En fait. Le 12 décembre, la Fédération française des télécoms (FFTélécoms) a publié son étude annuelle réalisée par le cabinet Arthur D. Little pour faire passer le même message : les opérateurs, lourdement fiscalisés, investissent des milliards dans leurs réseaux que les GAFA utilisent sans payer.
En clair. Pour Liza Bellulo, secrétaire générale de Bouygues Telecom depuis janvier 2021 et présidente de la Fédération française des télécoms (FFTélécoms) depuis mai 2022, les rapports entre les opérateurs de réseau et les GAFA se placent sous le chiffre « 30 » : « Nous, les opérateurs télécoms au niveau européen, nous avons une capitalisation boursière totale 30 fois inférieure à celle des GAFA, lesquels paient 30 fois moins d’impôts et ils font croître nos réseaux de 30% chaque année avec des coûts qui sont induits : il faut mettre plus d’antennes, plus de liens de collecte et plus de liens de transport », a-t-elle expliqué le 13 décembre sur BFM Business. Cette énarque de 45 ans (depuis le 16 décembre) – qui fut notamment cheffe du service juridique du Secrétariat général des affaires européennes (SGAE) auprès du Premier ministre, après avoir été à l’Autorité de la concurrence – veut que les GAFA mettent la main au portefeuille lorsqu’ils empreintent les réseaux des opérateurs télécoms. « Comment responsabiliser les GAFA (…) qui dimensionnent nos réseaux avec cette occupation de la bande passante à 80 %, alors qu’ils sont une poignée d’acteurs ? Il faut un signal tarifaire comme il y en a un pour l’usage de l’eau, peut-être un péage pour que l’utilisation de notre bande passante soit optimisée ». En tant que présidente de la FFTélécoms, Liza Bellulo compte beaucoup sur la prochaine consultation publique que la Commission européenne va lancer d’ici la fin du premier trimestre 2023, et pour une durée de cinq ou six mois, sur le thème plus vaste de « la régulation des réseaux » à l’ère du streaming et des métavers. Les « telcos » espèrent que, après avoir échoué à imposer un péage au GAFA dans le Digital Markets Act (DMA) adopté au niveau européen (1), cette fois-ci ce sera la bonne. « Nous espérons que l’année prochaine, à l’issue de la consultation publique, nous ayons véritablement une initiative législative. Nous avons le soutien d’une cinquantaine de députés européens et de plusieurs Etats membres, et notamment du gouvernement français », a-t-elle assurée.
Le lobby des grands opérateurs télécoms, l’Etno dont sont membres Orange et Altice (que l’on retrouve aussi dans la FFTélécoms), est à l’oeuvre et a l’oreille du commissaire Thierry Breton (2). La 12e étude réalisée par le cabinet Arthur D. Little arrive à point nommé (3). @