En fait. Le 23 janvier, la version française du site d’informations en ligne américain The Huffington Post a été lancé officiellement – en partenariat avec Le Monde. Et ce, un an après le rachat du Huffington Post Media Group par le portail Internet AOL, sa plus grosse acquisition depuis 2009.
En clair. Cela fait un an (1) que le groupe AOL a racheté le site web d’information et de blogging The Huffington Post et c’est son plus important investissement depuis qu’il a quitté le giron de Time Warner en décembre 2009 (2) : 315 millions de dollars (loin devant l’achat de l’agence de vidéos publicitaires Goviral pour 97 millions en janvier 2011). De la quinzaine d’acquisitions (3) réalisées par AOL depuis le spin-off, c’est la plus risqué aussi. Avec le HuffPost, AOL est passé d’une activité de « portail Internet » à celui d’« entreprise d’information » – avec toute la dépendance à la publicité en ligne que cela implique.
Pour élargir son audience (37 millions de lecteurs par mois aux Etats-Unis) et mieux la monétiser auprès des annonceurs, le site d’Arianna Huffington est parti à la conquête de l’Europe. Après la version au Canada lancée en mai 2011 (au Québec en février) et la version britannique en juillet 2011, c’est au tour de la version française d’être lancée, en attendant les déclinaisons espagnole en mars prochain, grecque au printemps, italienne d’ici la fin de l’année, et allemande. Mais le fonds d’investissement américain Starboard Value, qui détient 4,5 % d’AOL Inc, a de sérieux doutes sur cette stratégie. Dans une lettre ouverte envoyée le 21 décembre au PDG Tim Armstrong et à tout son conseil d’administration, le DG de Starboard Value, Jeffrey Smith, n’y va pas avec le dos de la cuillère : « Nous n’accordons aucune valeur aux actifs médias d’AOL, y compris le réseau publicitaire, l’activité de search et (…) l’affichage publicitaire. Nous croyons que la sous-performance d’AOL [en Bourse] est due aux pertes opérationnelles massives dans la publicité en ligne, ainsi qu’aux acquisitions d’activités déficitaires ». Starboard Value estime en outre qu’AOL pourrait actuellement perdre plus de 500 millions de dollars par
an dans la seule publicité sur Internet ! AOL, qui va publier ses résultats annuels 2011
le 1er février, affichait une perte de 782,5 millions de dollars l’an dernier pour 2,4 milliards de dollars de chiffre d’affaires (dont 53 % en epub…). Le Huffington Post, lui, était déjà bénéficiaire lors du rachat par AOL, « de l’ordre de 60 millions de dollars par an », avait indiqué Arianna Huffington à son partenaire français Le Monde en octobre dernier. Le HuffPost français, lui, vise l’équilibre « d’ici 2014 ». @