A propos Charles de Laubier

Rédacteur en chef de Edition Multimédi@, directeur de la publication.

Basculement historique : Le Monde aura vendu en 2018 plus de journaux numériques que d’exemplaires papier

Le centre de gravité du Monde bascule dans le digital : les ventes en France des versions numériques du quotidien deviennent majoritaires au cours de ce second semestre 2018. Les marges étant supérieures à celles du papier, le patron Louis Dreyfus se dit satisfait et veut plus d’abonnements numériques.

Les ventes du quotidien Le Monde sont en train de basculer dans le numérique. L’année 2018 marquera une étape importante,
où les versions numériques payées seront désormais plus nombreuses en France que celles de l’édition papier – toutes diffusions payées en France (abonnements, ventes au numéro
ou par tiers). Selon les estimations de Edition Multimédi@, en prenant en compte le déclin du « print » (journal imprimé) et la croissance du digital (le même journal au format de type PDF), c’est au cours de ce second semestre 2018 que plus de 50 % des ventes du Monde
en France se feront en versions numériques.
Ce taux atteignait déjà 44,5 % en moyenne sur un an à la fin du premier semestre 2018, d’après les chiffres certifiés de l’ACPM (ex-OJD), soit 126.171 journaux digitaux vendus par jour (incluant 789 vendus indirectement) sur une diffusion payée totale en France de 283.678 exemplaires payés (imprimés et numériques). Rien qu’en août, ce taux est passé à 49,1 %, avec 139.608 versions numériques (1). Ce ratio a surtout nettement progressé en six mois en faveur de la dématérialisation du titre, par rapport
à la moyenne quotidienne de 40,1 % constatée sur 2017 (114.171 versions numériques sur un total payé de 284.738 exemplaires).

Plus de la moitié des ventes du Monde se font désormais avec l’édition digitale
Ce déplacement du point de gravité du « quotidien de référence » fondé par Hubert Beuve-Méry en décembre 1944 est historique et illustre le profond changement de paradigme que vit la presse.
D’autres quotidiens ont déjà franchi ce cap, comme le New York Times dès fin 2015,
au moment où il dépassait plus de 1 million d’abonnés digitaux. Aujourd’hui, à fin juin,
le quotidien de référence new-yorkais comptait 2,89 millions d’abonnés uniquement numériques sur un total de 3,8 millions – soit un ratio de… 76 % en faveur du digital ! Louis Dreyfus (photo), le président du directoire du groupe Le Monde et directeur de la publication, n’a pas évoqué explicitement ce basculement historique du Monde dans le digital devant l’Association des journalistes médias (AJM), dont il était l’invité le 19 septembre. Mais c’était tout comme, tant les abonnements numériques sont désormais au cœur de la stratégie du groupe appartenant au duo Pigasse-Niel.

