Championnat du monde 2024 de League of Legends en Europe : l’éditeur Riot Games mène le jeu

Il y a 15 ans était lancé le jeu d’arène « League of Legends », dit « LoL », produit par l’éditeur de jeux vidéo américain Riot Games. Et le 14e championnat du monde – les « Worlds 2024 » – de ce free-to-play de combats – se déroule du 25 septembre au 2 novembre à Berlin, Paris et Londres.

C’est la compétition mondiale de e-sport la plus suivie de la planète, avec plus de 6millions de «téléspectateurs » simultanées et près de 100 millions d’heures de jeu cumulées (1) : la « League of Legends World Championship », dont la 14e édition – les « Worlds 2024 » – s’est ouverte le 25 septembre par les play-ins (phase de qualification) et se terminera le 2novembre avec la grande finale. Ce tournois, où des équipes de huit régions sont en lice pour tenter de décrocher le titre mondial, est l’aboutissement des compétitions de combats organisées tout au long de l’année sur le jeu vidéo « League of Legends » (« LoL ») de la société américaine Riot Games.

Les « Worlds 2024 » : finale le 2 novembre
Les équipes qualifiées des ligues professionnelles s’affrontent chaque année dans une région différente dans le cadre des « LoL Esports ». Pour 2024, le tournoi aura lieu en Europe. C’est la cinquième fois que l’Europe l’accueille, après 2011, 2015, 2019 et 2021. Berlin accueillera les pays-ins jusqu’au 29 septembre et la « phase à système suisse » (tournois avec de nombreux participants en un nombre limité de confrontations) du 3 au 7 octobre et du 10 au 13 octobre ; Paris accueillera la « phase finale » du 17 au 20 octobre et les 26 et 27 octobre à l’Adidas Arena (2) ; Londres accueillera la grande finale le samedi 2 novembre, au complexe The O2. « Cette année, le nouveau format du Mondial verra s’affronter 20 équipes au cours de trois phases compétitives : les play-ins, la phase à système suisse et la phase finale (quarts de finale, demi-finales et finale). Vous pouvez regarder tous les matchs sur LoLesports.com », indique l’éditeur Riot Games. Les seeds (têtes de série) de chaque région dépendent des performances passées des différentes équipes lors des ligues régionales et internationales. Les régions qui ont toujours su s’imposer envoient certains de leurs seeds directement en « phase à système suisse », tandis que d’autres régions reçoivent moins de seeds et/ou débutent en play-ins.
Les 20 équipes en compétition cette année viennent de Chine, de Corée, d’Europe, d’Amérique du Nord, d’Asie-Pacifique, du Vietnam, du Brésil et d’Amérique latine. Au total, huit équipes passeront en phase finale, qui inclut les quarts de finale, les demi-finales et la finale. « En quarts de finale, les affrontements sont déterminés par un tirage au sort sur place après le dernier jour de la phase à système suisse. Lors de ce tirage au sort, les équipes avec un score de 3-0 seront associées aux équipes ayant un score de 3-2. Les équipes restantes seront mises les unes contre les autres », précise l’organisateur (3). L’équipe qui parvient au sommet sera déclarée championne du monde 2024.
Pour l’éditeur Riot Games, cofondé en 2006 par Brandon Beck (photo de gauche) et Marc Merrill (photo de droite), toujours dirigeants, cet événement e-sport à forte audience est un appel d’air pour son jeu emblématique « League of Legends », dont la première version a été lancée il y a 15 ans : précisément le 27 octobre 2009 en Amérique du Nord, après une phase bêta commencée en avril de la même année. Il s’agit d’un jeu en ligne multijoueur de type « Moba », ou Multiplayer Online Battle Arena (arène de bataille en ligne multijoueur), free-to-play : on peut jouer à « LoL » gratuitement (4) mais aussi acquérir des options payantes telles que des cosmétiques (comme des peaux ou skins) ou des contenus (comme des coffrets virtuels aux contenus aléatoires ou loot box) que l’on paie à l’intérieur du jeu (in-game) avec la monnaie virtuelle Riot Point (RP).
Le 9 septembre, pour les « Worlds 2024 », Riot Games a annoncé un partenariat avec le suédois Opera qui développe le navigateur web du même nom – dont « le premier navigateur au monde pour le gaming », Opera GX (5). Il offrira de nombreux avantages aux joueurs de « LoL », comme des « mods » (modifications ou ajouts apportées au jeu vidéo pour en améliorer ou changer gameplay), ou des « drops » exclusifs (événements où des produits en édition limitée sont mis en vente pour une durée très courte et souvent sans préavis). Un hub dit de « co-streaming », où 75 co-streamers peuvent diffuser simultanément leurs flux vidéo en direct des « Worlds 2024 », est aussi lancé.

