Radio sur IP et RNT : deux écosystèmes se font entendre

En fait. Le 13 octobre, se sont tenues les 4e Rencontres Radio 2.0 Paris, organisées autour des webradios à la Maison de la Radio (Paris) – dans le mythique Studio 105 – par ActuOnda et Les Editions de l’Octet. Le même jour, l’Alliance pour la RNT était lancée par le Sirti, le SNRL et WorldDMB.

En clair. Deux conceptions de la radio numérique s’affrontent plus que jamais en France pour savoir quel modèle radiophonique l’emportera et aura les oreilles attentives des auditeurs. La radio sur IP, qui regroupe les webradios, les smart radios et les services en ligne de streaming audio, est-elle complémentaire ou substituable à la
radio par voie hertzienne, laquelle est notamment diffusée sur la bande FM ou plus récemment sur la RNT ? Au moment où le CSA (1) s’apprête, pour cet automne, à rendre au Parlement (avec un an de retard) son rapport sur l’avenir numérique de la radio en général et de la RNT en particulier, deux mondes de la radio se constituent peu à peu. D’un côté, plusieurs milliers de webradios ont opté pour un écosystème de radios sur IP – gratuites et financées par la publicité en ligne ou payant sous la forme d’abonnements (c’est selon). De l’autre, une centaine de radio hertziennes en RNT pour l’instant – elles aussi gratuites et financées par la publicité – se sont lancées dans le numérique hertzien avec meilleure qualité que la FM. D’un côté, les grands groupes privés Lagardère, RTL Group, NRJ Group et NextRadioTV – rejoint par Radio France (hôte des Rencontres Radio 2.0) – préfèrent la radio sur IP à la RNT qu’ils considèrent comme non viable économiquement. De l’autre les radios indépendantes (membres du Sirti ou du SNRL), dont une centaine émettent sur Paris, Marseille et Nice où le lancement de la RNT a eu lieu le 20 juin – en attendant que le CSA lance de nouveaux appels à candidatures sur d’autres agglomérations.
Le 22 septembre dernier, le SNRL dénonçais « le silence assourdissant » du CSA et du gouvernement (2). De leur côté, les quelque 12.000 webradios en France organisent leur foisonnement : l’OJD (3) certifie chaque mois depuis un an l’audience des radios diffusées sur Internet ; Kantar Media établit un baromètre de la Radio 2.0. Mais le Syndicat interprofessionnel des radios et télévisions indépendantes (Sirti), le Syndicat national des radios libres (SNRL) et l’organisation professionnelle internationale WorldDMB n’en démordent pas : « La RNT constitue la continuation numérique logique de la radio hertzienne : elle garantit la gratuité, l’anonymat et le caractère illimité de l’écoute du média, offre une nouvelle expérience de la qualité sonore, développe l’interactivité et permet de renforcer le pluralisme des programmes ». @

Radio 2.0 : « Radio multimédia » ou « télé simplifiée » ?

En fait. Le 13 octobre, Charles Bebert, fondateur de Kane, société d’études et de benchmarking sur la radio et la télévision, a présenté – lors des 4e Rencontres Radio 2.0 Paris – les deux grandes tendances de la « radio visuelle » que sont pour lui la « radio multimédia » et la « télé simplifiée ».

En clair. « La radio est en train d’évoluer selon deux axes différents, la radio multimédia et la télé simplifiée, qui ne sont pas totalement contradictoires ». C’est en substance
ce que constate Charles Bebert, DG de Kane. Après les premières expériences de
« radio réalité » (simple captation vidéo du studio par une seule caméra et diffusion sur Internet) et de « radio filmée » (captation par plusieurs caméras et diffusion en ligne agrémentée d’illustrations graphiques), deux tendances radio-visuelles apparaissent (voir schéma ci-contre) :
• La « radio multimédia » qui mêle mise en images, services à valeur ajoutée, interactivité (radio+web+mobile+médias sociaux).
• La « télé simplifiée » qui tend à faire de la vraie TV, riche en vidéo HD, avec éclairage renforcé, décors et mur d’images (simulcast radio-TV, voire TV seule). Dans les deux cas, la radio recourt pour sa production (workflow) à des outils de cross media et de
« bus multimédias », ainsi qu’aux métadonnées. Avec la radio, on n’a donc encore
rien vu… @

4 ans d’Hadopi : moins de 150 pirates devant la justice

En fait. Le 14 octobre, Fleur Pellerin, ministre de la Culture et de la Communication, était auditionnée par la commission des Affaires culturelles
et de l’Education de l’Assemblée nationale. La veille au soir, le 13 octobre,
elle s’est entretenue avec la présidente de l’Hadopi, Marie-Françoise Marais.