165.000 abonnés numériques au Monde
Pour le quotidien en particulier, le dirigeant du Monde a fait état de 165.000 abonnés numériques, soit un chiffre bien au-dessus de la diffusion payante digitale certifiée par l’ACPM (3). « L’abonnement au Monde à 1 euro est notre offre numérique de départ
sur un mois, sur six mois pour les étudiants. Comme le prix est bas, ces abonnements à 1 euro ne sont pas “OJDifiés” [comprenez, comptabilisés dans la diffusion payante certifiée par l’ACPM, ndlr]. Cela explique la différence entre les 165.000 abonnés numériques payants que nous atteignons et les 136.000 de l’OJD », a expliqué Louis Dreyfus. Alors que le nombre d’abonnés numériques augmente de 13,8% sur un an en France, la croissance atteint 20 % si l’on y ajoute cette porte d’entrée à 1 euro. Et selon le directeur de la publication, « le taux de conversion est assez fort ». Lorsque Louis Dreyfus est arrivé à la tête du Monde il y a huit ans, le portefeuille était de 25.000 abonnés numériques avec un panier moyen de l’ordre de 6 euros ; il est aujourd’hui
de 165.000 abonnés avec un panier moyen « très largement supérieur ». « On ne fait pas du dumping [tarifaire] car nous n’avons pas intérêt à vendre un maximum d’abonnements à 1 euro ; il en va de mes revenus. On me dit que nous cassons les prix, mais en réalité ce n’est pas le cas », s’est-il défendu.
Globalement, la progression du portefeuille du Monde – hors promotions et net du churn (attrition) – se situe autour de 200 abonnés par jour. En revanche, le journal papier continue de décliner. Sur un an, à fin juillet, les ventes « print » en France ont reculé de 5,8 %. Mais le patron du Monde se veut confiant pour l’avenir malgré cette dématérialisation accélérée. « Comme je ne suis plus propriétaire de mon imprimerie,
la question (de la proportion entre print et digital) n’est pas mon sujet. L’abonnement papier résiste ; l’été a été bon ; l’entretien-événement en mai avec Daniel Cordier [97 ans, Résistant et ancien secrétaire de Jean Moulin, ndlr] a fait un très bon score de ventes ; la diffusion du « M » est en bonne position : le papier garde sa fonction », assure-t-il. Si le quotidien imprimé perd de l’argent, la marque Le Monde – constituée du quotidien, de son site web et du magazine M – est, elle, rentable. Les derniers résultats, présentés au conseil de surveillance présidé depuis un an par Jean- Louis Beffa (ex-président de Saint Gobain), ont confirmé le redressement du groupe – sans plus. « On ne sera pas en hausse cette année car 2017 avait été une année exceptionnelle avec les élections (4), mais on reste avec une progression forte de nos abonnés digitaux. Et la diffusion payée du Monde devrait être en croissance, comme
en août où elle a été de 2,7 %. Nous avons des fondamentaux qui restent solides », s’est félicité Louis Dreyfus. Même si les abonnements numériques tirent les revenus
à la baisse, la marge, elle, augmente : « L’abonnement digital du Mondea une valeur faciale qui est la moitié de l’abonnement print. Sa rentabilité est à peu près 5 % à 10 % supérieure. Donc, si mon chiffre d’affaire baisse parce que 100 % de mes abonnés
print deviennent 100 % de mes abonnés numériques, ma rentabilité aura augmenté ». Toutes proportions gardées, la croissance numérique du Monde est, d’après Louis Dreyfus, à peu près en ligne avec celle du New York Times. « Nous avons le premier portefeuille numérique en France, a-t-il déclaré. La vraie question est de savoir si l’on va heurter un plafond ou pas. Pour l’instant, le nombre des abonnés numériques est
en croissance. Cela ne se fait pas sans investissements, dont beaucoup dans la rédaction ». En 2010, il y avait 310 journalistes au Monde (quotidien, site web et magazine). Aujourd’hui, ils sont 440. L’enjeu est maintenant de développer l’abonnement numérique à l’échelle du groupe, lequel inclut Télérama, Courrier International, La Vie, L’Obs ou encore Le HuffPost – mais sans aller sur « les kiosques numériques [LeKiosk, ePresse, SFR Presse, …, ndlr] qui détruisent de la valeur » (dixit Louis Dreyfus). Sa préoccupation est notamment de savoir « comment et pourquoi [s]es enfants, qui ont neuf et douze ans, paieront pour un titre du groupe dans quinze ans ». Le lecteur du Monde, print ou digital, a 44 ans en moyenne et l’éditeur estime qu’il n’a pas à baisser cette moyenne d’âge. « En revanche, la génération qui vient est bien moins exposée au papier. C’est pourquoi nous avons lancé il y a deux ans une édition sur Snapchat Discover que 1 million d’adolescents français regardent tous les jours.
Si j’en garde d’ici cinq ans ne serait-ce que 10 %, ce sera le jackpot ! », a expliqué le patron du Monde. L’équipe dédiée « Snapchat » est actuellement de sept ou huit personnes, soit moins de 2 % de la rédaction. La monétisation se fait par le partage des recettes publicitaires, majoritairement pour l’éditeur. « Ce n’est pas un investissement démesuré par rapport à l’une de nos priorités qui est d’amener cette génération qui vient à payer pour nos contenus dans dix ans ».

L’Obs et Le Huffpost testent des podcasts
Par ailleurs, sont menés des tests de podcasts natifs : L’Obs a fait une série audio cet été (« Au coeur du crime »), diffusée sur iTunes et SoundCloud, et Le HuffPost deux programmes depuis juin (« Quoi de neuf Le Huff ? » et « Coach à domicile ») accessibles de l’enceinte connectée Amazon Echo. Quant au site Lemonde.fr (77,3 millions de visites en août), il va être refondu pour fin octobre. @

Charles de Laubier

Président de 25 holdings personnelles, Xavier Niel simplifie ses « NJJ » et s’engage à ne pas concurrencer Iliad

Avec ses multiples investissements dans les télécoms, via sa galaxie d’holdings « NJJ » qu’il simplifie, Xavier Niel fait de l’ombre au groupe Iliad, dont il est fondateur et actionnaire majoritaire. Afin d’éviter que le premier ne marche sur les plates-bandes du second, une « convention » a été signée cette année.

