En fait. Le 7 décembre, la loi de finances de fin de gestion pour 2024 a été publiée au JO. Elle annule 5,6 milliards d’euros de crédits pour contenir le déficit public à 6,1 % en 2024. Le ministère de la Culture voit, lui, 32,7 millions d’euros de crédits annulés, dont 30,7 millions d’euros du Pass Culture.
En clair. Le ministère de la Culture n’a pas échappé à l’annulation de crédits de paiement dans le cadre de la loi de finance dite « de fin de gestion pour 2024 », laquelle a été publiée au Journal Officiel le 7 décembre. Or sur les 32,7 millions d’euros de crédits de paiement annulés pour cette année, 30,7 millions d’euros portent sur le poste appelé « Transmission des savoirs et démocratisation de la culture » correspondant au Pass Culture.
Cette application mobile, lancée en février 2019 dans certains départements puis généralisé en mai 2021, offre aux jeunes un crédit de 20 euros pour les 15 ans, 30 euros pour les 16 ans et 17 ans (cumulables), et 300 euros pour les 18 ans (non cumulable avec les sommes précédentes et à dépenser d’ici leurs 20 ans) pour leur permettre d’accéder à des lieux, biens et activités culturels, y compris en ligne : livre, musique, cinéma, théâtre, concert, patrimoine, arts et loisirs créatifs, etc (1)). Cela représente au total un « cadeau » de 380 euros par jeune (2), les achats numériques (ebooks, SVOD, jeux vidéo, …) étant plafonnés à 100 euros. (suite)
Budget annuel total 2023 du Pass Culture : plus de 250 millions d’euros. Malgré son succès, avec plus de 4 millions de jeunes de 15 à 20 ans qui l’ont utilisé depuis 2019, le Pass Culture – promesse d’Emmanuel Macron devenue réalité – fait pourtant l’objet de critiques récurrentes. Accusé dès 2018, et avant son lancement, de vouloir favoriser les Gafan (EM@200, p. 4), le sésame est mal perçu par des établissements culturels car il ne favoriserait pas la diversité culturelle. Selon le rapport paru en mai de l’Inspection générale des affaires culturelles (Igac), « l’existence d’effets d’aubaine ne peut être exclue » faute de réduire « les écarts de pratiques culturelles entre milieux sociaux » (3). L’Igac pointe aussi le fait que le livre s’avère dominant en s’arrogeant 84 % des offres présentes dans le Pass Culture, contre seulement 15 % pour la musique, et les miettes pour les autres pratiques ou contenus culturels (cinéma, beaux-arts, spectacle, SVOD, …).
Le Pass Culture profite donc surtout à l’industrie du livre et à ses libraires, ce qui pose problème. Faut-il le supprimer ? Faut-il réduire son budget ? Faut-il revoir l’appli ? Le Syndicat national de l’édition (SNE) est monté au créneau le 28 novembre pour défendre le Pass Culture contre toute velléité de « censure du livre » (4) de la part des pouvoirs publics. Rien que ça ! @