En fait. Le 3 décembre, l’Américain Vinton Cerf – qui s’est inspiré en 1973 des travaux datagramme du Français Louis Pouzin pour co-créer Internet – a milité pour un Internet libre et ouvert et contre les velléités de l’Union internationale
des télécoms (UIT) de le censurer et de le réguler.
En clair. « Des gouvernements ont utilisé la réunion de l’UIT [qui s’est tenue du 3
au 14 décembre à Dubai, ndlr] pour tenter d’accroître la censure et la régulation d’Internet », s’est inquiété Vinton Cerf, le cofondateur avec Robert Kahn et Louis Pouzin (lire ci-dessous) du réseau des réseaux. En tant que viceprésident de Google, où il officie depuis octobre 2005 comme Chief Internet Evangelist, Vinton Cerf s’est adressé ainsi dans un e-mail de remerciement envoyé le 3 décembre à chacun des millions supporters de la campagne pour un Internet libre et ouvert. La firme de Mountain View a lancé un appel aux soutiens à travers Google.com/takeaction, qui a dépassé les 3 millions de signatures. « Ensemble, nous pouvons protéger un Internet libre et ouvert. Faites entendre votre voix », a-t-il lancé pour peser contre, selon lui,
la tentative de mainmise sur le Net des Etats via l’UIT. Des gouvernements et des opérateurs télécoms historiques ont tenté de réviser en leur faveur le Règlement des télécommunications internationales (RTI) quirégit depuis 1990 les interconnexions des télécoms entre pays (1).
Dans une tribune publiée sur cnn.com datée du 30 novembre dernier, Vinton Cerf estime que « Internet est menacé », en se référant à l’étude d’Open Net Initiative où sont recensés 42 pays (sur les 72 étudiés) pratiquant le filtrage et la censure des contenus en ligne. Quant à l’organisation Freedom House, elle repère sur les deux années passées 19 nouvelles lois menaçant la liberté d’expression. « Habitués à contrôler les médias, ces Etats s’inquiètent de perdre le contrôle d’Internet et de voir les idées non autorisées se propager. Ils ont peur que les gens utilisent Internet pour les critiquer », explique l’évangéliste du Net. Des amendements au RTI ont tenté de justifier la censure, voire la coupure de l’accès Internet, d’interdire les communications anonymes sur le Web.
Il a même été proposé d’imposer aux fournisseurs de contenus un péage pour pouvoir atteindre les internautes au-delà des frontières ! « Nous ne plaidons pas pour la fin de l’UIT (…) mais cette agence intergouvernementale est le mauvais endroit (2) pour prendre des décisions sur le futur d’Internet », estime Vinton Cerf.
Rappelons qu’il fut par le passé président de l’Icann (3), l’organisation américaine contestée qui gère les noms de domaine de l’Internet. Le 13 décembre, les Etats-Unis
ont fait savoir qu’ils ne signeront pas le nouveau RTI… @