AI Act et obligations : ce qui change le 2 août 2025 pour les nouvelles IA à usage général

Le 2 août 2025 marque une étape décisive dans l’application du règlement européen sur l’intelligence artificielle. Les fournisseurs qui mettent sur le marché – à partir de cette date – des modèles d’IA à usage général doivent d’emblée se conformer aux obligations de cet AI Act. Explications.

Seulement certains fournisseurs de systèmes d’IA à usage général – souvent désignés par le sigle GPAI pour General-Purpose AI – ouvrent à partir du 2 août 2025 le bal des obligations prévues par le règlement européen sur l’intelligence artificielle – appelé aussi AI Act (1) et adopté le 13 juin 2024. Car cette échéance-là ne concerne pas toutes les « GPAI », mais uniquement celles mises sur le marché à partir de ce 2 août 2025. Le Bureau de l’IA (AI Office), créé par le AI Act, rattaché à la Commission européenne (2) et dirigé par Lucilla Sioli (photo), joue un rôle central.

Nouveaux entrants GPAI pénalisés ?
Aussi curieux que cela puisse paraître, les ChatGPT (OpenAI), Gemini (Google), Claude (Anthropic), Llama (Meta), Le Chat (Mistral AI) ou encore Perplexity (Perplexity AI) – pour n’en citer que quelques-uns parmi une bonne dizaine d’IA génératives déjà existantes et disponibles dans les Vingt-sept – ne sont pas encore concernés puisque leurs IA génératives respectives à usage général ont été lancées sur le marché avant le 2 août 2025. Pour celles-ci, elles bénéficient d’un délai de deux ans supplémentaires – soit d’ici le 2 août 2027 – pour se conformer aux obligations de l’AI Act.
Ainsi, contrairement aux nouvelles GPAI qui vont faire leur entrée sur le marché européen, les IA « historiques » bénéficient en quelque sorte d’un répit non négligeable. Pendant que les IA « nouvelles entrantes » doivent sans délai se soumettre aux obligations qui peuvent s’avérer lourdes : documentation technique, informations aux intégrateurs, résumé public des données d’entraînement, politique de respect du droit d’auteur, désignation d’un représentant officiel dans l’UE si le fournisseur est situé hors de l’UE, … Edition Multimédi@ se demande dans ces conditions si Continuer la lecture

Arrêt de NRJ 12 décidé par l’Arcom, vente de Chérie 25 à CMA Média : le groupe NRJ éteint sa télévision

La rentrée de septembre du groupe NRJ se fera sans télévision, pour la première fois depuis 20 ans. Après l’arrêt de sa chaîne NRJ 12 en février, sur décision de l’Arcom, et la cession en cours de l’autre chaîne Chérie 25 à CMA Média, son PDG fondateur Jean-Paul Baudecroux se recentre sur la radio – son métier historique.

La vente par le groupe NRJ de sa chaîne Chérie 25 à CMA Média, filiale de l’armateur maritime CMA CGM (déjà propriétaire de BFMTV), s’est accélérée jeudi 24 juillet avec la signature d’un « protocole de cession, sous condition suspensive de l’obtention de l’agrément de l’Arcom ». Et ce, trois jours après l’obtention par la direction de NRJ d’un « avis favorable unanime » des instances représentatives du personnel. Pour la première fois depuis 20 ans – NRJ 12 ayant été la première chaîne du groupe à être lancée (en mars 2005) –, le groupe de Jean-Paul Baudecroux (photo), son PDG fondateur, ne devrait pas allumer la télévision pour la saison 2025-2026, du moins sur la TNT (1).
La chaîne NRJ 12, elle, s’est arrêtée en février. Ce n’est pas la première fois que le groupe créé en 1981, au début de la libéralisation des ondes, cesse la diffusion d’une chaîne sur la TNT : la francilienne NRJ Paris lancée en 2008 avait dû s’arrêter six ans après faute de viabilité financière. Jean-Paul Baudecroux avait bien tenté de proposer de faire évoluer NRJ Paris vers une chaîne musicale, en reprenant les programmes de NRJ Hits, mais le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) à l’époque avait refusé en 2014. Quant à cette chaîne NRJ Hits (2), qui, en dix-huit ans d’existence, n’a jamais été diffusée sur la TNT mais uniquement via les « box » par Orange, Bouygues Telecom, Free, SFR et Canal+ (ADSL, fibre, câble, satellite) ou sur le site web nrj.fr (3) et l’application mobile NRJ, elle est aujourd’hui ce qui reste de l’épopée télévisuelle du groupe NRJ.