Le fondateur de Free, Xavier Niel (photo), est un boulimique de holdings personnelles : il en détenait jusqu’à présent pas moins de vingt-cinq dont les noms commencent par NJJ ! D’ailleurs, pourquoi un tel sigle ? Pour « Niel John Jules », le nom de famille paternel suivi des prénoms de ses deux garçons nés en 2000 et 2002 d’une première relation (1). Ces 25 holdings patrimoniales, dont Xavier Niel est président, constituaient jusqu’à maintenant comme un inventaire à la Prévert : NJJ Holding, NJJ Capital, NJJ Immobilier, NJJ Market, NJJ Animation, NJJ Invest Tel, NJJ Entertainment, NJJ Investco, NJJ Project Two, NJJ Project Three, ou encore NJJ Project Four, NJJ Project Five, NJJ Exclusive, NJJ Strategy, NJJ Innovation, NJJ Télécom, NJJ Presse, NJJ Tara, NJJ Galway, sans oublier NJJ Boru, NJJ Telecom Europe, NJJ Suisse Acquisition, NJJ Capital Monaco Acquisition, NJJ North Atlantic, et NJJ Indian Ocean. La galaxie « Niel » se le dispute à la nébuleuse financière, où gravitent aussi Sons Holdco, Invest SB ou encore Kima Ventures. Difficile de s’y retrouver dans ce dédale de véhicules financiers, aux investissements tous azimuts, notamment dans les télécoms – au risque justement d’empiéter sur les plates-bandes d’Iliad, la maison mère de Free dont il détient encore, à fin mai, 52,2 % du capital et 50,9 % des droits de vote via sa nouvelle holding Holdco.

Une convention « Iliad-NJJ »  a été signée pour « clarifier » ses intentions
C’est que le milliardaire et 13e plus grande fortune de France – avec un patrimoine professionnel de 6,8 milliards d’euros en 2018, selon Challenges – s’intéresse tout autant qu’Iliad aux marchés des télécoms à l’international. Depuis plusieurs années, il investit ses deniers personnels dans des opérateurs fixe et/ou mobile étrangers, lorsque ce n’est pas dans de multiple start-up de l’Internet. « Je ne communique jamais sur mes investissements privés, désolé », répond Xavier Niel à Edition Multimédi@. Un communiqué daté du 5 septembre émis par l’une de ses holdings, Holdco, annonce que « Xavier Niel a réorganisé et simplifié l’ensemble de ses holdings durant ces derniers mois [afin] notamment de lui permettre de mieux structurer ses projets dans les télécoms ». Il faut dire que ses différentes participations ou acquisitions se sont multipliées ces dernières années.

Xavier Niel fait-il concurrence à Iliad ?
C’est ainsi qu’à titre personnel Xavier Niel est devenu dès 2011 actionnaire minoritaire (30 % du capital) de Golan Telecom que l’ancien DG d’Iliad (jusqu’en 2007), Michaël Boukobza – alias Michael Golan – a lancé en Israël. « La petite cousine de Free » (dixit Xavier Niel) a été revendue l’an dernier
à Electra. Entre temps, la holding NJJ Capital s’est emparé en mai 2014 de
55 % de Monaco Telecom après avoir déboursé 322 millions d’euros.
Cet été, l’opérateur monégasque a racheté MTN Chypre. En juillet de la même année, Xavier Niel investissait 10 millions de dollars dans l’opérateur MyRepublic basé à Singapour et présent aussi en Nouvelle-Zélande, Indonésie et Australie. Puis en décembre 2014, ce fut au tour de d’Orange Suisse d’être racheté par NJJ Capital pour, cette fois, 2,3 milliards d’euros, avant de le rebaptiser « Salt ». L’on retrouve aux Comores NJJ Capital, depuis 2016 au capital de Telecom Comores détenu par le consortium
« Telma en Union des Comores » (Axian, Telma Mobile, Sofima et NJJ Capital). Dans l’Océan indien, Xavier Niel se positionne aussi via ses holdings Telecom Comores Holding (basée à l’Ile Maurice), Holdco et NJJ Indian Ocean (basées à Paris).
L’année 2017, elle, a été marquée par l’entrée controversée de Xavier Niel au Sénégal où NJJ – au sein du consortium Teyliom (où l’on retrouve Axian) – s’est emparé de la licence opérée par Tigo, deuxième opérateur mobile sénégalais, que lui a finalement cédée le luxembourgeois Millicom au détriment de Wari (3). Comme il l’a montré avec Monaco Telecom, Xavier Niel n’hésite pas à conquérir par lui-même des actifs télécoms jusqu’en Europe. Pour éviter un risque de conflit d’intérêt avec Iliad, le groupe étant lui-même attiré hors des frontières de son marché domestique, cela peut
se faire conjointement avec la maison mère de Free. C’est le cas avec l’opérateur historique irlandais EIR, dans le capital duquel Iliad – « aux côtés de NJJ Tara, société détenue à 100 % par NJJ Holding » – a annoncé en décembre 2017 l’acquisition de 31,6 % pour un montant de 318,6 millions d’euros. L’opération a été finalisée en avril dernier. Objectif des deux parties liées : acquérir « à terme » la totalité du capital social de EIR, via Carraun Telecom détenu à 64,5 % par… NJJ Boru, holding dont le capital
a été partagé entre NJJ Tara (51 %) et Iliad (49 %) selon un « accord d’investissement » assorti d’un « pacte d’actionnaire » avec « option d’achat exerçable en 2024 au profit d’Iliad portant sur 80 % de la participation de NJJ Tara dans la société NJJ Boru [soit 26,3 % du capital d’EIR, ndlr]». Cette
« convention réglementée » est détaillée dans le dernier document de référence d’Iliad publié en avril par l’AMF. C’est que les intérêts de Xavier Niel convergent de plus en plus avec ceux du groupe Iliad. Ce qui l’a contraint à clarifier ses positions, comme vis-à-vis de Telecom Italia, dont
il détenait 15,14 % du capital via une filiale à 100 % de NJJ Holding, Rock Investment. « NJJ Holding confirme qu’elle agit pour son propre compte et n’agit pas de concert dans Telecom Italia », avait dû assurer le milliardaire au gendarme boursier italien en novembre 2015, avant de céder toutes ses parts dans l’opérateur historique italien en juillet 2016.
Parallèlement à la convention « Iliad-NJJ Tara » en Irlande, la holding patrimoniale de Xavier Niel a été appelée à conclure en mars une convention plus large pour « clarifier » les intentions des deux parties.
« Dans ce cadre et dans l’hypothèse où NJJ Holding viendrait à étudier un projet de prise de participation, au capital d’un opérateur de télécommunications fixes et/ou mobiles en France ou à l’étranger, NJJ Holding s’engage à informer le conseil d’administration [d’Iliad] de l’existence et à lui transmettre une description de ce projet dans les meilleurs délais. (…) Dans le cas où Iliad décide de poursuivre le projet, NJJ y renoncera (sauf accord de co-investissement avec Iliad) » (4), prévoit cette convention « garde-fou ».
Et pour cause : Iliad vise aussi l’international, malgré des échecs cuisants comme aux Etats-Unis Unis où le groupe avait renoncé en 2014 à acheter
T-Mobile US (15 milliards de dollars pour 56,6 % du capital (5)), et au Royaume-Uni en 2016 après le blocage de la fusion entre O2 et Three. Ainsi, la filiale Iliad Italia (via Iliad Holding) s’est lancée avec succès cette fois dans la péninsule où l’opérateur mobile à la marque « iliad » vient d’obtenir ses fréquences 5G pour 676,5 millions d’euros. Alors que la maison mère est à la peine en France, le lancement réussi en mai dernier en Italie constitue un lot de consolation. Dans les Dom-Tom, ont été lancés Free Caraibe en Martinique et Telecom Réunion-Mayotte à La Réunion, où Iliad possède Telco OI racheté en 2017 à l’opérateur malgache Telma.

