Les signaleurs de confiance veulent des moyens financiers pour agir contre les contenus illicites

Ils sont déjà huit à être agréés par l’Arcom, dans le cadre du règlement européen sur les services numériques (DSA). Ce sont les « signaleurs de confiance ». Sur les suggestions du régulateur, le gouvernement veut les aider financièrement pour mieux lutter contre les « contenus illégaux ».

En un an, depuis la première désignation d’un signaleur de confiance le 6 novembre 2024 (1), l’Arcom en a désignés huit. Ces « signaleurs de confiance » – ou Trusted Flaggers, selon la terminologie anglaise du DSA (Digital Services Act) – sont, selon l’Arcom, « des organisations reconnues pour leur expertise dans la détection, l’identification et la notification de contenus illicites », que la plateforme en ligne a l’obligation – « si elle partage l’analyse du signaleur de confiance » – de retirer ou d’en bloquer l’accès, dès lors que ces contenus illégaux lui ont été signalés.

Ligue des droits de l’homme, signaleuse de fait
« Dans l’architecture du règlement européen sur les services numériques, il y a les régulateurs coordinateurs que nous sommes [l’Arcom en France, ndlr (2)]. Mais pour que leur action auprès des plateformes numériques puisse prendre toute leur ampleur, il faut qu’il y ait des acteurs administratifs mais aussi beaucoup de la société civile – associatifs ou chercheurs (3) – qui soient agréés, labellisés. Parmi eux, les “signaleurs de confiance” signalent aux plateformes les contenus qui posent problème », a expliqué le président de l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom), Martin Ajdari (photo), devant l’Association des journalistes médias (AJM), le 16 octobre 2025.
Ces huit signaleurs de confiance agréés en France sont : Continuer la lecture

Quand Donald Tang, président exécutif du chinois Shein, rêvait de réussir dans le cinéma et la télévision

Chinois et Américain, président exécutif du géant mondial de la vente en ligne de vêtements Shein depuis trois ans, Donald Tang a eu plusieurs vies, à commencer par banquier d’affaires. Il a investi dans le cinéma et l’audiovisuel via sa holding Tang Media Partners créée il y a dix ans – mais sans succès.

Cela fait quatre ans presque jour pour jour que Donald Tang (photo) a été recruté par le groupe chinois Shein. Après avoir été conseiller du PDG fondateur Chris Xu, l’ex-banquier d’affaire sino-américain est monté en grade pour devenir en août 2023 président exécutif du géant mondial du e-commerce de vêtement et d’accessoires de mode. Si son patron sino-singapourien, dénommé aussi Sky Xu, se fait très discret, Donald Tang, lui, fait office de porte-parole de l’enseigne Shein en tant que représentant mondial, avec des casquettes aussi différentes que président exécutif, responsable des affaires publiques, directeur de la stratégie ou encore chargé du développement international. Fondé en 2008 à Nankin (Chine), le groupe vestimentaire chinois – dont le siège social avait déménagé en 2022 à Singapour pour tenter, en vain, d’être plus présentable en vue de son introduction en Bourse, à New-York ou à Londres – a renoncé à se faire coter en Occident faute notamment d’un feu vert de la China Securities Regulatory Commission (CSRC). Shein se prépare donc à déménager sa maison mère en Chine, afin d’envisager une cotation à probablement Hong Kong (1). L’Occident est hostile à l’entreprise, médias et concurrents l’accusant d’« ultra-fast fashion », de « concurrence déloyale », et, de « travail indigne » ou de « faire travailler des enfants » en Chine où sont produits ses vêtements – ce que Donald Tang réfute.

Donald Tang, en première ligne en France
« Nous ne sommes pas de la fast fashion », avait lancé le président exécutif de Shein, lors de son intervention sur scène à Paris le 13 juin dernier au salon-conférence Viva Technology. « Nous sommes une entreprise de fashion-on-demand », assurait-il, alors que trois jours auparavant la France venait d’adopter au Sénat une proposition de loi pour « réduire l’impact environnemental de l’industrie textile » – texte notifié par le gouvernement à la Commission européenne avant son passage à l’Assemblée nationale (2). Donald Tang avait tourné en dérision les attaques dont Shein est la cible : « Il y a vingt ans, le diable avait l’habitude de porter du Prada, mais maintenant, il commence à porter du Shein », plaisanta-t-il alors (3). Mais l’ouverture controversée le 5 novembre du premier magasin permanent de Shein – à Paris au sein du BHV avec son portrait en devanture (4), et sur fond d’accusation de vente en ligne de poupées pédopornographiques et d’armes (5) – l’a remis en France sous le feu des projecteurs.

