A propos Charles de Laubier

Rédacteur en chef de Edition Multimédi@, directeur de la publication.

Livre numérique : les auteurs s’inquiètent du piratage et de leur rémunération

Alors que le marché du livre numérique peine à décoller en France, les auteurs doutent de la capacité de l’industrie de l’édition à lutter contre le piratage sur Internet. En outre, ils se prennent à espérer une meilleure rémunération avec le nouveau contrat d’édition tenant compte du numérique.

Ils sont désormais plus de 400 auteurs à avoir signé la pétition contre le piratage lancée il y a un peu plus d’un mois. « Le temps où le monde du livre se pensait à l’abri du piratage est révolu. Nous sommes très nombreux à nous être aperçus que plusieurs
de nos ouvrages étaient mis à disposition sur de sites de téléchargement gratuits », s’inquiètent-ils. Après la musique et le cinéma, c’est au tour du livre de tirer la sonnette d’alarme sur ce qui pourrait devenir un fléau pour l’industrie de l’édition.

Quel est l’intérêt pour Verizon de racheter AOL ?

En fait. Le 12 mai, l’opérateur américain Verizon a annoncé avoir signé un accord pour acquérir AOL 4,4 milliards de dollars. Le géant des télécoms monte ainsi dans la chaîne de valeur de l’économie numérique et compte accélérer dans les contenus mobiles et vidéo, qu’ils soient éditoriaux ou publicitaires.

En clair. Près de quinze ans après avoir été racheté – en 2001 – par le groupe Time Warner pour 165 milliards de dollars (ce dernier l’ayant revendu en 2009 sérieusement dévalorisé après l’éclatement de la bulle Internet), AOL retombe dans les bras d’un grand groupe et non des moindres. Verizon est troisième opérateur télécoms mondial en termes de chiffre d’affaires (1), derrière NTT et AT&T, et le premier opérateur mobile aux Etats- Unis. L’opération devrait être bouclée d’ici cet été, après le feu vert des autorités anti-trust.
En janvier dernier, son PDG Lowell McAdam avait démenti l’information de l’agence Bloomberg évoquant le souhaite de Verizon de s’emparer d’AOL. « Dire que nous avons engagé des discussions en vue d’une acquisition importante n’est vraiment
pas exact », avait-il alors assuré le 6 janvier dernier. C’était mentir pas omission… Aujourd’hui, les faits sont là. Le pionnier de l’Internet, American On Line (AOL), va tomber dans l’escarcelle de Verizon. Cette annonce intervient huit mois après qu’un investisseur ait plaidé pour un rapprochement entre AOL et Yahoo. Des actionnaires
de ce dernier ont même exhorté Tim Amstrong, PDG d’AOL, d’étudier la faisabilité d’une fusion entre les deux portails du Net. Mais ce dernier avait alors écarté cette voie, en justifiant que son groupe avait déjà « une échelle considérable ». C’était là aussi un mensonge par omission…
Grâce à AOL et à ses nombreux services en lignes (2), Verizon fait un pas de géant
sur le marché de l’OTT (Over-The-Top) que constituent les services Internet proposés indépendamment des opérateurs télécoms ou des câblo-opérateurs. AOL restera AOL, sous la forme d’une filiale détenue à 100 % par l’opérateur télécoms, numéro un des mobiles aux Etats-Unis.
La vidéo est au cœur des motivations de cette croissance externe, que cela soit la vidéo mobile sur réseau 4G que la vidéo OTTV (Over-The-Top Video). Verizon envisagerait de lancer en juin un service de télévision en streaming (live, émissions originales et pay-per-view). « La combinaison de Verizon et d’AOL crée une plateforme unique et augmentée dans le mobile et le média OTT, pour les créateurs, les consommateurs et les publicitaires », s’est félicité Tim Armstrong. In fine, ce que
lorgne Verizon avec AOL, c’est le marché mondial de l’e-pub qui – selon le cabinet d’études eMarketer – devrait atteindre cette année 600 milliards de dollars. @

GAFA : la France milite pour un régulateur européen

En fait. Le 19 mai, Sébastien Soriano – président depuis mi-janvier de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep) – était l’invité de l’Association des journalistes économiques et financiers (Ajef). Il est favorable à une régulation européenne des plateformes numériques.