Il ne détient plus Iliad « en propre »
Les holdings « NJJ » que préside Xavier Niel sont toutes des sociétés par actions simplifiées (SAS) et domiciliées au 16, rue de la Ville-l’Evêque à Paris, dans l’ancien hôtel particulier où est installé le siège social d’Iliad. Dans la foulée de la création de la holding Holdco et de la simplification des « NJJ », la majorité des titres « Iliad » que le magnat français des télécoms détient ont été apportés et sont désormais détenus au travers d’Holdco « et non plus en propre » (6). Le 4 septembre, Xavier Niel a assuré qu’il n’était pas prêt à céder le contrôle d’Iliad (lire page suivante). Quant à la rumeur d’un éventuel retrait d’Iliad de la Bourse, où l’action Iliad a perdu 50 % de sa valeur en un an, elle court toujours. @

Charles de Laubier

Europe : à vouloir taxer Google News, la presse en ligne risque de se tirer une balle dans le pied

Les éditeurs et les agences de presse se rebiffent contre les Gafam qu’ils accusent de « siphonner » articles et dépêches sans les rétribuer.
A coup de lobbying et de tribunes, la presse pousse l’Europe à instaurer un « droit voisin » dans la directive « Droit d’auteur à l’ère du numérique ». Bonne idée ?

La dernière tribune en faveur d’un « droit voisin » pour la presse est parue le 11 septembre dans la presse régionale, dont Ouest-France et La Provence, sous le titre « Les moyens d’informer les citoyens » (1). Ce fut la veille du vote des eurodéputés qui ont adopté le projet de réforme du droit d’auteur à l’ère du numérique (lire p. 3), laquelle prévoit de rémunérer les éditeurs et les agences de presse en taxant les Google News, Facebook Instant Articles, Yahoo News et autres agrégateurs d’actualités.