Il ne restera plus que la chaîne NRJ Hits
NRJ Hits, qui se revendique comme « la chaîne référente sur la musique et sur les hits », atteint tout de même plus de 5 millions de téléspectateurs chaque mois – 5,1 millions en moyenne par mois au cours des six premiers mois de 2025, d’après le dernier « Médiamat Semestriel » (ex-Médiamat’Thématik) publié par Médiamétrie le 8 juillet dernier (4). Ce qui en fait la « 1ère chaîne musicale » sur les box TV. Mais au-delà de cette chaîne survivante, le pôle télévision du groupe NRJ est en berne depuis un an maintenant, depuis que l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) a informé – le 24 juillet 2024 – Jean-Paul Baudecroux de sa décision de ne pas présélectionner la chaîne NRJ 12 qui était candidate au renouvellement de sa fréquence sur la TNT. Malgré trois recours du groupe de la rue Boileau (où se situe son siège social à Paris) devant le Conseil d’Etat l’an dernier, la « décision infondée et incompréhensible de l’Arcom (dixit la direction de NRJ) a été confirmée. Le groupe a même indiqué (suite) mi-mai qu’il étudiait des « options juridiques possibles » pour « solliciter une indemnisation du préjudice subi », voire contester les décisions de l’Arcom et du Conseil d’Etat au niveau européen.

Plan social « Boileau » ou vente de Chérie 25
Cette exclusion radicale de NRJ 12 de la TNT a contraint le groupe NRJ – coté en Bourse – à déprécier en totalité la valeur sa filiale NRJ 12 ainsi que l’avance qu’elle lui avait octroyée, pour respectivement 55,2 millions d’euros et 4,1 millions d’euros. Par effet de dominos, l’arrêt de NRJ 12 le 1er mars 2025 allait aussi avoir des conséquences économiques sur Chérie 25 : « Cette décision remet en cause la viabilité économique et donc l’existence de la chaîne NRJ 12, tout en mettant en péril le modèle de Chérie 25, l’autre chaîne TNT du pôle [privée de l’effet d’entraînement de NRJ 12 et de la mutualisation des charges] », avait prévenu le groupe audiovisuel en février dernier.
Et comme un malheur n’arrive jamais seul : la fin de la diffusion des chaînes TNT payantes de Canal+ depuis le 6 juin 2025 génèrera pour Towercast, la filiale diffusion du groupe NRJ et numéro 2 derrière TDF, un manque à gagner en termes de chiffre d’affaires de 3 millions d’euros en 2025 et les années suivantes. Dès décembre 2024, les syndicats et représentants des salariés de NRJ Group-UES Boileau (5) savaient à quoi s’en tenir, ayant été informés de l’ouverture à partir de janvier 2025 de négociations en vue d’un plan de suppressions d’emplois (6), lequel avait été initié au mois de mars. « Le recours à l’intermittence pour Chérie 25 a d’ores et déjà été très fortement diminué au regard de l’arrêt de NRJ 12 et des suppressions de postes qui étaient envisagées », a en outre indiqué le groupe NRJ le 15 mai dernier, à l’occasion de l’assemblée générale des actionnaires. Six jours auparavant, la direction avait annoncé la signature avec CMA Média, filiale de l’armateur CMA CGM (aux mains du milliardaire Rodolphe Saadé), d’une « promesse unilatérale d’achat en vue d’une éventuelle cession de sa chaîne de télévision Chérie 25 (société Chérie HD et société STL) ». Dans la foulée de la signature de cette promesse d’achat, il a donc été mis fin au projet de plan social. Et alors que les estimations annoncées en février dernier tablaient – pour l’ensemble de l’exercice 2025 – sur une baisse du chiffre d’affaires de 50 à 55 millions d’euros et une diminution des charges de 30 millions d’euros du pôle « télévision » en 2025 par rapport à 2024, la direction a précisé le 15 mai qu’elle comptabilisera « la majeure partie de la dégradation du résultat opérationnel du pôle télévision au titre du résultat des activités destinées à être cédées, et non en résultat opérationnel courant dans les comptes consolidés 2025 ». De plus, toujours si la promesse d’achat se réalisait, le prix de vente de Chérie 25 se retrouvera dans les comptes consolidés du groupe NRJ, « ce qui compenserait les pertes opérationnelles du pôle “télévision” de l’exercice 2025 et permettrait à ce dernier de contribuer positivement au résultat net consolidé du groupe » (7). L’an dernier, NRJ Group a réalisé 396,1 millions d’euros de chiffres d’affaires (+ 4,2 % sur un an), pour un bénéfice net de 42 millions d’euros (- 3,2 %).
Une nouvelle page se tourne pour le groupe détenu à 83,23 % du capital par Jean-Paul Baudecroux (79 ans) et sa famille, ensemble 305e fortune de France en 2025 selon Challenges. L’entreprise de la rue Boileau, valorisée en Bourse 560 millions d’euros (au 25-07-25 (8)), n’a pas de dette et sa trésorerie disponible s’élève à plus de 357 millions d’euros. L’argent disponible pourrait servir à l’entreprise pour racheter ses propres actions, soit pour les annuler dans la limite de 10 % du capital, ou de les utiliser, et sans dépasser 5 % du capital, « dans le cadre d’opérations éventuelles de fusion, de scission, d’apport ou de croissance externe », selon la dixième résolution adoptée à l’AG du 15 mai. Et « le groupe [NRJ] cherchera à renforcer ses pôles “radios” et “diffusion”, sa diversification et son innovation pour soutenir sa croissance future », assure la direction.