Tassement de « LoL » et de ses revenus
Aujourd’hui, « LoL » cartonne toujours mais, d’après WeCoach (6), sa fréquentation est passée de 151 millions d’utilisateurs actifs par mois en 2023 à 132 millions depuis le début de l’année. Cette baisse d’audience impacte le chiffre d’affaires généré par « LoL » : 1,5 milliard de dollars en 2023, contre 1,8 milliard en 2022, et largement en retrait par rapport aux 2,1 milliards de dollars en 2017. Riot Games n’a pas échappé à la vague de licenciements dans la filière vidéoludique, en annonçant en janvier 2024 la suppression de 530 emplois dans le monde (7), soit 11 % de ses effectifs qui étaient de 4.500 employés. @

Charles de Laubier

Data Transfer Initiative, cofondée par Google, Apple et Meta, accélère

Depuis que le DMA et le Data Act, sur fond de RGPD, sont entrés en vigueur dans l’Union européenne, les grandes plateformes numériques s’organisent pour mettre en pratique la portabilité des données. Google, Apple et Meta accélèrent dans ce domaine via la Data Transfer Initiative (DTI).

Permettre aux utilisateurs de réaliser des transferts de données simples, rapides et sécurisés, directement entre les services. Telle est la promesse de l’organisation Data Transfer Initiative (DTI), basée à Washington et cofondée en 2018 par trois des GAFAM : Google, Meta et Apple. Ces travaux se sont accélérés avec l’entrée en vigueur le 1er janvier 2024 du Data Act (DA), le règlement européen sur « l’équité de l’accès aux données et de l’utilisation des données » (1), et le 7 mars 2024 du Digital Markets Act (DMA), le règlement sur les marchés numériques (2).

Transférabilité des photos, vidéos et musiques
Que dit le DMA au juste ? « Le contrôleur d’accès [gatekeepers] assure aux utilisateurs finaux et aux tiers autorisés par un utilisateur final, à leur demande et gratuitement, la portabilité effective des données fournies par l’utilisateur final ou générées par l’activité de l’utilisateur final dans le cadre de l’utilisation du service de plateforme essentiel concerné, y compris en fournissant gratuitement des outils facilitant l’exercice effectif de cette portabilité des données, et notamment en octroyant un accès continu et en temps réel à ces données ». Tandis que le DA, lui, consacre le « droit à la portabilité des données » vis-à-vis non seulement des GAFAM (et tout gatekeepers) mais aussi des fournisseurs de services de cloud. La portabilité des données est également prévue par le règlement général sur la protection des données (RGPD), applicable depuis le 25 mai 2018 (3).
Aussi, sous la pression de l’Union européenne, les travaux de la DTI s’intensifient, comme l’explique Chris Riley (photo), le directeur de cette organisation américaine : « Longtemps considérée comme une question de niche – qualifiée étiquetée comme “un droit obscur des personnes concernées” –, la portabilité des données a pris beaucoup plus d’importance ces dernières années, notamment dans le règlement sur les marchés numériques et celui sur les données. Son impact va au-delà même des contextes de la protection des données et de la concurrence, allant jusqu’à la sécurité en ligne et la gouvernance de l’IA ». Car, toujours dans les Vingt-sept, le règlement sur l’intelligence artificielle (AI Act) est à son tour entré en vigueur, depuis le 1er août 2024 (4). La DTI a donc engagé des travaux sur la portabilité de l’IA personnelle, avec la collaboration de la start-up californienne Inflection (5) qui crée une IA personnelle pour tout le monde, baptisée Pi. Le 18 juin dernier, la DTI a partagé – à l’attention du nouveau Parlement européen – sa vison sur la politique de l’UE pour « responsabiliser les gens par la portabilité des données » et à travers cinq priorités : « Mettre en œuvre les lois existantes de manière efficace ; établir la confiance entre les fournisseurs ; promouvoir la neutralité technologique ; investir dans la sensibilisation et l’engagement ; évaluer la transférabilité dans la pratique, et non sur le papier » (6). Concrètement, la DTI a annoncé le 27 août dernier un outil de transfert des playlists de musique en streaming, adopté par Google et Apple pour assurer le passage d’Apple Music à YouTube Music et vice-versa. Grâce au Data Transfer Project (DTP) développé en open source, cette portabilité musicale est opérationnelle depuis début septembre.
L’utilisateur, lui, n’a pas à télécharger ses contenus. « Ce qui est transféré n’est pas la bibliothèque musicale, mais les playlists d’un utilisateur. La sélection et l’ordre des chansons dans cette liste reflètent la créativité humaine et l’investissement de l’émotion et du temps. Comme le transfert de playlists ne comprend pas les copies des fichiers des chansons elles-mêmes, faire correspondre les chansons sur la destination finales devient un défi potentiel », indique Chris Riley (7), qui fut directeur des affaires publiques de Mozilla (Firefox). L’une des difficultés est de respecter le choix musical de l’utilisateur – comme ne pas confondre un enregistrement en studio et une captation en concert. Une autre passerelle entre Apple et Google dans la portabilité des données avait été présentée le 10 juillet dernier par la DTI : le transfert direct entre cette fois Google Photos et l’iCloud Photo d’Apple. Ce principe de réciprocité est désormais opérationnel, toujours grâce au DTP open source.

