A propos Charles de Laubier

Rédacteur en chef de Edition Multimédi@, directeur de la publication.

Licence légale étendue aux webradios : bras de fer

En fait. Le 12 janvier, la Société civile des producteurs phonographiques (SCPP) faisait un point en présence de son président Pascal Nègre (Universal Music).
A l’instar du Snep (majors de la musique) et de l’UPFI/SPPF (producteurs indépendants), elle fustige l’extension de la licence légale aux webradios.

En clair. Ce n’est pas gagné pour les milliers de webradios en France : les producteurs de musique – majors (Universal Music/EMI, Sony Music, Warner Music) et indépendants – sont vent debout contre l’extension de la licence légale aux webradios. A travers leurs organisations professionnelles (Snep/SCPP pour les majors et UPFI/SPPF pour les indépendants), ils accusent le gouvernement d’être passé en
force en faisant adopter le 29 septembre 2015 à l’Assemblée nationale un amendement prévoyant – à l’article 6 bis du projet de loi « Liberté de création » – d’appliquer aux radios sur Internet la même « rémunération équitable » que pour les radios de la
bande FM.

Affaire « New Media Online » : comment la CJUE a pris à revers son avocat général

Selon l’arrêt « New Media Online » du 21 octobre 2015 rendu par la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), l’offre de vidéos sur le site Internet d’un journal peut relever de la réglementation des services de médias audiovisuels. Dans cette hypothèse, cette offre est soumise au contrôle du CSA et aux obligations associées.

Par Katia Duhamel, experte en droit et régulation des TICs, K. Duhamel Consulting

C’est à la suite d’une demande de décision préjudicielle, dont elle a avait été saisie par une juridiction autrichienne afin de déterminer si le site web d’un quotidien sur lequel figure des vidéos relève de la directive européenne « Services de médias audiovisuels » (SMA) (1), que la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a rendu son arrêt « New Media Online » (2). La Cour a ainsi rejeté les conclusions de l’avocat général Maciej Szpunar datant de juillet 2015, selon lesquelles ni le site web d’un quotidien qui comporte des vidéos, ni aucune partie d’un tel site, ne constitue un « service de médias audiovisuel » au sens de la directive SMA (3).

Jean-Noël Tronc (Sacem) milite pour un système « copie privée » planétaire, étendu au cloud

Le directeur général de la Sacem, Jean-Noël Tronc, a plaidé le 3 décembre dernier – au siège de l’Unesco à Paris – en faveur d’un système « planétaire » de rémunération pour copie privée. Il pousse en outre la France à légiférer pour étendre la copie privée aux services en ligne de cloud computing.

« La rémunération pour copie privée, est un système qui pourrait être planétaire et qui a l’avantage de ne pas peser
sur les finances publiques, tout en concernant tous les genres d’arts. Elle peut être mise en oeuvre dans tous les pays du monde », a affirmé Jean-Noël Tronc (photo), DG de la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem), également vice-président de l’équivalent européen Gesac (1), organisation-sœur de la confédération internationale Cisac (2).

La valorisation de Yahoo est de … zéro ! A vendre ?

En fait. Le 10 décembre, le conseil d’administration de Yahoo a décidé de suspendre – sous la « menace fiscale » – le plan annoncé en janvier 2015 de cession de sa très profitable participation de 15 % dans le chinois Alibaba.
Mais une nouvelle société cotée « Yahoo » va voir le jour. Pour être vendue ?

