissait la perspective de la société Altice de « stable » à « négative » – tout en maintenant sa note « B3 » à long terme. En octobre dernier, S&P’s avait placé Altice dans la catégorie dite « spéculatif » avec la note B+ de sa dette à long terme. Cette dégradation d’Altice est justifiée par les risques liés à sa politique active d’acquitions très coûteuses : SFR aujourd’hui pour 13,5 milliards (avec un complément possible de 750 millions d’euros), Portugal Telecom demain pour 7 milliards si l’offre aboutissait, Virgin Mobile (premier MVNO français valorisé 325 millions d’euros) et un intérêt affiché le 20 novembre – lors d’une conférence de Morgan Stanley – pour Bouygues Telecom (valorisé jusqu’à 5milliards d’euros). L’agence financière pointe notamment le risque
de dégradation des ratios de crédit d’Altice, notamment si « la pression sur les marges d’Altice étaient plus importantes que prévu ». La concurrence accrue sur le marché français des télécoms, y compris de la part des acteurs OTT (Over-The-Top) venus
du Net, pourrait peser sur la rentabilité de la maison mère. L’autre agence de notation Moody’s a d’ailleurs maintenu le 12 novembre sa perspective « négative » sur les télécoms européens.

Les chaînes payantes veulent faire du replay leur SVOD

En fait. Le 27 octobre, Gérald-Brice Viret, directeur délégué des chaînes de télévision France et international de Lagardère Active et président de l’AcceS (Association des chaînes conventionnées éditrices de services) était l’invité
du Club audiovisuel de Paris. Et le 21 octobre du colloque NPA-Le Figaro.

En clair. « Nous souhaitons pour les chaînes de télévision désireuses de développer des services payants de catch up TV – l’équivalent d’un service de SVOD dans le prolongement de leurs programmes diffusés à l’antenne – qu’elles aient la détention des droits au-delà des sept jours, sur six mois ou un an par exemple », a expliqué Gérald-Brice Viret, président de l’AcceS, à Edition Multimédi@, en marge du dîner-débat du CAVP (1) le 27 octobre.