Meta met ses outils de transfert dans DTP
De son côté, Meta a lancé fin 2019 un outil sur Facebook qui permet de transférer des messages (posts), des photos et des vidéos directement de Facebook vers des services tiers comme Google Photos (8). « La nouveauté pour Meta est que ses outils entrent désormais dans le cadre du DTP de DTI », précise Chris Riley à Edition Multimédi@. Mais de prévenir : « Une portabilité efficace ne se limite pas à offrir des outils de transfert de données. Il faut réfléchir soigneusement à l’ingénierie et à la conception pour s’assurer que les données d’une personne sont intactes lorsqu’elles passent d’un service à un autre » (9). @

Charles de Laubier

Altice et SFR : de pire empire pour Patrick Drahi

En fait. Les 18 et 19 septembre, et d’après l’agence Bloomberg, certains créanciers ont proposé de « régler » les 24,4 milliards de d’euros de dette d’Altice France avec possible perte de contrôle de Patrick Drahi, et certains autres se demandent s’ils ne devraient pas négocier directement avec SFR en difficulté.

En clair. C’est la panique chez les créanciers d’Altice France, filiale française du groupe Altice et maison mère de SFR, endettée à hauteur de 24,4 milliards d’euros. Ce qui représente près de la moitié des plus de 50 milliards d’euros de dettes cumulées du milliardaire israélo-palestinien Patrick Drahi, alors que les taux d’intérêt ont augmenté et que le contexte économique international est plus qu’incertain. A cela s’est ajouté l’effet dévastateur auprès des créanciers et des investisseurs de l’affaire « Pereira », qui, déclenchée par sa filiale portugaise il y a un an, a secoué tout l’empire Drahi, sur fond de corruption, de blanchiment d’argent et de fraude fiscale (1). De plus, SFR a dû céder en 2023 à Free, et pour la première fois, sa deuxième place sur le marché français, et continue encore aujourd’hui à perdre des abonnés.
Au printemps dernier, Altice avait indiqué vouloir passer l’endettement « bien en dessous » de 4 fois son excédent brut d’exploitation (Ebitda), contre 6 fois actuellement. Depuis, Altice France a finalisé l’été dernier (2) – pour 1,55 milliard d’euros – la vente de BFMTV et de RMC au groupe maritime CMA CGM du milliardaire Rodolphe Saadé. Puis, début août, la filiale française Teads, spécialisée dans la publicité en ligne, a été vendue pour environ 1 milliard d’euros à la société israélienne Outbrain (3). Les 49 % du capital que détient SFR dans La Poste Mobile (aux côtés des 51 % du groupe public postal décidé à les vendre à Bouygues Telecom) pourraient être aussi cédés. Quant à la participation d’Altice France dans XpFibre (ex-SFR FTTH), à 50,01 %, elle pourrait rapporter 4 milliards d’euros, comme Patrick Drahi l’estime, ou seulement 3 milliards, selon les acheteurs potentiels que sont KKR et GIP (4).
Les prochaines échéances de remboursement pour Altice France approchent : 380,7 millions d’euros à payer le 15 janvier 2025 et 328,6 millions d’euros le 15 février, d’après l’agence Bloomberg. Les créanciers concernés veulent la totalité de leur argent – sans décotes, contrairement à ce que leur demande Patrick Drahi. Le 17 septembre, Altice France a reçu une lettre de créanciers proposant de « régler » les 24,4 milliards d’euros de dette contre des obligations convertibles en action, ce qui ferait perdre le contrôle à Patrick Drahi (5). Des créanciers demandent même une scission d’Altice France (6) pour pouvoir négocier directement avec SFR. @

