En fait. Le 15 août, Google a annoncé qu’il rachetait le fabricant américain de téléphones portable Motorola Mobility pour 12,5 milliards de dollars (8,7 milliards d’euros). Cette acquisition, la plus grosse jamais réalisée par le géant du Net, devrait être finalisée d’ici fin 2011 ou début 2012.
En clair. Si les autorités de concurrence et les actionnaires de Motorola Mobility donnent leur feu vert à cette méga acquisition, Google aura alors les coudées franches pour rivaliser pleinement avec Apple et contrer l’alliance Nokia-Microsoft. La firme de Mountain View, dont le cofondateur Larry Page a repris la direction générale en avril dernier, espère ainsi ouvrir un second front – avec ses propres « Google Phone » cette fois – pour renforcer sa place de leader dans les smartphones déjà acquise grâce à son système d’exploitation Android.
Selon le cabinet d’études Gartner, ce dernier devrait équiper près de 50 % des téléphones multimédias dans le monde (49,2 % précisément) d’ici la fin de l’année prochaine, contre moins de 20 % pour Apple (18,9 %), loin devant Microsoft et son Windows Phone (1). Mais c’est surtout l’écosystème iPhoneiTunes – fermé mais dominant – que Google entend concurrencer frontalement en misant plus que jamais sur un système matériel-logiciel ouvert. « Android est encore ouvert », a d’ailleurs tenu à assurer Larry Page. Autrement dit, Android devrait continuer à être disponible librement et gratuitement pour tous les fabricants de mobiles qui le souhaitent comme HTC, Samsung, LG Electronics
ou encore Sony Ericsson – Motorola étant également déjà client. Encore faut-il que les 17.000 brevets qu’apporte la mariée Motorola Mobility dans la corbeille n’amènent Google à faire du « protectionnisme technologique » et à être tenté de créer son propre walled garden. L’avenir le dira. Pour l’heure, les brevets sont là pour protéger Android des attaques d’Apple et de Microsoft sur le terrain de la propriété intellectuelle. Mais à terme,
si la marque défraîchie Motorola devait laisser la place aux « Google Phone », le géant
du Net pourrait se mettre à dos ses fabricants de mobiles, clients aujourd’hui qui deviendraient ses concurrents.
Ce parachutage du numéro 1 mondial des moteurs de recherche et de la publicité en ligne sur le marché mondial de la fabrication de mobiles en a surpris plus d’un. Il est un autre marché sur lequel la firme de Mountain View s’apprête à jouer les trouble-fêtes, celui des infrastructures en fibre optique : aux Etats-Unis, Google avait en effet lancé en février 2010 un appel à candidature auprès des collectivités locales souhaitant accueillir son propre réseau très haut débit. En mars dernier, c’est Kansas City que Google a retenu pour le tester. @