Son rêve hollywoodien sino-américain
A 62 ans, Donald Tang – né Tang Xiangqian à Shanghai de parents chinois universitaires – a fait du chemin depuis (suite) qu’il a, en 1982, émigré à l’âge de 18 ans aux Etats-Unis pour suivre sa petite amie Jean qu’il a ensuite épousée. Après des études de génie chimique à l’Université Polytechnique de l’Etat de Californie à Pomona, le jeune Chinois – devenu citoyen américain en 1985 – a raconté qu’il a commencé à boursicoter au jour le jour (day trading) avec le salaire de sa femme, avant de débuter une carrière dans la finance au sein des banques d’investissement Merrill Lynch (rachetée par Bank of America) et Lehman Brothers (disparue avec la crise des subprimes). Puis, à partir de 1992, il passera quinze ans dans une autre banque américaine, Bear Stearns (6), dont il sera le président de la filiale asiatique à Hong Kong.
Parmi ses réalisations financières, Donald Tang a conseillé l’opérateur télécoms China Mobile et sa scission intervenue en 2002, d’une part, et a été cogestionnaire de la première introduction en Bourse de China Telecom la même année, d’autre part. Des télécoms aux contenus, il y a qu’un pas. Le premier fait d’arme de Donald Tang dans ce domaine intervient en 2012 lorsqu’il a facilité l’acquisition de l’américain AMC Entertainment Holdings, le plus grand circuit de salles de cinéma au monde, par le conglomérat chinois Wanda (alias Dalian Wanda) pour 2,6 milliards de dollars. Il est alors convaincu que les relations sino-américaines doivent passer par un renforcement des échanges culturels et médiatiques entre les deux plus grandes puissances économiques mondiales. Il fut d’ailleurs membre du bureau des conseillers de l’école de communication et de journalisme USC Annenberg, de 2007 à 2012, à l’Université de Californie du Sud.
Donald Tang va poursuivre dans ce sens en créant il y a dix ans – en 2015 – sa propre holding baptisée Tang Media Productions (TMP), basée à Los Angeles et à Shanghai. Le géant chinois Tencent fait partie de ses soutiens financiers aux côtés notamment de China Media Capital et de Sequoia Capital. C’est ainsi qu’il acquiert une participation majoritaire dans IM Global, une société américaine de production cinématographique et télévisuelle indépendante. Puis il a annoncé un partenariat entre IM Global et Tencent pour créer une coentreprise de production télévisuelle appelée IM Global TV. C’est alors la première fois que Tencent se lance dans la production télévisuelle américaine (7), qui, dans ses opérations chinoises, est partenaire de ESPN et de National Geographic. IM Global TV crée en outre une co-entreprise avec l’indien Reliance, baptisée IM Global Music, placée sous la houlette de David Schulhof (ex-Miramax et BMG). Parallèlement, Donald Tang entre pour trois ans au conseil d’administration du groupe de presse Tribune Publishing (éditeur notamment des quotidien Chicago Tribune et Orlando Sentinel). Puis en août 2017, TMP fait l’acquisition de Open Road Films, société américaine de production et de distribution de films, de télévision et de production musicale. Dans la foulée, il fusionne alors les deux sociétés (IM Global et Open Road Films) pour créer Global Road Entertainment le 30 octobre 2017.
Donald Tang se voit déjà comme magnat de l’audiovisuel capable de rapprocher Hollywood de l’Empire du Milieu et vice-versa, avec l’objectif alors d’investir 1 milliard de dollars sur trois ans dans des productions cinématographiques et télévisuelles, en langues américaine et chinoise. Objectif : 15 productions et distributions par an environ. Le « studio » Global Road produit des films tels que « Serenity » et « Richard Says Goodbye » (avec Johnny Depp) ou encore « I Think We’re Alone Now », tout en en distribuant tels que « Midnight Sun » (avec le fils d’Arnold Schwarzenegger, Patrick), « Show Dogs », « The Silence », « Hotel Artemis » (avec Jodie Foster) ou encore « Honest Thief ». Un accord de co- production avec la société de production française Newen Studios, fondée par Fabrice Larue (8), est même conclu en mai 2018 mais sans résultat (9). Donald Tang investit aussi dans la télévision, d’abord via IM Global TV (avec Tencent) puis par Global Road, pour proposer des contenus aux télévisions par câble et aux plateformes de SVOD (fictions, émission de télé-réalité avec « Fridge Wars », …).