Le beurre et l’argent du beurre ?
D’autres tribune-lobbying avaient été publiées, dont une dans Libération
le 3 septembre sous le titre « Pour la survie de la presse, les géants du Net doivent payer » (2)(*), et une précédente dans plusieurs journaux le 27 août intitulée « Droits voisins : une question de vie ou de mort » (3). Taxer les liens d’actualité (link tax) des agrégateurs d’informations, c’est justement
ce que prévoir l’article 11 de la proposition de directive « Droit d’auteur », dont le rapporteur est Axel Voss (photo). Mais le paradoxe est que ces agrégateurs d’information apportent aux sites web de presse en ligne une bonne partie de leur trafic – jusqu’à 50 % ou plus – et, donc, de leur audience, celle-là même qu’ils monétisent auprès des annonceurs.
Alors, question triviale : les éditeurs de presse ne veulent-ils pas le beurre
et l’argent du beurre ? Autrement dit, profiter de cet afflux de trafic pour générer du chiffre d’affaires publicitaires, tout en exigeant des Gafam (4) qu’ils paient pour l’exploitation des articles de presse, n’est-ce pas vouloir faire coup double ou jouer sur les deux tableaux ? C’est à se demander aussi si les éditeurs ne se tirent pas une balle dans le pied en voulant taxer les indexeurs d’actualités qui constituent pourtant pour les premiers un relais de croissance inespéré au regard du déclin inéluctable de leurs publications papier. « Les géants du Net capte[nt] sans contrepartie financière une large part de l’information produite à grands frais par les médias et les agences. (…) Mais alors que les tirages papier sont en chute libre et que le seul espoir réside dans le développement d’un chiffre d’affaires numérique, ils voient les plateformes capter gratuitement le fruit de ces efforts, les priver de la possibilité de monétiser leurs contenus et siphonner les recettes publicitaires qu’ils pourraient en retirer », s’insurgent des directeurs d’agences de presse européennes tels que Fabrice Fries, PDG de l’AFP. Les
« Google News » sont accusés de « piller » les contenus éditoriaux à l’aide de crawlers ou robots d’indexation, et de paupériser la presse « en détournant », soi-disant, les recettes publicitaires à leur profit. « Ce double hold-up [sic] des géants du Net, sur les contenus et sur les recettes publicitaires des médias, représente une menace pour le consommateur et pour la démocratie », vont-ils jusqu’à s’alarmer. Mais les éditeurs de presse sont-ils exempts de toute responsabilité dans leurs rapports à Internet ? Les médias ont multiplié volontairement ces deux dernières décennies leur présence sur les moteurs de recherche, les plateformes d’actualité et les réseaux sociaux, via des partenariats affichés et assumés avec eux, quitte à s’engouffrer dans le piège de la gratuité. Objectif de la presse : accroître
sa visibilité sur Internet et monétiser ainsi ses audiences mesurées par Médiamétrie et certifiées par l’ACPM (5) (ex-OJD).
Le tandem « presse en ligne-agence de presse » a d’ailleurs noué une entente implicite sur le Web, où l’on voit que les dépêches d’agence – celles de l’AFP, Reuters et Associated Press (AP) en tête – se retrouvent dupliquées autant de fois qu’il y a de sites de presse en ligne ou de blogs d’actualité pour les rediffuser gratuitement (6), et plus ou moins « bétonnées » (7). Cette surabondance de dépêches, maintes fois reprises, aboutit à l’effet
« moutonnier » de la presse, avec pour conséquence une uniformisation de l’information. Ce « copié-collé » a été démontré par une étude publiée en mars 2017 par l’INA (8) et intitulée « L’information à tout prix ». Ses auteurs (9) décrivent la situation : « Sur l’actualité chaude, (…), nous avons montré que deux-tiers du contenu était en fait du copié-collé, ce qui vient, d’une part, d’une utilisation très forte des dépêches d’agences, que ce soit l’AFP mais aussi Reuters ou AP. D’autre part, cela est lié au fait qu’on a malheureusement des rédactions qui ont pas mal réduit la voilure ».

La presse perd en visibilité
En France, le nombre d’articles classés sur Google Actualités a été multiplié par plus de trois – à 3,2 millions d’articles en juin, d’après NewsDashboard, pour des sites web visibles en diminution de moitié à environ 1.200. Résultat : des journaux en ligne ont perdu jusqu’à la moitié de leur visibilité sur Google News, à l’instar du Figaro. @

Charles de Laubier

Filiale médias du groupe Verizon, Oath passe à l’offensive éditoriale et publicitaire en Europe

Oath, la filiale médias de l’opérateur télécoms américain Verizon, passe à l’offensive en Europe. Dans un entretien à Edition Multimédi@, son vice-président pour l’Europe, Stuart Flint, explique sa stratégie éditoriale et publicitaire multi-marque (Yahoo, AOL, HuffPost, …) avec sa technologie omnicanal, ainsi que son partenariat avec Microsoft.

Yahoo! est mort, vive Yahoo ! Depuis son rachat il y
a deux ans – le 25 juillet 2016 – par Verizon pour 5 milliards de dollars, l’ancienne icône du Web n’est plus une entreprise en tant que telle mais une marque
« média » intégrée parmi d’autres au sein de la filiale Oath créée par l’opérateur télécom américain en juin 2017. Et dire qu’il y a tout juste dix ans, Microsoft était prêt à débourser 44,6 milliards de dollars pour acquérir Yahoo…
L’ancien moteur de recherche devenu portail Internet cohabite maintenant avec les autres marques d’Oath (1) telles qu’AOL, TechCrunch, Tumblr, HuffPost, Engadget ou encore Makers (2). Microsoft n’est toujours pas loin, via un partenariat stratégique où Oath monétise les plateformes en ligne
de la firme de Redmond – MSN, Outlook, Xbox, … L’ensemble de ces plateformes totalise 1 milliard de visiteurs dans le monde. « La mission d’Oath est de construire des marques que les gens aiment mondialement, que cela soit nos propres marques ou celles de nos clients. Nous produisons des contenus éditoriaux de qualité et originaux ; nous construisons des expériences de contenus reconnues pour les annonceurs grâce à l’équipe
de création de Ryot Studio ; et nous distribuons les contenus sur nos plateformes et sur celles de partenaires premium avec nos technologies », explique Stuart Flint (photo), vice-président d’Oath pour l’Europe dans un entretien à Edition Multiméd@.

