Facebook en Bourse : à qui profite l’écosystème « social »

En fait. Le 2 février, Facebook a déposé son document d’introduction en Bourse,
en vue de lever 5 milliards de dollars. Avec ses 845 millions d’utilisateurs actifs,
ses 3,71 milliards de dollars de revenus en 2011 et son milliard de bénéfice net (3.200 salariés), le réseau social est devenu un écosystème.

En clair. Tout a été dit sur cette plus grosse opération d’introduction en Bourse de l’économie numérique, bien loin devant les 1,67 milliards de dollars levés en Bourse par Google en 2004. L’« Internet social », gratuit mais financé par la e-pub (90 % des revenus de Facebook), est en passe de voler la vedette aux moteurs de recherche – Google en tête.
Tout un écosystème est en train de se développer sur Facebook, lequel génère avec ses 845 millions d’« amis » – dont 25 millions en France – une partie non négligeable du trafic de certains sites web d’informations et de contenus. « Les éditeurs estiment que le trafic apporté par Facebook est encore faible (moins de 3 % en moyenne) mais il varie fortement d’un éditeur à l’autre. Il est aussi plus qualifié car il provient la plupart du temps d’une recommandation : par exemple, les visiteurs du Huffington Post en provenance de Facebook (jusqu’à 8 %) passent en moyenne 8 minutes de plus sur le site et consomment 22 % de pages en plus », a expliqué Julien Codorniou, responsable des partenariats de Facebook France, lors d’une présentation en octobre devant le Groupement des éditeurs de services et contenus en ligne (Geste). Facebook cajole les éditeurs en ligne français, notamment TF1. Selon une étude de la société d’analyse du Web, AT Internet, « le site Facebook génère en moyenne 2 % des visites d’un site d’actualité français toutes sources confondues ». Mais si l’on se focalise uniquement sur les sites dits « affluents » renvoyant du trafic vers ces mêmes sites d’actualité, Facebook s’arroge 22,2 % des visites (octobre 2011), suivi de Twitter avec 4,4 %. « Le petit dernier, Google +, lancé en juillet 2011 et ouvert au public depuis le 21 septembre dernier, n’est pas encore dans la course avec des visites encore anecdotiques… », souligne AT Internet. Social Graph (1), Like (2), Ticker (3), Timeline (4), News Feed (5), … Tous les moyens sont bons pour suivre et générer du trafic. Les sites qui utilisent Ticker voient leur trafic provenant de Facebook en plus forte augmentation que s’ils n’utilisent que le bouton « J’aime ».
Le Wall Street Journal aux Etats-Unis ou le Guardian en Grande-Bretagne bénéficient ainsi de l’affluence de Facebook où ces quotidiens sont présents. Certains médias utilisent en outre le système des « crédits » de Facebook, lequel prélève 3% sur les transactions, pour monétiser certains contenus. @

Musique en ligne : Spotify et Deezer donne le « la »

En fait. Le 30 janvier, le Syndicat national de l’édition phonographique (Snep)
a publié – lors du Marché international du disque et de l’édition musical (Midem) – le bilan 2011 pour la France : le marché de la musique enregistrée chute de 3,9 % sur un an, mais les ventes numériques font un bond de 25,7 %.

En clair. Pour la première fois, le marché français de la musique en ligne a franchi allègrement la barre des 100 millions d’euros de chiffre d’affaires l’an dernier (pour atteindre 110,6 millions précisément). Soit le double par rapport à 2007. Ces chiffres
de ventes en gros que publie le Snep – lequel fête cette année ses 90 ans avec ses
48 membres, dont les majors (Universal Music/EMI, Sony et Warner) – sont plus ou moins cohérents avec les chiffres de détail que publiait jusqu’à maintenant l’Observatoire de la musique avec GfK. Le Centre national de la musique (CNM),
qui a été lancé au Midem par Frédéric Mitterrand et les représentants de la filière, devrait être en effet le seul à publier par la suite les chiffres de la musique en France (1). Mais globalement, la filière musicale n’accuse pas un recul des ventes de 3,9 % mais de bien plus. Selon nos calculs, qui mettent à part les « droits voisins » (2) ayant généré 94 millions d’euros l’an dernier (+ 6,8 %), plus dure a été la chute : – 5,6 % sur un an. Toujours hors droits voisins, la part de marché du numérique a dépassé l’an dernier le seuil des 20 % (à 21,1 % précisément) du total des ventes physiques et numériques (hors droits voisins, soit 523,2 millions d’euros). Si l’industrie musicale a passé ce cap numérique, c’est grâce en premier lieu aux formules d’abonnements qui affichent la plus fortes des hausses établies sur l’an dernier : 89,4 % de croissance sur un an, à 25,9 millions d’euros. Il s’agit pour l’essentiel des abonnements Internet (hors téléphonie mobile), qui explosent de… 198 % en un an à 22,4 millions d’euros. Les abonnements mobiles, eux, restent encore modestes à 3,4 millions d’euros. Autrement dit, Deezer (partenaire d’Orange) et Spotify (partenaire de SFR) mènent la danse dans la progression des ventes numériques. Il faut dire que les majors du disque (Universal Music en tête) ont réussi à imposer à ces plateformes – dont elles sont pour certaines actionnaires minoritaires – d’instaurer des abonnements payants et de limiter le nombre d’écoutes gratuites. Et ce, sous peine de perdre tout le catalogue en question. Selon le Snep, « le modèle économique basé sur la gratuité/publicité doit se renforcer et se pérenniser grâce aux formules d’abonnement payantes ». Cela n’empêche pas le streaming gratuit financé par la publicité en ligne de progresser de plus de 50 % à
13,9 millions d’euros. @