Faillite de Global Road Entertainment
Mais le rêve hollywoodien de Donald Tang va vite se retrouver face au mur de l’argent en 2018, n’ayant pu lever les 200 millions de dollars nécessaires pour ses films destinés aux marchés américain et chinois. A cela se sont ajoutés l’échec au box-office du film « A.X.L » et la mise en stand-by de « City of Lies ». Dans ce contexte d’insolvabilité, les créanciers Bank of America et East West Bank, ont alors évincé Donald Tang de la direction de Global Road Entertainment pour en prendre le contrôle. Cela a entraîné le renvoi d’une cinquantaine d’employés. L’entreprise a déposé le bilan en septembre 2018 et a été liquidée en novembre 2019, après la vente de ses actifs. Moins de deux ans après, Donald Tang rebondissait chez Shein pour se retrouver aujourd’hui en pleine tempête. Il a demandé à être reçu par le ministère français de l’Economie. @

Charles de Laubier

Le modèle artist centric ne change pas grand-chose

En fait. Le 31 octobre, le musicien Denis Levaillant a appelé à « une réforme profonde du modèle économique du streaming » et a estimé que « le modèle “artist centric” ne changera pas grand-chose ». Il l’a dit dans un entretien au Bulletin des auteurs du Syndicat national des auteurs et des compositeurs (Snac).

En clair. La toute première répartition de la rémunération des musiciens et ayants droits selon le modèle dit « artist centric » est intervenue le 6 octobre, dans le cadre de l’accord passé en février 2025 entre la Sacem – Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique – et Deezer, la plateforme française de streaming musical. La promesse du modèle artist centric est de pondérer la valeur des streams en fonction de différents critères, afin de permettre une répartition des droits plus équitable que le modèle historique dit market centric où chaque streama la même valeur sans distinction et où les royalties sont calculées au prorata des écoutes totales (1).
Les critères de l’artist centric, du moins dans l’accord SacemDeezer, sont notamment et a priori une meilleure valorisation des artistes « professionnels » (pas d’IA) qui atteignent 1.000 streams mensuels issus de 500 utilisateurs uniques (tous titres de l’artiste confondus), et une meilleure rémunération des streams dits « actifs » car – contrairement aux streams dits « passifs » – ils correspondent à une écoute obtenue par (suite) une recherche précise de titre ou d’album, ou par une playlist personnalisée. Mais pour cette première répartition des droits, portant sur le 1er semestre 2025, seules les écoutes payantes réalisées en France sont comptabilisées. « Des discussions sont en cours pour étendre ce modèle à d’autres territoires et à d’autres plateformes », indique la Sacem (2).
Mais pour le musicien Denis Levaillant, compositeur, pianiste et auteur, le compte n’y est pas : « Cet accord [Sacem-Deezer] ne s’attaque pas du tout au nœud du problème : la répartition aujourd’hui n’est pas égalitaire. Etant calculée au prorata global du nombre de streams, elle favorise les artistes les plus en vue. […] Et cela ne changera pas car le plafond défini de 1.000 streamsmensuels pour un titre avec 500 abonnés différents est extrêmement élevé et éliminera beaucoup de monde ».
Pour celui qui fut président de la Fédération de la composition Musique de création (FC-MC) de 2021 à 2024, « il semble donc bien que ce modèle “artist centric” va donner au final plus aux plus gros et moins aux petits, et ne changera pas grand-chose au matraquage des genres mainstream ». Denis Levaillant prône donc une réforme du streaming musical selon trois pistes : « la rémunération à la seconde (3), le prix unique (4), et la séparation du classique et de la pop (5) ». @

L’Europe n’en a pas terminé avec le « Chat Control »

En fait. Le 31 octobre, la présidence danoise de l’UE a retiré le projet controversé d’obliger de surveiller les conversations des messageries cryptées telles que WhatsApp, Telegram ou Signal pour lutter contre la pédopornographie. Mais la Pologne, à partir du 1er janvier 2026, pourrait réintroduire ce « Chat Control ».