Ryot Studio, nerf de la guerre publicitaire d’Oath
Plus connue aux Etats-Unis, la filiale médias de Verizon l’est moins en Europe où elle a décidé de passer à l’offensive après avoir fait ses premiers pas il y a un an (3). Présente dans quatorze pays dans le monde, dont la France, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne et la Grande-Bretagne, l’entité Ryot Studio est, elle, le nerf de la guerre du développement à l’international d’Oath dans les contenus pour le compte d’annonceurs et de médias. Cette nouvelle génération d’agence de création éditoriale et publicitaire a été créée il y a près d’un an, avec le regroupement des entités Yahoo Storytellers et Partner Studio by AOL. Ryot Studio est une division de Ryot, société créée en 2012 et basée à Los Angeles que le Huffington Post (AOL) avait rachetée en avril 2016 avant d’être intégrée dans Oath.

Publicité éditoriale disruptive et ciblée
On y trouve également la division Ryot Films pour de la production audiovisuelle (classique ou immersible) et Ryot Lab pour l’innovation technologique. « Avec la croissance continue du mobile, le contenu marketing sera la clé du succès dans la construction des marques du futur. Ryot Studio est à l’avant-garde de cette disruption, afin d’aider les agences et les marques à élaborer des relations approfondies entre les consommateurs et les contenus marketing remarquables », déclarait John DeVine, « Chief Revenue Officer » d’Oath, lors du lancement du studio de création en novembre 2017. Que cela soit sur ses propres médias ou ceux de partenaires, la publicité en ligne ainsi produite en interne s’apparente plus à du contenu éditorial en mode brand content ou native advertising qu’à des annonces publicitaires traditionnelles. « Oath ambitionne de façonner l’avenir des médias », affirme la filiale de Verizon. Pour aider les marques
à atteindre les bons médias et cibler les bonnes audiences, Ryot Studio s’appuie en outre sur la data des consom-mateurs, les économies d’échelle dans la diffusion de contenus, et l’édition premium.
Fort de cette stratégie de monétisation, Oath passe à l’action sur le Vieux Continent et, plus largement, sur la région EMEA (4). « Nous investissons dans nos propres marques en Europe et nous avons des partenariats mondiaux comme avec Microsoft [depuis 2009, ndlr] et plus récemment avec Samsung. Nous intégrons notre savoir-faire technologique pour fournir une plateforme unifiée et omnicanal aux annonceurs et aux éditeurs afin qu’ils atteignent les consommateurs par la qualité, des expériences et des formats de marques premium », nous indique Stuart Flint qui, lui, est basé à Londres où il fut l’ancien directeur général d’AOL, après avoir été directeur des ventes chez Microsoft. En 2013 et 2014, il fut aussi directeur des ventes de Yahoo au Royaume-Uni. Depuis plus d’un an,
il a la casquette « Oath ». Les principaux domaines éditoriaux dans lesquels la filiale de Verizon investit sont l’actualité, la finance, le divertissement, les styles de vie et les communications. « Vous verrez ainsi nos marques mises en avant en Europe, offrant les meilleures expériences sur les mobiles et
les ordinateurs de bureau pour les consommateurs et les annonceurs. En France, nos propres marques incluent Yahoo News, Sport et Finance, ainsi que Yahoo Mail et AOL. Nous monétisons aussi les plateformes en ligne de Microsoft comme MSN, Outlook et Xbox. Et HuffPost est une joint venture avec Le Monde », poursuit-il. L’historique messagerie instantanée Yahoo Messenger lancée il y a vingt ans s’est, elle, définitivement arrêtée le 17 juillet dernier (5) – en attendant le group chat Yahoo Squirrel actuellement en bêta-test. Quant à la plateforme de partage de photos Flickr, que Yahoo avait rachetée en 2005, elle a été finalement cédée en avril à SmugMug. Aux Etats-Unis, la plateforme vidéo Yahoo! View est partenaire de Hulu depuis 2016. L’offre technologique d’Oath s’étend en outre au marché B2B avec un service DSP (Demand Side Platform) destiné aux annonceurs et agences média pour réaliser et optimiser leurs achats d’espaces publicitaires, et un service SSP (Sell Side Platform) permettant aux éditeurs d’automatiser et d’optimiser la vente de leurs espaces publicitaires. Est aussi proposée la plateforme de marché Yahoo Gemini, qui associe en un guichet unique : publicités basées sur les recherches (search) et publicités natives (display). L’expertise technique d’Oath est aussi issue des sociétés One by AOL (ex-Millennial Media racheté par AOL en 2015) et BrightRoll (acquise par Yahoo en 2014).
Décidé à s’imposer en Europe, Stuart Flint nous indique que seront bientôt lancées d’autres offres pour les consommateurs et les annonceurs. Pour l’heure, sur les cinq pays européens où le groupe est présent avec Ryot Studio, Oath revendique une audience cumulée – plateformes de Microsoft comprises – de 175 millions de personnes, dont 36,7 millions en France (6). Afin de promouvoir sur l’Hexagone ses solutions publicitaires et ses plateformes technologiques, Oath a nommé début juin Fabien Omont directeur en charge des agences médias. Il fut auparavant chez AOL dans
le marketing, la data et le programmatique, après avoir été chez Microsoft Advertising France et antérieurement Skyrégie. Fabien Omont est placé sous la responsabilité de Erik-Marie Bion, un ancien DG d’AOL France, lui aussi passé chez Microsoft Advertising. Ce dernier nous indique avoir des partenariats avec les agences OMD (Omnicom), Publicis et Ecrans & Media, et les éditeurs Media Square, Webedia, Entreparticuliers, Jeune Afrique ou encore Media365 (Sporever).