Recentrage sur la radio, métier historique
Né en 1981, la radio libre NRJ – NRJ pour « nouvelle radio des jeunes » – a été le premier succès de Jean-Paul Baudecroux en radiophonie. Près de 45 ans après, le groupe NRJ se recentre sur la radio où ses quatre marques – NRJ, Chérie FM, Nostalgie et Rire & Chansons – en font le premier groupe privé de l’audio : hertzien, streaming, webradios/radios digitales (au nombre de 250), podcasts natifs et replay (y compris en étant agrégateur), jusque sur les enceintes connectées Alexa d’Amazon et Google Home. A l’international, où les marques NRJ et Energy ou Nostalgie et Nostalgia se font entendre en FM et DAB+ en Allemagne, Autriche, Belgique, Suède, Finlande et Suisse, NRJ Group compte bien poursuivre son expansion radiophonique. @

Charles de Laubier

Culture et médias, l’UE vise 8,5 milliards d’euros

En fait. Le 16 juillet, la Commission européenne a présenté son projet de budget pluriannuel 2028-2034 pour l’UE, à près de 2.000 milliards d’euros. Parmi les priorités : la création d’un programme « culture, audiovisuel et médias » appelé AgoraEU, de 8,5 milliards d’euros. Il remplacera Creative Europe/Media.

En clair. 8.582.000.000 euros. C’est le mondant de l’enveloppe financière proposée le 16 juillet par la Commission européenne sur la période 2028-2034 pour le futur programme AgoraEU. Il est destiné à « promouvoir des valeurs communes, notamment la démocratie, l’égalité et l’état de droit », et à « soutenir la diversité culturelle européenne, ses secteurs audiovisuel et créatif, la liberté des médias et la participation de la société civile ». Ce montant fait partie des près de 2.000 milliards d’euros du budget de l’Union européenne (1) – en baisse de – 4,25 % par rapport à l’actuel budget 2021-2027 – qu’a proposé le 16 juillet la Commission européenne (2), l’AgoraEU pesant seulement 0,43 % de ce total.
La proposition de règlement établissant le programme AgoraEU, abrogeant les règlements « Europe Active » de 2021 (culture, programme Media et journalisme) et « Cerv » de 2021 également (Citoyens, égalité, droits et valeurs), va être discutée, cet été au sein du Conseil de l’UE (les Etats membres). Puis les négociations avec le Parlement européen débuteront avant la fin de l’année. Le programmes AgoraEU (3) comprend trois (suite) volets que sont : Creative Europe-Culture doté de 1,796 milliard d’euros (soutien à la création artistique, à la diversité culturelle, à la mobilité des artistes et à la coopération transnationale), Media+ avec 3,194 milliards d’euros (renforcement de l’industrie audiovisuelle européenne : production, distribution, coproduction, éducation à l’image, liberté des médias), et Cerv+ crédité de 3,593 milliards d’euros (promotion des droits fondamentaux, de l’égalité, de la démocratie, de la participation citoyenne et du soutien à la société civile).
Cela représente pour chaque volet environ plus de 120 % de hausse par rapport aux actuels programmes respectifs. Le volet Media+ concerne désormais non seulement l’audiovisuel, le cinéma et le jeu vidéo, mais aussi les « Actualités » (news), à savoir, indique la proposition de règlement « AgoraEU » : « Contribuer à un écosystème d’information libre, viable et diversifié dans de l’UE, notamment en soutenant le journalisme et les médias d’information libres et indépendants, en améliorant l’accès des citoyens à une information fiable et en luttant contre la désinformation ». Les organisations professionnelles du cinéma et de l’audiovisuel (Cepi et Fiad) regrettent, eux, la « dilution » de l’actuel Europe Creative dans Media+. @