Vidéo et mobile dynamisent la mesure d’audience

En fait. Le 15 décembre, Médiamétrie a publié la première mesure d’audience de la vidéo sur ordinateur. Et le 8 décembre, lors des 5e Assises de la convergence des médias, Laurent Battais, l’un de ses dirigeants, a confirmé la mensualisation de la mesure d’audience de l’Internet mobile avec WiFi.

En clair. La vidéo visionnée sur ordinateur est enfin mesurée en France, grâce à Médiametrie//NetRatings – la société commune de Médiamétrie et de Nielsen. Les premiers résultats portent sur le mois de septembre et comportent deux classements :
l’un par « player » (lecteur vidéo d’un diffuseur) et l’autre par « site-support » (pages avec vidéo sur un même site). Ces résultats mensuels de la mesure de la vidéo sur ordinateur (visiteurs uniques, vidéos vues et temps passé) prennent en compte le streaming vidéo vidéo sur sites web, plates-formes de partage vidéo (Dailymotion, YouTube, …), TV de rattrapage (1). C’est la première fois que la catch up TV, pratiquée par 14,5 millions d’adeptes sur ordinateur (19 %), est prise en compte. Cependant, selon nos informations, il faudra attendre 2012 pour qu’elle soit par ailleurs intégrée dans le différé sur 7 jours de
la mesure d’audience des chaînes (2) La vidéo à la demande (VOD), elle, n’est pas concernée par cette nouvelle mesure vidéo « hybride » (panel d’internautes et résultats des sites web ou site-centric). « Les éditeurs de sites vidéos peuvent désormais encore mieux intégrer la vidéo à leur offres publicitaires et les agences aux plans médias des annonceurs », explique Estelle Duval, directrice de Médiametrie//NetRatings. Pour les vidéos vues à partir de smartphones, elles sont incluses dans une autre mesure, celle
de l’Internet mobile lancée il y a un an (fin octobre 2010) par Médiametrie//NetRatings
et l’Association française du multimédia mobile (AFMM). « Cependant, à l’inverse de la nouvelle mesure mise en place sur le fixe, elle n’intègre pas la durée de consultation
en streaming ni la mesure du contenu consommé », précise Laurent Battais, directeur exécutif « Performance et Cross Média » de Médiamétrie, à Edition Multimédi@.
Et à partir de décembre, la périodicité de la mesure Internet mobile passe de trimestrielle à mensuelle, tout en intégrant les connexions via le WiFi (résultats publiés fin janvier 2012). « Les éditeurs et les publicitaires vont pouvoir comparer l’audience du web fixe avec celle des mobiles. L’Internet mobile est en outre déjà intégré dans l’étude annuelle Cross Média, dont la prochaine édition sera publiée en juin 2012 », indique Laurent Battais. Les tablettes, iPad d’abord, auront aussi leur mesure, disponible également en janvier 2012. @

Pub : de la vente d’espaces à la vente de contacts

En fait. Le 8 décembre, se sont tenues à l’Assemblée nationale les 5e Assises
de la convergence des médias – organisées par l’agence Aromates, à l’initiative du député Patrice Martin-Lalande. Thème cette année : « Quelle place pour la publicité dans l’économie des nouveaux services audiovisuels ? ».

