Le groupe Bolloré divise Vivendi pour… mieux régner

En fait. Le 16 décembre, à 9h (heure de Paris), est le premier jour de cotation de chacune des trois sociétés issues du spin-off du groupe Vivendi, à savoir respectivement Canal+ à la Bourse de Londres, Havas à celle d’Amsterdam et Louis Hachette Group (dont Lagardère et Prisma Media) à celle de Paris.

En clair. A défaut d’être une opération industrielle, l’éclatement du conglomérat Vivendi est une opération purement boursière. L’objectif du groupe Bolloré est – avec cette scission annoncée il y a un an – de mieux valoriser séparément en Bourse ses différents actifs, ankylosés au sein du désormais ex-conglomérat Vivendi, dont la valorisation boursière a déçu et agacé pendant plus de quinze ans respectivement l’ancien président du conseil de surveillance Jean-René Fourtou (1) et le milliardaire Vincent Bolloré qui lui a succédé il y a plus de 10 ans (2).
Le premier, qui avait abandonné en 2012 l’idée de scission avec d’un côté les réseaux (SFR, Maroc Télécom, GVT) et de l’autre les contenus (Canal+, Universal Music, Activision Blizzard), avait opté pour la vente de filiales : le géant du jeux vidéo Activision Blizzard cédé en juillet 2013 à un consortium « Activision Blizzard », Maroc Telecom cédé en novembre 2013 à Etisalat, l’opérateur télécoms SFR cédé en avril 2014 à Altice (3), et l’opérateur brésilien GVT en septembre 2014 à Telefonica. Ces cessions ont permis à Vivendi de réduire sa dette et de se concentrer sur les médias et les contenus. Mais cela n’a pas eu l’effet escompté sur le cours de Bourse du conglomérat. Ce fut même pire ! (suite)

Depuis une décennie, Vincent Bolloré rongeait son frein : entre septembre 2021, date de la scission d’Universal Music (introduit en Bourse mais encore détenu par Vivendi à hauteur de 9,98 % du capital), et l’annonce en décembre 2023 du split envisagé du groupe (4), Vivendi avait vu sa capitalisation boursière s’écrouler – passant de 38 milliards d’euros à seulement 10 milliards, voire en-dessous (5). De quoi faire enrager la 14e fortune de France (6).
Tout en procédant à la cotation de ses trois entités, la dynastie Bolloré continue de les garder sous contrôle, la holding Vivendi – cotée à Paris et détenue en droits de vote à 29,9 % par Vincent Bolloré via les compagnies de l’Odet et de Cornouaille – devenant actionnaire de référence de chacune d’elles. En éclatant le conglomérat en quatre sociétés cotées à Londres (Canal+), à Amsterdam (Havas) et à Paris (Louis Hachette Group et la holding Vivendi), le milliardaire breton s’affranchit du seuil réglementaire français des 30 % – en-dessous duquel il est resté dans Vivendi pour ne pas avoir à lancer une coûteuse offre publique d’achat (OPA) sur le reste du capital de l’ex-conglomérat. @