En clair. Actuellement, le coeur d’activité de Yahoo – le portail Internet – est valorisé par les investisseurs à pas plus de zéro dollar, selon l’agence Bloomberg. Explication : la firme de Sunnyvale en Californie affiche une valorisation boursière de 32,7 milliards de dollars au 10 décembre 2015, ce qui représente moins de la somme de sa participation de 15 % dans Alibaba, de ces parts dans Yahoo Japan, et de sa trésorerie. Cela démontre que son core business ne vaut… rien. C’est pour redonner toute sa valeur à l’icône historique du Web, revendiquant plus de 1 milliard d’utilisateurs dans le monde, qu’une nouvelle société cotée va être créée pour accueillir l’activité historique de Yahoo. Pour mieux la vendre ? « Le conseil a l’obligation de discuter avec n’importe quelle personne légitime se présentant avec une bonne offre », a indiqué de manière sibylline le 9 décembre Maynard Webb, président du conseil d’administration de Yahoo. Deux jours avant, Verizon – déjà propriétaire d’AOL – s’était dit intéressé par Yahoo. Face à Google, Facebook ou Twitter, le pionnier du Net fait en attendant pâle figure,
et son chiffre d’affaires ne cesse de baisser depuis cinq ans, Bloomberg prévoyant encore cette année 2015 un recul de 8 % à 4,04 milliards de dollars. Alors que les revenus de la publicité sur mobile constituent un relais de croissance pour ses concurrents, ceux de Yahoo se contractent et, selon le cabinet d’études eMarketer,
cela devrait continuer jusqu’en 2017. A moins que sa stratégie ne soit réorientée vers des « acqui-hire » (1). C’est ce que demandent de plus en plus d’actionnaires de Yahoo, alors que sa PDG Marissa Mayer n’a pas réussi – depuis trois ans et demi (2) – à convaincre. Quant au trafic web de Yahoo, il décline lui aussi de façon continue. Le 14 décembre dernier et dans une présentation d’une centaine de pages (3), le fonds d’investissement new-yorkais SpringOwl a appelé la direction de Yahoo à supprimer… 9.000 emplois sur les 10.700 salariés à temps plein et 800 contractuels à fin septembre…., tout en demandant à ce que Marissa Mayer soit remplacée. En y ajoutant la fin de la nourriture gratuite pour les employés et des parrainages coûteux, SpringOwl estime qu’il est possible de dégager 2 milliards de dollars par an d’excédent brut d’exploitation (Ebitda). Le fonds spéculatif suggère en outre de vendre le siège de Sunnyvale et de s’endetter pour faire des acquisitions. @

« Erreur », « hold-up », … Le fonds Google d’aide à certains journaux divise toujours la presse française

Carlo d’Asaro Biondo, président de Google Europe (EMEA), chargé des partenariats stratégiques, a dû encore défendre le fonds – toujours contesté – d’aide à la presse française d’« information politique et générale », signé en 2013 sous la houlette de François Hollande et prolongé jusqu’au 31 décembre 2016.

Propos recueillis par Charles de Laubier

Les deux dernières attaques en règle contre le fonds Google pour l’innovation numérique de la presse française sont venues de Hervé Rony, directeur général de la Société civile des auteurs multimédias (Scam), et de Laurent Bérard- Quelin, président du Syndicat de la presse économique, juridique et politique (SPEJP). C’était le 9 décembre dernier lors d’un dîner-débat au Sénat organisé par le Club audiovisuel de Paris, qui avait comme invité d’honneur Carlo d’Asaro Biondo (photo), président de Google pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique (EMEA), en charge des partenariats stratégiques. « Je pense que la presse française a commis une erreur monumentale (en 2013), parce que Google a fait un chèque de 60 millions d’euros. C’est comme si
je sortais de mon porte-monnaie 15 euros ! Quand on fait 60 milliards de dollars de chiffre d’affaires au niveau mondial… », a lancé Hervé Rony. Et le directeur général de la Scam d’enfoncer le clou : « La presse n’a rien résolu du problème du partage de la valeur sur l’échange de données. Le fait est qu’une large part des oeuvres protégées par le droit d’auteur circulent sur Google par le biais d’un lien avec une adresse URL. Cette question-là du partage de la valeur doit être traitée. Or elle ne l’est pas car on
n’a pas trouvé d’issue à ce problème. Il y a un moment où Google ne peut pas s’affranchir… ».