Le secrétariat d’Etat au Numérique s’en va de Bercy

En fait. Le 21 septembre, Clara Chappaz a été nommée « secrétaire d’Etat chargée de l’Intelligence artificielle et du Numérique », dont la fonction passe pour la première fois du ministère de l’Economie au ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche. C’est le signe que l’innovation passe devant le business.

En clair. Depuis plus de quinze ans qu’il y a des « secrétaires d’Etat au Numérique » dans les gouvernements français successifs, les deux premiers – Eric Besson (mars 2008-janvier 2009) et Nathalie Kosciusko-Morizet (janvier 2009-novembre 2010) – l’ont été auprès du Premier ministre de l’époque. Mais il n’en a pas été de même pour les quatre « secrétaires d’Etat au Numérique » suivants – Eric Besson encore (novembre 2010- mai 2012), Fleur Pellerin (mai 2012-mars 2014), Axelle Lemaire (avril 2014-février 2017) et Christophe Sirugue (février 2017-mai 2017) – qui se sont retrouvés placés sous la houlette du ministère de l’Economie (Bercy).
Le « secrétaire d’Etat au Numérique » suivant, Mounir Mahjoubi (1), a rompu cette série « Bercy » en étant nommé à cette fonction mais replacée dans les services du Premier ministre (Matignon). Mais cela ne durera pas plus de dix-sept mois (mai 2017-octobre 2018) puisqu’à l’issue d’un remaniement, sa fonction rendra à nouveau compte à Bercy (octobre 2018-mars 2019). Les trois successeurs resteront rattachés à Bercy : Cédric O (mars 2019-juillet 2020 (2), excepté juillet 2020-mai 2022 sous la coupe du ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales), Jean-Noël Barrot (juillet 2022-janvier 2024), Marina Ferrari (février 2024-septembre 2024 (3)). A noter que durant près de deux mois (mai 2022-juillet 2022), soit entre l’élection présidentielle et les élections législatives, le poste est resté vacant.
Avec la nouvelle recrue, 10e du nom à ce poste, Clara Chappaz nommée le 21 septembre 2024 « secrétaire d’Etat chargée de l’Intelligence artificielle et du Numérique » (4), il n’est plus question ni de Matignon ni de Bercy. Pour la première fois, le maroquin est rattaché au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. La dernière fois que celui-ci a eu des technologies dans son périmètre, ce fut il y a plus de 20 ans avec Claudie Haigneré (juin 2002-mars 2004) mais en tant que ministre déléguée à la Recherche et aux Nouvelles technologies. En outre, avec Clara Chappaz (ex-La French Tech, mission relevant de Bercy), le Numérique passe derrière l’Intelligence artificielle dans le libellé de sa fonction. Le gouvernement montre ainsi sa priorité sur l’IA dans l’innovation et la recherche, à défaut d’être encore pleinement un business, contrairement au numérique qui l’est depuis longtemps. @

Xiaomi, qui a détrôné Apple dans les smartphones, étend son écosystème à sa berline connectée

L’américain Apple en a rêvé ; le chinois Xiaomi l’a fait. L’empire que Lei Jun a fondé il y a à peine 15 ans a non seulement ravi en août à Apple la deuxième place mondiale des fabricants de smartphones, mais il est aussi en passe de réussir le pari d’un « Apple Car » – là où la Pomme a abandonné son projet.