Redditors, discutez ensemble, Reddit récolte la pub

En fait. Le 16 juillet, le réseau social américain Reddit a été victime d’une panne mondiale qui a impacté plus de 100.000 utilisateurs, d’après Downdetector. Il est probable que certains des 10,4 millions d’utilisateurs actifs en France en aient fait partie. Cela fait désordre en pleine campagne française.

En clair. Basé à San Francisco (Californie), Reddit a fêté ses 20 ans d’existence en juin en ayant franchi pour la première fois la barre des 100 millions d’utilisateurs actifs quotidiennement, à 108,1 millions précisément grâce à une hausse de 31 % sur un an. Et si ce n’est pas chaque jour, ce sont 400 millions de redditors (surnom donné aux utilisateurs de Reddit) qui s’y rendent au moins une fois par semaine.
C’est aussi le moment de ses 20 ans que le PDG cofondateur de Reddit, Steve Huffman, a choisi pour faire depuis fin juin jusqu’à septembre une campagne publicitaire – télé, affichage et réseaux sociaux – en France. Le réseau social américain revendique 10,4 millions d’utilisateurs français actifs chaque semaine, soit une croissance de + 90 % sur un an. Cela fait 15 ans que Reddit a pris des airs francophones, et 10 ans que des subreddits – ces forums thématiques qui constituent ce réseau de discussions par des communautés – sont français (r/france (1), r/AskFrance, r/livres, etc.). Quant à la filiale Reddit France créée en mars 2022 à Paris et dirigée par Benjamin Lee, le directeur juridique de l’entreprise américaine, elle a fait état sur l’année 2023 – avant de ne plus publier ses résultats – d’un chiffre d’affaires de 458.200 euros, pour un bénéfice net de 19.693 euros. Autant dire que la France (suite) reste encore embryonnaire pour le groupe Reddit Inc., lequel a franchi pour la première fois de son histoire la barre du milliard de dollars de chiffre d’affaires, à 1,3 milliard précisément. Mais la rentabilité – perte nette de 484,2 millions de dollars en 2024 – n’a jamais été au rendez-vous. Du moins jusqu’au premier trimestre 2025, où Reddit a affiché pour la première fois un bénéfice net de 26,2 millions de dollars. Son cours de Bourse au Nasdaq en a été boosté (+ 35 % au 27-07-25). Et les résultats du second trimestre 2025, qui seront présentés ce 31 juillet, devrait à nouveau dépasser les attentes (2).
Le fonds de commerce de Reddit, ce sont les quelque 22 milliards de publications et de commentaires de ses utilisateurs qui sont monétisés par de la publicité, laquelle représente plus de 90 % de ses revenus. Le recours à l’IA, via notamment les nouveaux outils « Reddit Insights » et « Conversation Summary Add-ons » lancés pour les annonceurs aux Cannes Lions en juin (3). Selon Warc Media, le chiffre d’affaires 2025 pourrait grimper à 1,8 milliard de dollars. @

La presse française en ligne va payer très cher sa trop grande dépendance au moteur Google

L’accès aux sites de presse en ligne passe de plus en plus par les moteurs de recherche – Google Discover, Google Search et Google News en tête. La filiale d’Alphabet génère même en France près de 70 % du trafic total de la presse française. Cette « google-dépendance » présente un sérieux risque.

Les éditeurs de presse, qui s’inquiètent déjà de la baisse de leur trafic Internet provenant de l’incontournable Google, ne sont pas au bout de leur peine. Mi-juillet, les sites d’information américains 9to5Google (1) et TechCrunch (2) ont révélé que le géant mondial des moteurs de recherche a commencé, aux Etats-Unis seulement pour l’instant, à faire apparaître des résumés générés par l’IA dans le flux Discover (« Découvrir ») sur ses applications mobiles Android et iOS. Un porte-parole de Google a indiqué qu’il ne s’agissait pas d’un test mais bien d’un lancement.