Oath s’inquiète de la directive « Copyright »
Stuart Flint a en outre confié à Edition Multimédi@ qu’il s’inquiétait du projet de directive européenne sur le droit d’auteur, dont les débats se poursuivent en septembre, prévoyant un « droit voisin » (7) à payer par Yahoo News ou Google News aux éditeurs de presse. « La proposition de réforme du copyright actuelle risque de saper le pluralisme des médias
et mettre à long terme en échec les plus grands éditeurs de presse qui cherchent à détourner l’innovation en leur faveur », met-il en garde. @

Charles de Laubier

Radio France : Sibyle Veil n’abandonne pas le projet de « radio sur mesure » initié par Mathieu Gallet

Mathieu Gallet en avait rêvée pour 2018 ; Sibyle Veil va la faire d’ici 2022 : la radio sur mesure va transformer à l’avenir de Radio France. Cette « radio personnalisée » s’appuiera sur les sept stations du groupe, les comptes-utilisateurs des internautes et l’exploitation de leurs données. Mais il reste à financer le projet.

Il y a un an maintenant, l’ancien président de Radio France, Mathieu Gallet, lançait la plateforme « Un monde de Radio France » offrant une sélection d’émissions de radio en replay issues des programmes de Franceinfo, France Inter, France Bleu, France Culture, France Musique, Fip et Mouv. Et ce, avec la promesse faite aux auditeurs et internautes de pouvoir « se composer leur radio sur mesure dès 2018 » – dixit Mathieu Gallet (1). Cette radio sur mesure devait être lancée par Radio France au premier trimestre de cette année, avec la possibilité pour chaque internaute de créer son compte et sa propre grille de programmes à partir des émissions des sept stations du groupe public. Mais la révocation de Mathieu Gallet en janvier (2) par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), lequel a ensuite nommé en avril sa successeuse Sibyle Veil (photo), n’a pas permis de mener à bien ce projet ambitieux de radio personnalisée. Il y a aussi la complexité du projet et le montant de l’investissement en technologies et infrastructure qui ont renvoyé à plus tard le lancement d’une telle plateforme radiophonique interactive. D’autant que la Maison Ronde est dans une période de restriction budgétaire exigée par l’Etat actionnaire, avec un retour à l’équilibre espéré cette année dans le cadre de la « trajectoire du COM 2015-2019 ».

Comptes-utilisateurs, personnalisation, data, publicités ciblées, …
« Pour l’instant, la personnalisation n’a pas été faite car cela nécessite des équipements très importants. On y travaille avec des start-up [telles que Les Croissants, Radio France étant par ailleurs partenaire de l’incubateur Creatis Media et présent à Station F, ndlr] afin de pouvoir créer des comptes-utilisateur qui permettent de collecter les données d’usage des internautes pour personnaliser les contenus. Cela nécessite techniquement de l’investissement », a expliqué Sibyle Veil devant l’Association des journalistes médias (AFM) le 5 juillet dernier, pour justifier le retard mais en restant vague sur le calendrier de lancement. « C’est un travail sur les trois prochaines années », a-t-elle indiqué. « La radio personnalisée est complexe à faire techniquement. C’est une vraie priorité pour les prochaines années », a-t-elle cependant assuré.