En clair. Octobre 2010- octobre 2014 : quatre ans de lutte contre piratage aboutissent finalement à moins de 150 dossiers de « pirates récidivistes sur Internet » transmis à
la justice – le procureur de la République – par la Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet (Hadopi). Pourtant, sur les signalements des ayants droits de la musique et du cinéma, la réponse graduée fonctionne à plein régime et, selon les calculs de Edition Multimédi@, l’Hadopi devrait franchir à la fin de cette année les 4 millions d’e-mails de premier avertissement (1) cumulés envoyés depuis le démarrage de la réponse graduée en octobre 2010. Tandis que le nombre
de lettres recommandées – expédiées en cas de récidive dans les six mois suivant l’e-mail – dépassera, lui, les 400.000 cumulées depuis quatre ans. Lors de son audition
à l’Assemblée nationale, Fleur Pellerin a laissé entendre que le maintien du budget
de l’Hadopi à 6 millions d’euros dans le projet de loi de Finances 2015 (au lieu de
8,5 millions) pourrait être revu à la hausse. D’autant que la ministre a déclaré que
« l’établissement et la publication d’une liste noire [de sites web pirates, ndlr] me paraissent rentrer parfaitement dans le cadre des compétences de l’Hadopi ».
Tous les intermédiaires du Net (2) seront alors obligés, selon elle, de prendre leurs responsabilités… @

Virginie Courtieu, YouTube France : « Nous offrons de nouvelles sources de revenus en vidéo »

La directrice des partenariats de YouTube en France estime positif l’entraînement suscité par les 13 chaînes françaises exclusives lancées il y a deux ans. Elle répond aussi sur Netflix, la VOD, la musique – dont la prochaine offre par abonnement – ou encore la radio filmée. La publicité est au cœur de l’écosystème.

Propos recueillis par Charles de Laubier

Edition Multimédi@ : Que sont devenues les 13 chaînes originales françaises qui ont signé en octobre 2012 avec YouTube une exclusivité sur trois 3 ans, assortie d’un revenu garanti (MG) la première année ? Mis à part Studio Bagel racheté en mars dernier par Canal+ et à la bonne audience de X-Treme Video, la plupart font une audience décevante. Est-ce un échec pour YouTube en France ?
Virginie Courtieu-Peyraud :
Notre objectif avec ce programme de chaînes originales était de catalyser l’arrivée de contenus originaux
sur la plateforme. Le pari est largement réussi lorsque l’on observe que de nombreux partenaires ont depuis décidé de lancer eux-mêmes, sans contribution de YouTube, leurs propres chaînes originales, comme par exemple Golden Moustache, Euronews Knowledge, ou les chaînes de Endemol Beyond.
Ces chaînes originales ont aussi permis de fidéliser une audience toujours plus large
et engagée (1) : nous observons que le temps passé sur YouTube par les Français augmente de plus de 30 % chaque année. Enfin, les annonceurs et investisseurs sont eux aussi aujourd’hui beaucoup plus engagés sur la plateforme.

La simultanéité salles-VOD reste taboue en France, malgré les expériences day-and-date en Europe

La Fédération nationale des cinémas français (FNCF) bloque toute idée d’expérimentation de simultanéité salles-VOD en France, malgré les expérimentations prometteuses menées ailleurs en Europe – notamment par l’ARP qui a tenté de relancer le débat lors des 24e Rencontres cinématographiques de Dijon.

Par Charles de Laubier

Richard Patry, FNCF« Moi, je fais ce métier pour la salle. C’est pour cela que l’on est accroché à cette chronologie des médias. On nous parle effectivement d’expériences européennes [de sorties simultanées salles-VOD] partout, mais rien n’est comme la France. Rien ! », a lancé Richard Patry (photo), président de la Fédération nationale des cinémas français (FNCF).
C’était à Dijon, lors des Rencontres cinématographiques (16-18 octobre derniers). Et de poursuivre : « Aucun pays au monde n’a
un réseau de salles de cinémas comme le nôtre et de circuits de cinémas itinérants ».