En clair. « La télévision peut-elle perdre la bataille de la publicité ? ». Telle était la première préoccupation de ce colloque introduit par Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication, et Michel Boyon, président du CSA. « On passe d’une logique de vente d’espaces à une logique de vente de contacts qualifiés », a expliqué Gilles Fontaine, directeur général adjoint de l’Idate (1). Or, si les chaînes de télévision ont mieux résisté à la baisse des prix du marché de la publicité télévisée, elles doivent faire face, selon lui, à une « réorganisation de la chaîne de valeur » dans un monde où délinéarisation (catch up TV, VOD, …) est synonyme de destruction de valeur. Mais passer à la vente de contacts nécessite un système d’information adapté.
« Les chaînes sauront-elles maîtriser cette technicité ? », se demande Gilles Fontaine. Bruno Patino, directeur général délégué à la stratégie et au numérique de France Télévisions (2), préfère parler de vente de « contexte d’utilisation, c’est-à-dire un mélange des deux » à l’heure de la Social TV (télévision et réseaux sociaux), tout
en prenant acte que  « [les chaînes] ne seront plus les maîtres et ne contrôleront plus
le système ». Mais pour l’heure, rassure Zysla Belliat, présidente de l’Irep (3), « la télévision reste encore cette puissance dans le foyer, cette lumière au fond de la caverne » (sic). La télé pèse en effet en 2010 plus de 3,4 milliards d’euros des recettes publicitaires en France (+ 11,2 % sur un an), soit 32,1 % de parts de marché.
Ce qui la place en seconde position derrière la presse et ses 3,7 milliards de recettes publicitaires (en recul de 1,6 %), pour 34,4 % de parts de marché. Internet, lui, génère seulement 540 millions d’euros (+ 12 %) en display (hors liens sponsorisés et e-commerce) : de quoi relativiser… pour l’instant.
Car le marché global français de la publicité – dont les recettes des médias dépassent, selon l’Irep, les 10,7 milliards d’euros en 2010 pour 30,7 milliards d’euros de dépenses de communication des annonceurs – n’est pas extensible. Entre TNT (19 chaînes gratuites, 10 payantes, 5 HD, 45 locales, bientôt 6 nouvelles), catch up TV, VOD, plates-formes vidéo (YouTube, Dailymotion et bientôt Netflix et Hulu) et TV connectée, la fragmentation de l’offre audiovisuelle entraîne une fragmentation de l’audience et, donc, de la publicité. @

Taxe pour la copie privée : sans le piratage en ligne ?

En fait. Le 29 novembre, les députés ont voté en faveur du projet de loi sur la rémunération de la copie privée. Il établir un nouveau cadre législatif en excluant notamment des calculs de la commission « Hadas-Lebel » la copie privée des œuvres piratées. Cela lui impose de réaliser des études d’usages.

En clair. Il était temps ! Surtout que les sénateurs vont adopter à leur tour in extremis ce texte le 19 décembre… C’est en effet à partir du 22 décembre prochain que la commission « copie privée » et la plupart de ses barèmes de rémunération allaient devenir hors-la-loi. La taxe pour copie privée, qui rapporte environ 180 millions d’euros par an aux ayants droits (1), était ainsi remis en cause par le Conseil d’Etat le 17 juin dernier, à la suite
d’un arrêt du 21 octobre 2010 de la Cour de justice de l’Union européenne exemptant
les supports acquis pour un usage professionnel de la « taxe » copie privée (2). Ce n’est pas la première fois que le Conseil d’Etat porte un coup fatal à la commission baptisée
« Albis » (du nom de son ancien président jusqu’en octobre 2009), puis « Hadas-Lebel » (son successeur). En effet, la Haute juridiction administrative – saisie par le Simavelec
(3) – avait annulé le 11 juillet 2008 toutes les décisions de la commission qui dépend
de trois ministères (Culture, Industrie et Consommation). Car elle n’aurait pas dû établir ses barèmes sans exclure de ses calculs les musiques ou les films téléchargés illégalement sur Internet et les réseaux peer-to-peer. Résultat : le premier article du
projet de loi stipule que la rémunération pour copie privée ne concerne que les copies
« réalisées à partir d’une source licite ». Encore faut-il des « enquêtes » sur les usages
de chaque type de support. Le texte prévoit donc que non seulement « le montant de la rémunération [taxe mentionnée sur l’étiquette lors de l’achat, ndlr] est fonction du type de support et de la durée d’enregistrement qu’il permet », mais aussi – est-il rajouté à l’article 3 – que « ce montant est également fonction de l’usage de chaque type de support ».
« Cet usage est apprécié sur le fondement d’enquêtes ». Chaque support à taxer doit donc faire l’objet d’une étude d’usages soit préalable, soit dans certains cas « objectifs » dans un délai d’« un an à compter de cet assujettissement ». Par exemple, selon nos informations, la commission « Hadas-Lebel » a reçu en novembre une étude sur les disques durs multimédias, l’une des douze enquêtes confiées à l’institut de sondages CSA. Les smartphones, les tablettes, les enregistreurs vidéo de salon ou encore les
box des FAI auront chacun une étude d’usages. @