En clair. Ce n’est que partie remise… pour 2026. Bien que la présidence danoise de l’Union européenne (UE) ait annoncé le 31 octobre le retrait de l’obligation – pour les éditeurs de messageries cryptées – de surveiller les conversations de leurs millions d’utilisateurs européens dans le cadre de la lutte contre les contenus d’abus sexuels sur enfants, cela ne signifie pas que l’obligation du « Chat Control » (contrôle du chat) soit abandonnée pour autant. Car la Pologne, bien qu’hostile à l’obligation de « décryptage du cryptage », va prendre à partir du 1er janvier 2026 la présidence tournante de l’UE et va être soumise à de fortes pressions en faveur d’une surveillance obligatoire des WhatsApp, Telegram et autres Signal. Gmail de Google et Messenger de Facebook sont aussi parmi les messageries concernées. Pour l’heure, et jusqu’à l’échéance du 3 avril prochain (1), le « scanning » des contenus et conversations en ligne n’est pas obligatoire pour les éditeurs de ces plateformes.
Un règlement européen de 2021, parfois surnommé « Derogation ePrivacy », a instauré une « dérogation temporaire » à la directive « ePrivacy » de 2022 pour « permettre » aux plateformes de messageries instantanées d’utiliser des technologies de « scanning » (traduit en français par « examiner ») de tous les contenus des conversations, données à caractère personnel et autres données, afin de « lutte[r] contre les abus sexuels commis contre des enfants en ligne » ((2). Cette dérogation basée actuellement sur le volontariat, devait durer (suite) jusqu’au 3 août 2024, mais l’an dernier le Parlement européen a prorogé cette mesure provisoire jusqu’au 3 avril 2026 (3). Et ce, le temps de trouver un compromis sur le projet de règlement « Combattre les abus sexuels sur les enfants en ligne » (dite régulation CSAM, pour Child Sexual Abuse Material).
Le point de blocage de ce texte était de rendre le « contrôle du chat » obligatoire (c’est-à-dire l’instauration d’une surveillance de toutes les conversations en scannantles messageries malgré leur chiffrement de bout en bout supposé inviolable), contre lequel se sont opposées l’Allemagne et… la Pologne, ainsi que sept autres Etats membres. Mais des vents contraires sont attendus sur la Pologne d’ici au 3 avril 2026. D’autant que le texte « CSAM », lui, poursuit sa procédure législative (4). La France, elle, est pour l’obligation de « Chat Control » avec une dizaine d’autres pays européens. Au risque de violer la vie privée. @

Molotov TV, Canal TV+, Free TV, … La bataille des agrégateurs TV se corse sous l’œil du régulateur

Près de dix ans après le lancement de Molotov TV et un an et demi après celui de TV+ par Canal+, les opérateurs télécoms – agrégateurs TV via leurs « box » depuis les années 2000 – étoffent leur « bouquet » pour éviter que leurs clients n’aillent voir ailleurs, et conquérir des non-abonnés.

La bataille des agrégateurs TV bouscule le PAF – ce paysage audiovisuel français qui n’en finit pas de se délinéariser en streaming, bien loin des fréquences hertziennes de la TNT dont l’audience décline (1). La plateforme française Molotov TV, créée il y a près de dix ans, et rachetée en novembre 2021 par l’américain FuboTV, et celle lancée il y a un an et demi par le groupe Canal+ sous le nom de TV+ voient monter en puissance leur rival Oqee tout juste rebaptisé Free TV en octobre à l’occasion d’une transformation radicale.