Depuis que le chinois Xiaomi a lancé il y a six mois la commercialisation de sa berline électrique « intelligente » baptisée SU7 (Speed Ultra 7), produite par sa filiale Xiaomi Motors, plus de 27.300 exemplaires ont été livrés durant le second trimestre. « Les attentes sont largement dépassées », s’est félicitée la jeune firme basée à Pékin, dont c’est la toute première voiture, lors de la présentation le 21 août dernier de ses résultats trimestriels.
Ayant dépassé les 10.000 véhicules livrés par mois, son fondateur et président Lei Jun (photo) a décidé d’accélérer la cadence de production, à « 100.000 livraisons d’ici novembre 2024 », en avance sur le calendrier. Sur l’ensemble de cette année, Xiaomi compte avoir livré 120.000 voitures. Mais pas question de s’endormir sur ses lauriers : le « X » de BATX (les GAFAM chinois) finalise un prototype de la SU7 Ultra qui sera lancée en octobre sur le mythique circuit automobile de Nürburgring, en Allemagne. Objectif : « Devenir le véhicule électrique à quatre portes le plus rapide du circuit au cours de la prochaine décennie ». Alors que fin février l’agence Bloomberg révélait l’abandon par la marque à la pomme de son projet de voiture lancé une décennie auparavant (1), l’« Apple Car » de Xiaomi existe, elle, et fait même partie du nouvel écosystème « Human x Car x Home » où les équipements peuvent interagir intelligemment grâce à l’IA.

« Mi » mise sur son écosystème IA unifié
Lancé en février, l’écosystème intelligent « Human x Car x Home » de Xiaomi vise en effet à englober sous son nouveau système d’exploitation HyperOS – successeur de Miui – aussi bien les smartphones ou tout appareils personnels que les objets connectés de la maison (assistants, montre connectée, téléviseur, …), et même désormais la voiture (2). L’intégration de tous ces usages de la vie quotidienne et de l’Internet des objets est rendue possible et fluide par une sorte de moteur IA appelé HyperMind. Grâce à lui, tous les équipements qui en dépendront vont apprendre des usages de l’utilisateur afin de lui suggérer des actions pertinentes à exécuter. « Nous offrons une expérience intelligente et transparente, qui répond à vos besoins de façon proactive et qui fonctionne comme vous le souhaitez », assure le groupe chinois, dont Lei Jun – 113e fortune mondiale et 20e chinoise (16,8 milliards de dollars, selon Forbes) – détient 24 % du capital. HyperOS est basé sur Linux et utilise des briques Android, tout en intégrant le système « temps réel » Vela que Xiaomi a créé à partir du système d’exploitation real-time et open source NuttX d’Apache.