Les « résumés d’IA » lancés sur Discover
Un des objectifs de Google est que ces « résumés d’IA » (AI Summaries) ou « résumés générés par l’IA » (AI-generated Summaries) permettent aux internautes de décider plus facilement des pages qu’ils souhaitent visiter. Au lieu d’un seul logo d’un média ou d’un seul nom de publication apparaissant dans le coin supérieur gauche de la carte dans Discover, s’affichent plusieurs icônes – comprenez différents logos de médias-sources (par exemple BBC, Le Monde, CNN, Reuters, etc.) – qui se chevauchent pour représenter le nombre d’articles utilisés par l’IA de Google pour générer le résumé – avec un avertissement de rigueur : « Generated with AI, which can make mistakes » (3). Tous les articles d’actualité ne sont pas concernés, la fonctionnalité IA n’étant pour l’instant opérationnelle que sur les sujets tendances de style de vie, de sport et de divertissement. Certaines news comprendront en outre un ensemble de puces sous le titre où seront regroupées des nouvelles similaires.
Avec ce mode IA dans Discover (que l’on retrouve dans les applis Google, dont le navigateur Chrome), à l’instar des AI Overviews dans le moteur de recherche Google, les utilisateurs n’ont plus vraiment besoin de visiter directement un site web pour obtenir des réponses à leurs requêtes. Le contenu issu de l’éditeur de presse est résumé pour eux automatiquement. Cette interface de type chatbot (suite) n’est pas l’apanage de Google, puisque d’autres applications d’IA telles que ChatGPT ou Perplexity en proposent de similaires. « L’IA permet à la recherche de faire ce qu’elle a toujours voulu faire : organiser l’information mondiale, même quand elle est fragmentée », a justifié Elizabeth Reid, alias Liz Reid (photo), vice-présidente de Google, responsable du moteur de recherche, lors du Google I/O 2025 en mai dernier (4). Déjà inquiétés par la baisse de leur trafic Internet depuis le lancement, lors de l’I/O 2024, des AI Overviews sur le moteur de recherche (5), les éditeurs de sites de presse en ligne redoutent une aggravation de leurs audiences avec l’arrivée des AI Summaries. Dans un article intitulé « L’IA est en train de tuer le Web » (6) et paru le 14 juillet 2025, l’hebdomadaire économique britannique The Economist cite des chiffres de Similarweb qui montrent que le trafic de recherche mondiale a chuté de 15 % d’une année sur l’autre en juin. Depuis le lancement des AI Overviews, cette société d’analyse du trafic a constaté que le nombre de recherches d’actualités sur le Web qui n’aboutissent à aucun clic vers les sites d’actualités est passé de 56 % à près de 69 % en mai 2025. Le trafic dit « organique » (7) a également diminué, passant de plus de 2,3 milliards de visites par mois à son apogée à la mi-2024 à moins de 1,7 milliard aujourd’hui. Et pire : cette baisse de trafic pour la presse est très loin d’être compensée par la hausse des renvois des ChatGPT, Perplexity et autres Grok vers les sites d’actualités.
Les médias et groupes de presse font monter la pression sur Google et Elizabeth Reid. Elle tente de rassurer les journaux en ligne. Lancé fin juin, Offerwall (8) arrive bien tardivement aux yeux des éditeurs dont le trafic a déjà chuté. Cet outil est censé leur permettre de générer des revenus au-delà des options plus dépendantes du trafic, comme les publicités. Avec Google Ad Manager, Offerwall leur propose différentes méthodes pour donner accès à leur contenu, comme les micropaiements ou la participation des utilisateurs à des sondages, à l’inscription à des newsletters, à des visionnages d’annonces, etc.

« Google-addiction » de la presse française
Pas encore concernée par les résumés de l’IA sur Discover, la presse française le sera dans les prochains mois. Pour l’heure, l’Alliance de la presse d’information générale (Apig) s’est félicitée le 16 juillet de voir les audiences de 68 titres membres augmenter : en juin 2025, le trafic a globalement augmenté de 6,5 % par rapport à juin 2024, et de 3,5 % par rapport à mai 2025. « La part de trafic issue de Google continue de croître (+15,1 %), notamment grâce au dynamisme de Google Discover, et représente désormais 69 % du trafic total. Cette évolution souligne l’importance croissante des moteurs de recherche dans l’accès à l’information », précise l’Apig (9). La presse française, après la presse américaine, pourrait s’en mordre les doigts. @

Charles de Laubier