En clair. La Commission européenne vient de lancer le chantier de la réflexion sur la régulation européenne des plateformes numériques, et elle devrait livrer les premiers éléments de cette réflexion d’ici fin 2015 pour légiférer courant 2016. Elle est encouragée dans ce sens par la France et l’Allemagne qui poussent à la mise en oeuvre d’une régulation numérique européenne. « Je constate que le moteur franco-allemand s’est rallumé. Dès le conseil des ministres franco-allemand de février 2014,
il y a des déclarations communes très fortes sur la volonté de la France et de l’Allemagne d’avancer notamment sur la régulation des plateformes : Google, Apple, Facebook, … », s’est félicité Sébastien Soriano, président de l’Arcep.
Selon lui, il y a eu « une forme de naïveté de l’Europe qui s’est laissée colonisée » par des équipementiers asiatiques et des acteurs du Net américains – GAFA en tête. Cette période est révolue. Mais cela suppose une régulation européenne des plateformes numérique pour éviter que, d’une part, les acteurs dominants de l’Internet empêchent des start-up européennes d’émerger, et que, d’autre part, les 30 % de commission prélevés par ces acteurs ne partent ailleurs. « Comment on évite un système dans lequel il y a une “Uberisation” massive de l’ensemble de l’économie ? », s’interroge Sébastien Soriano. Qui doit alors jouer le rôle de régulateur européen des plateformes numériques ? La France et l’Allemagne avancent plusieurs scénarios : la Commission européenne pourrait jouer ce rôle, via sa direction générale DG Comp, en charge de
la concurrence, ou sa DG Connect, en charge du numérique. Ou bien cette régulation européenne pourrait être confiée à un réseau de régulateurs comme cela existe entre les « Autorité de la concurrence » européennes avec leur Réseau européen de la concurrence (Rec) mis en place début 2004. A moins que l’on opte pour un système fédéral comme celui des télécoms avec l’Organe des régulateurs européens des communications électroniques (Orece), ou Berec en anglais, créé en décembre 2009. En revanche, Sébastien Soriano a redit qu’il n’était pas favorable à un régulateur européen des télécoms (1) : « Là, je parle des télécoms, sur les tuyaux, sur les réseaux, sur le dur. C’est le métier historique de l’Arcep. Et moi, je souhaite un bon courage à un régulateur européen qui devra s’intéresser à comment déployer la fibre optique dans la Creuse ! ».

La presse européenne s’est « vendue » à Google pour seulement 150 millions d’euros sur trois ans

La presse européenne ne vaut-elle pas mieux que 150 millions d’euros étalés
sur trois ans ? Le géant du Net consacre cette manne au fonds qu’il vient de créer – Digital News Initiative (DNI) – pour venir en aide aux journaux en Europe. Il prendra le relais du fonds français Finp qui prend fin en 2016.

Cent cinquante millions d’euros sur trois ans pour les éditeurs de presse dans vingthuit pays, l’Europe, c’est
à peine plus du double des 60 millions d’euros sur trois
ans que Google a consentis pour un seul pays, la France. Autant dire que le Digital News Initiative (DNI) est proportionnellement moins disant que le Fonds pour l’innovation numérique de la presse (Finp). « Pour toute l’Europe, 150 millions d’euros, c’est assez faible, et surtout une goutte d’eau par rapport à ce que génère Google »,
a réagi Louis Dreyfus (1), le président du directoire du groupe Le Monde, quasiment
le seul patron de la presse français à s’être exprimé sur cette aumône versée par le numéro un mondial des monteurs de recherche et éditeur de Google News.

Pourquoi le géo-blocage est l’un des points de… blocage pour le marché unique européen

La Commission européenne a confirmé le 6 mai vouloir réformer le droit d’auteur afin de mettre un terme aux géo-blocages qui empêchent l’émergence d’acteurs européens capables de rivaliser avec les sociétés américaines. La France, elle, défend son « exception culturelle ».

Par Katia Duhamel, expert en droit et régulation des TICs, et David Guitton, avocat au barreau de Paris

La Commission européenne veut mettre fin au géo-blocage, perçu comme un frein au développement du marché unique numérique, et concrétiser ainsi une promesse de son président Jean-Claude Juncker qui avait affirmé vouloir
« briser les barrières nationales en matière de réglementation (…) du droit d’auteur » (1) (*). Il est soutenu dans ce combat par le vice-président chargé du Marché unique du numérique, Andrus Ansip, et le commissaire européen au Numérique, Günther Oettinger.