Smartphones : Xiaomi passe devant Apple
La marque « mi » – abréviation de « Mobile Internet » qui lui fait office de logo – se sent pousser des ailes. Sur le marché mondial des smartphones, Xiaomi peut se targuer d’avoir délogé Apple de la seconde place. Selon Counterpoint Research, c’est au mois d’août que la firme de Pékin s’est hissée sur la deuxième marche du podium mondial des fabricants de smartphones.
Ce n’est pas la première fois que « mi » relègue la firme de Cupertino en troisième position, puisque cela avait déjà été le cas en août 2021. « Xiaomi a remporté en août 2024 la deuxième place en termes de volumes de vente de smartphones à l’échelle mondiale, même si ses volumes de ventes sont restés stables au cours de ce mois, par rapport au déclin saisonnier d’Apple pendant la même période », précise le cabinet d’études hong-kongais le 14 septembre dernier. Et d’après lui, « mi » a été l’une des marques de smartphones à la croissance la plus rapide en 2024, aidant le marché mondial – qu’elle a « surperformé » – à se placer sur la voie de la reprise. « Xiaomi est particulièrement fort dans les fourchettes de prix inférieures, c’est-à-dire à moins de 200 dollars, plus encore après le lancement de ses appareils 5G à prix compétitif Redmi 13 et Note 13. Les appareils Redmi ont été extrêmement populaires, aidant Xiaomi à gagner des parts de marché, en particulier en Inde, en Amérique latine, en Asie du Sud-Est et au Moyen-Orient et en Afrique », constate Tarun Pathak, directeur de recherche chez Counterpoint Research (3).
Mais la baisse saisonnière d’Apple, qui a profit à Xiaomi en août, ne devrait sans doute pas se prolonger au mois de septembre dans la mesure où la marque à la pomme a dévoilé le 9 septembre deux versions de son nouvel iPhone 16, conçus avec le « système d’intelligence personnel » Apple Intelligence et d’autres innovations (4). La Pomme devrait donc retrouver sa deuxième position et « mi » sa troisième. Mais le chinois n’a pas dit son dernier mot face au californien. « Si les smartphones de niveau d’entrée à milieu de gamme continuent de présenter de bonnes performances pour Xiaomi, [le fabricant] a également fait des percées dans le segment haut de gamme avec des appareils pliables [comme le Mix Flip, ndlr] et ultra [comme le Mi 11 Ultra, ndlr] », souligne Tarun Pathak. Et le 26 septembre, de Berlin, Xiaomi a lancé la série 14T à photographies haut de gamme avec optique Leica et IA avancée (5). Repasser devant Apple : mission impossible ? (en référence au logo « mi » qui peut signifier « mission impossible » justement). Une chose est sûre : la concurrence sur le marché mondial des smartphones ne s’est jamais autant intensifiée, avec l’arrivée des modèles IA et la montée en charge des pliables en deux popularisés par Samsung (Galaxy Z Fold), voire en trois lancés par Huawei en septembre (Mate XT). Dans cette course aux « tri-fold », Xiaomi a déposé son brevet auprès de la China National Intellectual Property Administration (Cnipa), d’après plusieurs sources (6). En attendant, le PDG de Xiaomi a annoncé le 19 septembre sur X que le « bi-fold » haut de gamme Mix Flip va être lancé sur les marchés mondiaux en cette fin septembre (7).
Entre ses smartphones à succès capables de coiffer au poteau la marque à la pomme et sa première voiture électrique ayant démarré sur les chapeaux de roues, le tout dans un écosystème intelligent et unifié à tous ses produits, Lei Jun a convaincu le magazine Time.
Dans son Top 100 publié le 30 mai dernier, l’hebdomadaire américain a désigné Xiaomi comme étant « l’une des entreprises les plus influentes en 2024 » : « La berline électrique SU7 de Xiaomi, lancée en mars, peut être [considérée comme] la première voiture fabriquée par une entreprise de téléphonie. Le géant chinois de l’électronique – qui fabrique des ordinateurs, des appareils portables, des aspirateurs robotisés, des scooters et des téléphones (il était numéro 3 dans le monde en 2023, après Apple et Samsung) ne voit rien d’étrange à cela. Au contraire, il considère le SU-7 comme une extension des écosystèmes électroniques des clients » (8). Lei Jun réussit à concurrencer frontalement à la fois Apple et Tesla. Mais la route sera longue avant de détrôner éventuellement le constructeur automobile d’Elon Musk, comme il l’a fait par deux fois pour le fabricant dirigé par Tim Cook.

Vers les 50 milliards de dollars en 2024
Si Xiaomi enchaîne les records de chiffre d’affaires trimestriels, comme au second trimestre 2024 présenté le 21 août avec une croissance de plus de 30 % sur un an, alors le groupe chinois pourrait terminer l’année avec un total de près de 50 milliards de dollars (contre 37,3 milliards en 2023), et une rentabilité nette de près de 3 milliards de dollars (contre 2,6 milliards en 2023), d’après les estimations des analyses. Pour l’heure, la capitalisation boursière de « mi » – société cotées depuis juin 2018 à la Bourse de Hong Kong – s’élève à 62,8 milliards de dollars (9) (au 27-09-24) – certes, encore bien loin des près des 3.459 milliards de dollars d’Apple et des 812,1 milliards de Tesla. @

Charles de Laubier