Agrégateurs TV en streaming pour tous
L’opérateur télécoms de Xavier Niel (photo), via sa filiale méconnue Trax, élargit son offre de diffusion de chaînes de télévision et pour la première fois au-delà de sa Freebox. Cette stratégie d’agrégateur TV intégrant des chaînes de la TNT dans une offre accessible à tous – gratuitement et/ou en payant – était jusqu’alors l’apanage de la plateforme pionnière Molotov TV (2) et plus récemment de TV+ lancé en mai 2024 par Canal+. Désormais, il faut compter avec le « nouvel entrant » sur ce marché dit de l’OTT TV (Over-The-Top Television) : Free TV, plateforme opérée par Trax, filiale d’Iliad qui éditait déjà l’application Oqee. Contrairement à Orange TV, B.tv de Bouygues Telecom et SFR TV, qui limitent leur « bouquet » de télévision à leurs seuls abonnés de leur « box », Free TV vient concurrencer frontalement Molotov TV et Canal TV+ en s’adressant à tous publics. Cette offre TV, « sans engagement, sans abonnement et accessible à tous les Français […] abonnés Free ou non », est présentée par Free comme « la plus grande offre TV gratuite de France », en nombre de chaînes incluant TNT et chaînes thématiques en langue française, et pour regarder librement la télévision sur un smartphone, une tablette ou un téléviseur connecté.
Et Iliad via Trax (suite) frappe fort sur ce marché de l’OTT TV gratuite : plus de 170 chaînes, dont 16 de la TNT – y compris les nouvelles T18 (groupe CMI) et Novo19 (Ouest-France) qui ont remplacé cette année C8 et NRJ 12 – mais cependant pas TF1 ni M6, ni même TF1 Séries Films, LCI, TFX, TMC, W9, 6ter ni Gulli. On y trouve en outre des milliers de programmes en replay, le catalogue « Free Ciné » (500 films et 1.000 épisodes de séries), le tout avec les fonctionnalités de contrôle du direct (pause) et de start-over (retour au début). C’est gratuit, que l’on soit abonné à Free ou non. Une option payante, Free TV+ (0,99 euro/mois pendant un an, puis de 5,99 euros/mois pour les non-Freebox), mais incluse pour les abonnés Freebox et 5G), propose encore plus de chaînes, cette fois avec TF1, LCI, TF1 Séries Films, M6, 6ter et Gulli, ainsi que des fonctionnalités supplémentaires. « Regarder la télé, en 2025, c’est une galère : faut télécharger une app pour chaque chaîne, se créer un compte sur chaque app de chaque chaîne… On a décidé de changer tout ça. Maintenant, la télé, c’est simple. Maintenant, la télé, c’est Free », a lancé son fondateur Xavier Niel, cité dans le communiqué du 21 octobre (3).
Cette sortie n’a pas été du goût des groupes privé TF1 et public France Télévisions, qui, le 27 octobre, ont reproché à Free de « repren[dre] leurs chaînes et leurs contenus de streaming, sans concertation préalable, afin de garantir […] des conditions de monétisation appropriées ». Et d’en appeler à l’Arcom et aux pouvoirs publics pour « examiner avec la plus grande attention cette initiative qui déstabilise l’ensemble de l’écosystème » (4). Le groupe M6, lui, n’a dit mot car il a signé en avril 2018 un « accord de distribution global » avec Free (5), soit sept ans avant le lancement de Free TV+. Quant à la chaîne Canal+ en clair, elle est absente de toutes les plateformes d’agrégation TV à part de son offre TV+, d’autant que le groupe Canal+ s’est entièrement retiré de la TNT, même en clair, depuis le 6 juin 2025. Quant aux américain Pluto TV (Paramount), sud-coréen Samsung TV Plus et japonais Rakuten TV, ils n’ont pas vocation, eux, à reprendre les chaînes de la TNT car ces agrégateurs OTT TV misent plutôt sur des chaînes gratuites créées en ligne et financées par de la publicité (Fast (6)).

Des contrats qui échappent à la régulation
Pour les opérateurs télécoms, comme pour Molotov TV et TV+ de Canal, des accords de rémunération et/ou de partage de la publicité sont censés être noués avec les chaînes de la TNT qui sont reprises dans leurs bouquets. Encore faut-il qu’il y ait un contrat, ce qui n’a pas été le cas pour Free TV avec ni TF1 ni France Télévisions. TF1 n’en est pas à son premier différend avec les « box » (7) ou avec Molotov TV (8). Pour les chaînes publiques de France Télévisions, la question du must offer se pose. Quoi qu’il en soit, la reprise des chaînes par les agrégateurs TV et les « telcos » soulève depuis des années de sempiternelles querelles entre éditeurs et distributeurs (9) (*) (**), ce qui relève plus du tribunal de commerce que de la régulation. @

Charles de Laubier