Radio France fait alliance avec la Chine
La présidente de Radio France observe de près ce qui se fait à l’étranger.
« J’étais en Chine récemment où j’ai été voir des radios qui commencent à le faire. On en est aux prémices parce qu’il faut un lien plus direct avec l’internaute et une interaction. Cela suppose un investissement technique et une infrastructure, ainsi qu’une collecte et une analyse de données issues de ces comptes-utilisateur ». Selon nos informations, Sibyle Veil s’est rendue du 22 au 24 juin en Chine – avec une délégation du Premier ministre – où elle est restée une matinée entière à la radio de Shanghaï, SMG Radio, du groupe audiovisuel public Shanghai Media Group (réunissant télés et radios publiques), afin de constater leurs avancées dans ce domaine. A noter que Radio France a intégré en juin le Comité France Chine (CFC).
Mais la radio personnalisée va coûter de l’argent. C’est aussi le message que Sibyle Veil a fait passer auprès des députés et des sénateurs lors de ses auditions respectives des 13 et 6 juin derniers. En creux, le projet de radio sur mesure est suspendu au futur cadrage budgétaire de l’audiovisuel public et surtout à la dotation qui sera votée dans le projet de loi de Finances pour 2019 à l’automne. Celle qui fut auparavant directrice déléguée en charge des opérations et des finances de Radio France table sur « un chiffrage pluriannuel » pour mettre en oeuvre sa stratégie dans le temps et avec une visibilité d’ici à 2022. La nouvelle PDG de la radio publique veut s’inscrire dans la durée – y compris dans le numérique en faisant référence à « la stratégie de long terme de Jeff Bezos sur Amazon ». Et ce, malgré la vaste réforme immédiate de l’audiovisuel public qu’a initiée le président de la République, Emmanuel Macron. Elle a d’ailleurs confié devant l’AJM avoir gardé « une relation d’amitié d’école qui ne va pas au-delà en termes professionnel » – depuis l’ENA d’où ils sont sortis de la même promotion Senghor (2002-2004). Quoi qu’il en soit, son mandat de présidente de Radio France est d’une durée de cinq ans et le projet ambitieux de radio personnalisée est en bonne place dans son projet stratégique 2018-2023 qu’elle a présenté en avril au CSA juste avant d’être retenue (3). A l’heure du Net, le secteur de la radio va être amené à basculer dans le monde de la data et des algorithmes de recommandation. « La personnalisation de la relation avec l’internaute va reposer sur l’exploitation des données d’usage produites à chaque interaction et agrégées au profil de chaque utilisateur.
Pour pouvoir offrir un espace de personnalisation, Radio France devra accentuer ses efforts de recherche et de développement sur l’exploitation de ces données. L’objectif est (…) que l’auditeur/internaute qui entre par un type de programme ou par une marque se voit offrir l’accès à l’univers plus large des contenus de la radio publique », avait-elle expliqué au régulateur de l’audiovisuel, en mentionnant la plateforme « Un monde de Radio
France » mise en place par son prédécesseur pour y parvenir. Cela suppose pour la Maison Ronde de se lancer dans l’analyse des données d’usage nécessaires pour faire des recommandations susceptibles d’enrichir l’écoute, et ce dans un esprit de « prescription culturelle » et de « média de service public ».
« Cela implique de travailler sur un algorithme intelligent ou sur un outil de recommandation ouvert (comme la radio américaine Pandora) paramétré pour ne pas polariser l’usager sur ses seuls centres d’intérêt (4) », avait-elle précisé.
Mathieu Gallet, lui, prenait volontiers en exemple ni la plateforme audio américaine Pandora ni la radio chinoise SMG, mais l’application de radio personnalisée NPR One lancée en 2014 par la radio publique américaine National Public Radio. La personnalisation interactive de ce média revient en quelque sorte à faire en streaming un « Spotify gratuit de la radio » et pourrait sonner à terme le glas des podcasts à télécharger (lire aussi p. 4). Sibyle Veil, elle, va chercher son inspiration ailleurs. « Je suis allé en Chine, en Allemagne ; nous avons des relations avec la RTBF en Belgique et nous allons voir prochainement nos homologues suédois (Sveriges Radio). Toutes les questions sur les évolutions de nos médias, on les partage très fortement avec les autres. Dans les enjeux de transformation, il faut que l’on passe du monde ancien – où l’on parlait marques et audiences – à un monde nouveau du numérique – où l’on parle individu et expérience client. Il faut que l’on arrive à avoir une relation personnalisée avec ceux qui s’intéressent à nos programmes et que, par innovations successives, nous les gardions et les fidélisions », a-t-elle insisté devant l’AJM.

« Ma radio demain » sera ciblée
A cet égard, la prochaine concertation avec le public – qui sera lancée à la rentrée sur une plateforme participative « Ma radio demain » et dont les résultats seront communiqués à l’automne – permettra d’engager une première réflexion en ligne avec le public auditeur-internautes pour cerner avec lui les enjeux radiophoniques futures (audio, texte, image et vidéo) des prochaines années où la radio sur mesure donnera le la. Pour l’heure, la radio linéaire hertzienne de la FM reste comme ailleurs dominante à Radio France (88 % de l’écoute) par rapport au numérique (12 %). Pour l’instant… @